Opinions of Monday, 25 April 2016

Auteur: 237online.com

La terre ne ment pas !

« Travaillez, prenez de la peine. C’est le fonds qui manque le moins... ».
Le rappel de ces deux premiers vers de la fable de Jean La Fontaine intitulée « Le laboureur et ses enfants » éveillera peut-être quelque nostalgique souvenir à tous ceux qui l’ont apprise par cœur et récitée de gré ou de force dans les classes de cours moyens I et II des écoles primaires francophones lors des premières années de l’indépendance du Cameroun ou bien au-delà.

Trêve de nostalgie ! Car, la leçon de la fable est éternelle.

Bêchez, remuez la terre, un trésor est caché dedans : le travail est un trésor. De nombreuses familles camerounaises pratiquent la leçon. Non pas seulement celles des zones rurales ou celles qui mettent en oeuvre l’agriculture extensive dans leurs villages d’origine ou en d’autres lieux de leur choix.

Mais aussi celles qui bêchent la terre, font de l’élevage en milieu urbain ou péri-urbain, quelle que soit la superficie, à l’intérieur de leurs concessions ou sur un espace loué. Sous la houlette du chef de famille, le papa ou la maman le cas échéant, avec le concours des enfants, la terre est cultivée. Le temps des week-ends est mi à profit, particulièrement depuis l’instauration de la journée continue intervenue il y a une vingtaine d’années.

Et, selon les saisons, les zones agricoles et les habitudes alimentaires, le maïs, le haricot, le manioc, la patate ... sont semés. Le champ est entretenu. Le moment venu, la récolte fait la joie de la famille concernée.

Les fruits du travail sont disponibles pour la ration alimentaire dont la qualité est souvent améliorée de façon notoire. Le coût du panier de la ménagère peut s’alléger. 237online.com En cas d’excédents de récoltes, le surplus est parfois revendu sur le marché local, apportant ainsi quelque revenu supplémentaire au foyer. Il en va de même du petit élevage de poulets, de lapins...

Certes, l’on ne saurait passer sous silence que cette agriculture urbaine est l’objet de controverses. Elle a, dans certaines grandes cités nationales, fait l’objet d’interdiction formelle. Car, mal encadrée dans le contexte urbain, elle entraîne des nuisances pour le voisinage, pour l’environnement urbain.

Elle peut polluer l’eau là où les populations se ravitaillent grâce aux puits. Mais certains spécialistes font observer que l’agriculture urbaine, bien canalisée et maîtrisée, se pratique sous d’autres cieux avec bonheur, même dans les mégalopoles occidentales.

Cependant, au-delà des aspects pratiques évoqués, cet exercice de l’agriculture urbaine et péri-urbaine peut s’avérer d’une pédagogie agricole importante. D’abord, comme le souligne le président Paul Biya dont l’attachement à l’agriculture est, pourrait-on dire, ombilical, « la terre ne ment pas ». Sous diverses formulations, de nombreux proverbes de différentes langues nationales expriment effectivement la réalité suivante : le champ donne toujours quelque chose à manger au cultivateur, même sur un sol quelque peu aride.

Le temps de la récolte arrivé, celui qui a semé ne rentre jamais bredouille de son champ. Ensuite la pratique de l’agriculture, même à la plus petite échelle, particulièrement en milieu urbain où elle n’est pas répandue, fait acquérir aux jeunes des rudiments techniques, sans doute empiriques mais utiles, pour cultiver la terre ou élever des poulets voire des porcs.

Lors des séances de travail manuel au sein des établissements scolaires, des encadreurs ont pu relever que nombre d’élèves ne savent pas utiliser une houe ou une machette ! Enfin, cet exercice de pédagogie agricole est de nature à susciter, à cultiver et à entretenir l’amour du travail de la terre chez les jeunes. Et, pourquoi pas, à éveiller des vocations dans les métiers de l’agriculture.