Opinions of Monday, 30 November 2015

Auteur: carmer.be

Laurent Nkodo et les glacières d?argent

Le sénateur et son épouse sont accusés d’avoir commandité un assassinat pour une affaire de milliards. L’ex-Dg des Impôts nie en bloc.

Le petit village d’Ofumbi, arrondissement d’Akono, département de la Mefou et Akono, région du Centre a vécu durant les mois de juin et juillet derniers, quelques évènements qui l’ont fait sortir de son anonymat. Barnabé Toussaint Owona a été retrouvé inerte pas loin de son domicile, un après-midi. Selon des témoignages, le bruit d’une présence aux alentours de son domicile, et qui l’amène à une inspection, lui sera fatale. Ni les appels de son épouse, encore moins de son fils ne réussi ront à le sauver de la main de ses bourreaux qui jusqu’à ce jour courent toujours. Son épouse, son fils et sa belle-mère sont en détention à la prison de Ngoumou au motif  de complicité d’assassinat sur sa personne.

Le village Ofumbi, nom qui signifie en langue Beti « Orange », a la chance de connaitre parmi ses fils, un haut commis de l’Etat, aujourd’hui sénateur, Laurent Nkodo. Les tragiques  évènements qui s’y sont déroulés ces derniers temps ont eu la particularité de ne pas l’épargner, et l’une des accusées, en occurrence la belle-mère, indexe l’ancien directeur général des impôts. Elle le tient pour principal responsable de la situation qu’elle traverse. Pour celle que nous appellerons Mama Christine (pour des raisons de confidentialité), par ailleurs belle-sœur de Laurent Nkodo, tout commence, selon elle, en 2005. Le Dg des impôts à cette période lui confie (à travers son épouse) des quantités importantes d’argent (des milliards) à garder dans des glacières, dans un marécage. De part la confiance et le respect qui prévalent entre eux, elle s’acquitte de cette tâche avec dévouement. D’autant plus que son beau-frère lui marque une attention particulière, qui d’ailleurs au village ne lui vaut pas que des amitiés.

Mais en juin 2015, elle est victime d’un coup de vol impliquant des jeunes gens venus de la ville de Mbalmayo. Ceux-ci, entre autres objets, emporte une somme importante d’argent (200 millions Fcfa, selon la gendarmerie) qu’elle gardait chez elle, dans un coin de sa vente à emporter, spécialement aménagé par son « beau », Barnabé Owona, qui l’a convaincu entre-temps de sortir le pactole que lui aurait confié Mme Nkodo, du marécage. Les mêmes malfrats reviendront quelques jours plus tard, cette fois chez son beau-fils, aux mêmes fins. Mais leur aventure tourne court, car ils sont rattrapés par les villageois. L’enquête de gendarmerie engagée au premier forfait, permet de récupérer le butin, en l’occurrence les 200 millions.

Un récit que le sénateur réfute. Laurent Nkodo est catégorique : « Je n’ai jamais confié une quelconque somme d’argent à ma belle-sœur, pour qu’elle en soit la gardienne. Ni moi, ni mon épouse ne sommes mêlés à tout ce qui se passe ». Un démenti qui tranche net avec les dires de Mama Christine, pour qui l’assassinat de son beau-fils viendrait du fait qu’on a voulu effacer les traces des sommes d’argent dont elle a eu la charge, et qu’elle a la vie sauve aujourd’hui grâce au voyage qu’elle avait effectué le jour de l’expédition punitive chez elle. Barnabé Owona n’est qu’une victime collatérale, soutient-elle.

Laurent Nkodo affirme à ce propos qu’il n’était pas au Cameroun au moment des faits. L’enquête qui aboutit à l’incarcération de tous ces suspects est une suite logique de l’action engagée par la gendarmerie. Madame Owona, ainsi que son fils sont sous les verrous pour des rôles qu’ils auraient joués ce fameux jour où, Barnabé Owona a été retrouvé attaché par un drap de son lit, des chutes de tissu de l’atelier de couture de sa femme pleines la bouche. La présumée complice aurait dit à son fils ce jour, « rentre à l’intérieur, ce n’est pas toi qu’on cherche ». Toutefois, pour Laurent Nkodo, le fait de lui attribuer personnellement ces évènements tragiques révèle son « dynamisme politique » qui, selon lui, déplaît à certains de ses frères du village qui voient en lui et son épouse (censeur du lycée général Leclerc et présidente de section Ofrdpc), des adversaires à abattre.

« Ce sont des manœuvres destinées à m’ébranler psychologiquement et je me demande bien ce que ces gens recherchent. Je ne suis pas à la chasse des postes. Je me sens bien au Sénat.  J’ai posé des actes en faveur de la jeunesse de chez moi qui me le rend bien, et aujourd’hui, mon épouse en récolte les fruits sur le plan politique ». M. Nkodo poursuit : « J’ai rendu des services en tant que haut fonctionnaire, avec tout le dévouement. J’aspire aujourd’hui à une retraite paisible et bien méritée, en m’occupant de mes plantations. Toutes ces luttes et ces bagarres qui visent à ternir mon image ne m’intéressent pas », conclut le sénateur. Les enquêtes en cours, menées par la compagnie de gendarmerie de Ngoumou, permettront sûrement aux populations d’Ofumbi d’être édifiées sur cette affaire.