Dans une tribune publiée ce vendredi 27 mai 2022, l’avocat et analyste politique Me Amedee Dimitri Touko Tom a officiellement « mis en vente le Cameroun ». Me Touko Tom cite un certain nombre de faits qui prouvent que tout au Cameroun, surtout les terres sont bradées. Analyse.
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"Le Cameroun est en vente. J’essaye vainement de comprendre en quoi l’utilité publique d'un établissement HÔTELIER de fonds américains peut prévaloir sur l'ancrage géographique, culturel, spirituel ou historique d'un Peuple, et en l'occurrence, du Peuple DOUALA, sur une partie de son territoire.
Cette « utilité publique » qui spolie, déracine, désorganise, précarise sans relogement une communauté, procède de la SAUVAGERIE POLITIQUE de gouvernants pour lesquels, tout se vend, tout s’achète y compris des suffrages. Malgré tous mes efforts, parfois surhumains, j'ai du mal à m'expliquer une telle forfaiture, de la part de ceux qui prétendent nous gouverner. Nous avons frauduleusement à la tête du Cameroun des dirigeants illégitimes pour qui ce qui est beau, ce qui a de la valeur est à l’image de ce miteux hôtel de verre de Genève où Paul BIYA paye une fortune pour le banal et narcissique plaisir de se voir dans une glace.
Il ne connaît rien de la pierre, ne comprend pas le langage de ces pierres qui ont résisté au temps, de ces pierres qui se sont laissées dompter par l’homme et qui désormais gardent le secret de cette civilisation qui l’a modelée. Il est profondément ignorant des trésors des temples du Ngondo, du Lah Kam ou d'autres valeurs sacrées qui confèrent leurs lettres de noblesse à ces civilisations millénaires…
Pour ce fils de catéchiste, l’histoire commence par l’arrivée du colon Blanc, du christianisme, et son devenir s’est construit dans les cercles initiatiques occidentaux : Rose-Croix, Franc-Maçonnerie… C’est pourquoi, pour ses préposés et lui, DIKOLO ce n’est que des terres ou des terrains, et non un terroir. Tout pour lui est donc essentiellement convertible en argent.
LA COMPLICITE HISTORIQUE ET POLITIQUE DES POPULATIONS « AUTOCHTONES DOUALA »
Face à ce qui apparaît comme une injustice, des populations se réclamant pour l’essentiel de l’entité culturelle DOUALA ont entrepris, à travers des manifestations publiques, d’exprimer leur indignation et leur rejet de ce deal ayant conduit à l’aliénation de ce qui, pour elles, est leur antre.
Cette manifestation tolérée, voire encadrée, dans un pays où cette forme d’expression de liberté est un crime qui vaut à de nombreux citoyens d’être condamnés et incarcérés pendant plusieurs années est pleine d’enseignements :
- LAISSER BAVARDER POUR DÉSAMORCER LA COLÈRE
Un adage bien connu chez nous dit : « On ne peut pas taper sur un enfant et l’empêcher de pleurer ». La tolérance de ces manifestations pour les gouvernants vise à donner un exutoire à ce peuple en colère, une occasion de pleurer, de bavarder, de se fatiguer aussi… car la colère qui se rumine dans l’intimité des familles n’est ni définissable, ni maitrisable.
Pour les dirigeants Camerounais, cette « autorisation » de manifester permet également de prendre le pouls et en même temps de démontrer aux manifestants qu’ils ne valent rien par leur nombre et donc par leur poids politique et que de ce fait, ils constateront par eux-mêmes qu’ils n’ont aucune chance d’inverser le cours des choses.
« LES DOUALAS NE FONT PAS LA POLITIQUE… » Me YONDO BLACK
Je reprends à mon compte cette affirmation du patriarche et vénéré, Maître YONDO BLACK qui, constatant pour le regretter que le Grand Peuple Douala dont il est originaire et dont l’exaltante histoire fait la fierté du Cameroun tout entier, est aujourd’hui réduit à n’être aux mains du régime despotique de Yaoundé, qu’un appendice, une variable tribale dans le dispositif ayant permis l’atomisation du Cameroun.
A l’observation, on est enclin à penser que pour ce Peuple qui apparaît comme politiquement réduit, laminé, conjurer leur dilution dans une ville devenue par excellence cosmopolite, est au-dessus de tout, y compris du changement tant espéré par l’écrasante majorité des Camerounais. La destruction d’un monument en construction en hommage à RUBEN UM NYOBE est dans cet ordre d’idées un marqueur historique à prendre très au sérieux. Désormais, les expressions collectives du Peuple DOUALA, semblent parasitées par des velléités xénophobes.
- LA TOLERANCE DE LA MANIFESTATION EST LA PREUVE DE L’IMPUISSANCE DU PEUPLE DOUALA
Le régime BIYA sait pertinemment qu’une manifestation sous le sceau de l’ethnie, initiée par le peuple DOUALA, n’a pas beaucoup de chance d’agréger les Camerounais parce qu’il a tout fait pour désarmer politiquement ce Peuple qui se trouve aujourd’hui sans ressources politiques.
Je ne suis pas sûr qu’une telle manifestation initiée par les BASSAS, des BAMILEKES, des TOUPOURI ou les ANGLOPHONES …aurait bénéficié du même traitement, simplement parce qu’on sait que la transversalité de leur positionnement politique amènerait la dictature BIYA à l’interdire, a priori.
D’ailleurs, savamment, le régime despotique du Cameroun a trouvé le moyen de pourrir les revendications légitimes de ces populations déguerpies, en injectant chez les manifestants l’idée selon laquelle c’est un élément de ce Peuple qualifié « d’envahisseur » qui a arraché les terres. Ces éléments infiltrés du régime dans les rangs des manifestants travaillent à rendre moins sympathique la cause et surtout à dresser une partie du Peuple contre elle et donc de l’affaiblir…L'art du <
On désigne le bouc émissaire, coupable historique du malheur des DOUALAS. On donne aux pauvres populations sauvagement déguerpies un coupable contre lequel elles ne peuvent rien faire d’autre que de décupler leurs rancœurs par ailleurs exprimées en d'autres circonstances. On enterre ainsi des revendications légitimes en donnant à la panthère qui chasse une antilope, du porc-épic qu’elle ne peut dévorer du fait de ses épines.
Voilà comment le régime pitoyable BIYA a réussi, pendant 40 ans, à occulter toute sa responsabilité dans la précarisation d'un peuple contre lequel une véritable industrie de l’anéantissement a été mise en marche. La marginalisation du Makossa est dans cet ordre d’idées un autre marqueur.
L'establishment BIYA est le seul et unique responsable, avec, au demeurant, la complicité active des élites « AUTOCHTONES DOUALA ».
On a le choix donc : soit on se libère ensemble, soit le dictateur impénitent Paul BIYA continuera ainsi de manipuler les matériaux fissiles de l’ethnicité pour se maintenir au pouvoir contre tous. La dictature n’a pas d’amis n’est-ce pas Marlyse DOUALA BELL ?"