Opinions of Wednesday, 16 March 2016

Auteur: Vivien Tonfack

Le Cameroun pêche dans l’exploitation de ses ressources

Depuis 2013, des chercheurs des Universités de Dschang et de Douala, ont mené des travaux axés sur les nouvelles «connexions villes-campagnes en Afrique au Sud du Sahara», dans le cadre du projet Rurban Africa financé par l’Union Européenne.

Après trois années de travaux sur le terrain, ces experts se sont retrouvés le 10 mars dernier à Bafoussam, lors d’un atelier au cours duquel, les résultats des recherches ont été présentés et discutés. Selon le professeur Maurice Tsalefack, l’un des constats ayant contribué à la mise en œuvre de ce projet, est que le Cameroun n’optimise pas suffisamment ses ressources aussi bien naturelles qu’humaines, pour son développement. «Depuis un certain nom nombre d’années, notre pays vit dans une sorte de pauvreté inexpliquée, alors que nous disposons énormément de richesses naturelles et de potentiel humain», reconnait-il.

Le doyen de la Faculté des Lettres et des Sciences humaines (Flsh) de l’Université de Dschang, pense qu’il était alors urgent d’étudier ce phénomène. D’autant plus renseigne-t-il, que le taux d’accroissement de la population urbaine au Cameroun, a franchi un seuil exceptionnel dans le monde. «Alors que la population des villes s’accroit, on constate que le monde rural sur lequel repose l’essentiel de notre économie s’appauvrit», relève ce géographe. Il est donc important tranche-t-il que le Cameroun qui aspire devenir un pays émergent à partir de l’agriculture, prenne en compte les liens entre les transformations rurales, la mobilité et les processus d’urbanisation.

Surtout que, appuie le professeur Martin Kuété, coordonnateur du projet, l’idée selon laquelle, les mouvements migratoires des personnes vers les zones urbaines, avaient essentiellement les conséquences négatives, est désormais désuets. « Il était admis que les migrations en termes économiques, sont négatives. Rurban Africa, prend cette assertion à contre-pied ; en disant que bien gérées, les mobilités sur les courtes distances apportent des revenus et contribuent au bien-être des populations des villages où s’opèrent les mobilités et les migrations », souligne-t-il. S’appuyant en effet, sur les transferts d’argent qui contribue selon lui, à la constitution du budget des ménages en zone rurale.

Projet de recherche qui questionne les nouvelles « connexions villes-campagnes » en Afrique au Sud du Sahara, Rurban Africa entend aider les décideurs à optimiser la planification du développement et à améliorer les politiques publiques relatives aux dynamiques rurales et urbaines. Impliquant 15 universités au monde dont 10 en Afrique, ce projet a pour point focal au Cameroun, l’université de Dschang. Outre les chercheurs de cette université, ceux de Douala ont contribué à sa mise en œuvre. Et les recherches se sont faites dans les villes de Douala et Bafoussam comme espaces urbains ; les versants des monts Bamboutos, la plaine du Noun et le couloir du Moungo comme milieux ruraux.