Les réseaux sociaux aidant, les images ont fait le tour du monde, contribuant à maculer davantage l’image du Cameroun sur la scène internationale.
Les tentatives de dédramatisation des inondations survenues le week-end dernier à Douala par certaines autorités, qui, comme le ministre du Développement urbain et de l’Habitat (dans la dernière livraison du journal L’Action), invoquent les « changements climatiques, qui provoquent des ravages un peu partout dans le monde, en termes de cyclones, tempêtes et autres ouragans » n’ont aucune chance d’opérer.
Le drame survenu à Douala tient moins à des causes naturelles qu’à la corruption, l’imprévision et le laxisme qui ont littéralement pris en otage les pouvoirs publics au Cameroun. Et qui enfoncent le pays, dans différents secteurs, dans les abîmes.
Lorsque les services de l’Etat pointent du doigt « l’incivisme des populations, qui construisent de manière anarchique sur le lit des drains, le remblayage et l’occupation des sites marécageux impropres à la construction, l’utilisation des drains comme dépotoirs d’immondices, déchets ménagers et détritus de toutes sortes », ils oublient ou feignent d’oublier que c’est l’Etat qui délivrent les titres fonciers et permis de bâtir frauduleux, c’est l’Etat qui a le « monopole de la violence légitime », pour déguerpir ceux qui s’accrochent, souvent désespérément, sur les zones à risques, c’est l’Etat qui doit permettre aux citoyens de disposer d’un logement décent, etc.
La démarche qui consiste, pour le gouvernement, ministres, autorités administratives et délégué du gouvernement, à verser des larmes de crocodiles à chaque catastrophe, à prendre des mesures cosmétiques pour faire bonne figure ou à dresser le catalogue de bonnes intentions, alors que des pertes humaines et d’énormes dégâts matériels sont déjà enregistrés, procède d’une gouvernance attentiste et dilettante.
De même, dire que « les lacunes d’aménagement urbain ne sont pas les causes des inondations à Douala », c’est tenter de faire prévaloir un argument paresseux, car en même temps, le ministre Jean Claude Mbwentchou reconnaît que « des efforts accrus et soutenus doivent logiquement être déployés en termes d’investissements pour aménager encore plus de drains d’évacuation des eaux pluviales et assainir les zones susceptibles d’inondations, sans négliger les autres mesures d’accompagnement nécessaires ».
Au demeurant, force est de constater que la planification urbaine et d’assainissement font encore gravement défaut dans plusieurs villes camerounaises, notamment les principales, Yaoundé et Douala.
Les inondations qui ont plongé la capitale économique dans le désarroi et la désolation doivent servir de prétexte à la prise de mesures urgentes et robustes, et non à de nouveaux discours enflammés et sans lendemains. Le peuple d’en bas en a soupé ! Hélas, seule la gestion- sur la défensive- de cette crise par le gouvernement, est déjà un indicateur suffisant pour faire accréditer la thèse selon laquelle les causes d’hier et d’aujourd’hui produiront les mêmes effets demain.