Opinions of Friday, 27 November 2015

Auteur: carmer.be

Le Lamido de Garoua est un griot

Nos médias gouvernementaux nous permettent d’avoir des informations « responsables» sur la vie de la nation, à consommer sans modération. C’est ainsi que mercredi 18 novembre dernier, à la fin du journal de 20 heures 30 de la Crtv-télé, les téléspectateurs du Cameroun et du monde (la Crtv est sur satellite) ont suivi la lecture d’une curieuse «motion de déférence adressée au Président de la République par le lamido de Garoua», rédigée avec les «chefs traditionnels et les forces vives du lamidat de Garoua», a-t-on appris. 

Motifs: remercier le Chef de l’Etat Paul Biya «au lendemain de la désignation de Yérima Issa Hayatou à la présidence de la Fifa». Car c’est la «preuve de la bonne santé de la diplomatie camerounaise dans la sphère du football mondial». Pour lui donc, c’est grâce à Biya qu’Issa Hayatou est devenu président de la Fifa. 

Excès de griotisme ou élucubration d’un parfait ignorant ? En tout cas, ce genre de termes absurdes se retrouve dans les tonnes de motions de soutien déjà lues dans ce pays, au point que la puissante Dg de la Sopecam a pris le soin d’en faire des collections pour confectionner des encyclopédies (L’appel du peuple).

Qu’un politicien joue au griot, c’est certes ridicule, mais à la limite compréhensible au pays de la politique du ventre. Mais qu’un chef traditionnel et spirituel aussi puissant et inamovible, comme le lamido de Garoua, se lance dans un griotisme barbare, cela dépasse l’entendement. 

Bien sûr, comme Biya est le bon Dieu universel, c’est bien lui qui a créé et nommé Issa Hayatou à la Fifa. Le plus étonnant est qu’en dehors d’être le lamido de Garoua, Alim Garga Hayatou est bel et bien membre du gouvernement, c’est-à-dire qu’il a le niveau requis pour établir le discernement entre Fifa et Cameroun. Ce qui vient davantage compliquer la compréhension.

A quoi vont désormais s’occuper les griots du lamido dès lors que lui-même est devenu griot ?