Opinions of Monday, 31 August 2015

Auteur: Amélie Dita

Le calvaire des aveugles

Blaise D. Vêtu d’un ensemble bleu, et tenant en main un bâton, est stationné en bordure de route, depuis plus de 10 minutes. Il cherche à traverser la route pour aller vaquer à ses occupations.

Il zigzague Conducteurs de motos et véhicules ne cessent de circuler. «Si tu ne vois pas bien, il faut rester chez toi», lance un usager. Les klaxons fusent de toute part, Blaise lève la main gauche pour pouvoir traverser la route. «C’est comme ça que je souffre tous les jours, les automobilistes ont toujours cette habitude de vouloir me cogner et du coup je me sens frustré», désole Blaise.

Hermine n’est pas en reste. Jeune mère de deux enfants, se rend tous les jours au marché pour chercher de quoi approvisionner sa maison. Mais elle a souvent de la peine à se faire respecter à son passage. «Plusieurs fois quand je veux traverser la route, je tends ma canne blanche et lève ma main, les conducteurs refusent de s’arrêter pour me céder passage. Parfois même ce sont les usagers qui poussent ma canne afin de passer », désole Hermine. «Un jour j’ai été éclaboussée par un motocycliste, au lieu de s’excuser il m’a plutôt demandé de rester chez moi», poursuit-elle.

En effet, les handicapés visuels déplorent le mépris de la canne blanche, qui est considérée comme un moyen pour les aveugles de se repérer dans leur environnement spatial et faciliter leur déplacement, en évitant les obstacles. Elle est considérée comme, un objet de cécité afin d’indiquer leur handicap aux autres personnes, pour qu’elles soient plus vigilantes à leur égard, et faciliter également la communication.

« Nous sommes des personnes à part entières et non entièrement à part», désole prince Aimée, artiste musicien. Bien plus il fait savoir qu’au Cameroun, les usagers ne respectent pas la canne blanche, qui est pour les non-voyants un moyen de déplacement. Situation que déplorent également d’autres aveugles. «Au Cameroun nous souffrons énormément. Dans les normes les automobilistes sont contraints de s’arrêter pour laisser passer un aveugle, lorsqu’il lève sa canne blanche», désole Martin Kouang

Bien que ce soit un outil de locomotion pour les aveugles il n’est pas à leur portée« L’accès à la canne blanche est très difficile on en trouve pas dans le pays, c’est surtout les organismes internationaux qui nous les distribuent parfois, ce n’est pas facile d’en trouver et cela coûte cher, environ 15000Fcfa», déplore Paul Richard Ekindi.

La canne blanche a été inventée en 1921, par James BiGGS qui a perdu la vie à la suite d’un accident, et entend être plus visible des automobilistes dans le trafic routier. Les cannes blanches sont souvent pliantes ou télescopiques. C’est aussi un moyen de communication et de rapprochement avec les voyants «Nous voulons faire un brassage entre les handicapés visuels et les voyants, les exciter à tuer certains préjugés», déclare le président fondateur de l’association des aveugles «Ici et là-bas»