Nous avons pris connaissance avec une réelle satisfaction de vos déclarations au cours de votre tournée dans l’Extrême Nord du pays après les attentats de Mora, déclarations condamnant avec fermeté les détournements des primes des soldats du Front et annonçant aux officiers qui continueraient à se rendre coupables de ce genre de délits assimilables à la trahison de lourdes sanctions du Chef de l’Etat.
Je vous en félicite sincèrement. Le vieux soldat que je suis a toujours eu une conscience aigüe de l’importance de ces « détails » dans ce genre de confrontations militaires : au IIème Front de l’ALNK dans le Dja-et-lobo, les « cuisiniers du jour » des unités commandées par le Commandant en Chef avaient toujours l’ordre de servir le Chef en dernier lieu, pour qu’il puisse s’assurer lui-même qu’aucun soldat n’avait été oublié ou frustré
. C’est dans cet état d’esprit que je n’ai pas hésité à dénoncer le fait que nos soldats au Front contre Boko Haram soient affamés par leurs propres chefs et soient parfois obligés de « se servir» auprès de la population comme au temps des mercenaires au service du colonialisme.
Dans nos premiers articles de presse sur la lutte contre Boko Haram, nous avions attiré l’attention sur le fait qu’il fallait s’assurer d’abord que nos soldats étaient bien nourris, disposaient d’un armement neuf, efficace et moderne, et étaient quotidiennement bien entraînés.
Il faut donc, Monsieur le Ministre, qu’on n’en reste pas aux beaux discours sans effets sur le vécu quotidien des soldats : dans un système lourdement grippé par la corruption, les mauvaises pratiques ont la vie dure. Aussi les soldats eux-mêmes doivent-ils être invités à dénoncer leurs chefs corrompus qui exposent leurs vies et fragilisent la défense du pays.
Monsieur le Ministre Délégué à la Présidence chargé de la Défense.
Il vous souviendra sans doute que j’avais aussi dénoncé un deuxième phénomène gravissime, le fait qu’apparaissent encore au Front, entre les mains de nos jeunes soldats, des armes provenant de trafics maffieux, de vieilles armes qui chauffent très vite quand nos soldats sont obligés de les utiliser à l’approche de l’ennemi, et qui leur brûlent les mains. Imaginez la colère et la détresse de nos jeunes soldats en pareille situation !...
Je souhaite donc, Monsieur le Ministre, que le Chef de l’Etat diligente aussi avec la même détermination réformatrice des enquêtes approfondies à ce sujet, sans complaisance, et prenne ce problème très au sérieux en n’hésitant pas à frapper les coupables qui s’enrichissent cyniquement en exposant la vie de nos soldats et en sabotant la défense nationale.
Monsieur le Ministre Délégué à la Présidence de la République chargé de la Défense,Il apparaît à travers vos déclarations que des réglages restent à faire : dans la perception des modes opératoires, dans l’évaluation stratégique du dispositif de l’ennemi, etc…
Nous ne les évoquons pas pour engager quelque polémique, mais pour vous inviter à oser aborder les problèmes actuels du pays en sortant des schémas sclérosés. De quoi s’agit-il ?
D’après Votre Excellence, « malgré l’émotion que suscitent, les attentats kamikases, ces actions participent de la lâcheté et d’une certaine manière d’un certain désarroi de la part de nos ennemis ». En parlant de lâcheté, vous excluez la foi islamique.
En parlant de désarroi, vous savez qu’il y a désinformation parce qu’au moment où je m’adresse à Votre Excellence, nous devons dégager tout un arrondissement de l’emprise militaire de la Secte. Je ne vous apprends rien en vous faisant remarquer que chaque attentat kamikase a trois modules : l’exécutant, le motivant, et le financier.
Le module de l’exécutant, est un combattant, jeune garçon ou jeune fille, recruté comme tel et agissant en toute conscience, avec détermination parce que bien « motivé ».
Le module motivant, dans les attentats Boko-Haram, est familial. Il n’y a pas de motivation par propagande djihadiste abstraite sur Internet comme en Europe. La famille a deux arguments forts : la promesse islamique du paradis, et une forte récompense financière que recevra la famille- généralement pauvre, après son sacrifice.
Le module financier, est le groupe terroriste qui prospecte les familles pouvant offrir un exécutant moyennant une très forte somme d’argent. Ses agents peuvent aborder les familles, comme les familles peuvent réagir à leur propagande en se proposant au groupe terroriste.
La nébuleuse Boko Haram n’a pas changé de mode opératoire : elle dispose de plusieurs modes opératoires qu’elle utilise selon le contexte. Le recours à tel ou tel mode opératoire n’est pas une question de lâcheté, de désarroi ou d’épuisement, mais d’opportunité.
Une lutte efficace contre Boko-Haram est possible, mais pas avec des approches qui minimisent cet ennemi et qui s’illusionnent sur les capacités de nos Forces de Défense, ( « recherche du renseignement prévisionnel », « collaboration des populations »…etc..).
Pour l’essentiel, Monsieur le Ministre, nous voulons respectueusement vous suggérer, dans l’intérêt de notre pays et nos populations qui souffrent du terrorisme, de vous départir d’un excès d’optimisme pour vous ouvrir à d’autres approches de la problématique terroriste.
« Les Camerounais peuvent s’attendre à un dénouement assez rapide de la guerre contre Boko-Haram » dites-vous.(Cameroon Tribune du 21 Sept.2015)
C’est très peu probable avec le dispositif actuel de votre régime. Et il y a lieu d’en être moins sûr que vous avec la Force Multinationale sur laquelle vous semblez reposer toute votre confiance et qui, de notre modeste point de vue, sera largement impuissante ne serait-ce que face au mode opérationnel actuel des attentats Kamikases.
Alors, que faire ? Est-ce seulement pour vous dire que vous n’avez pas de solution au terrorisme que j’importune votre Excellence ? Non.
Monsieur le Ministre, nous sommes tous face au destin de notre pays , à un moment décisif de son histoire, à un de ces tournants où il ne faut pas rater une occasion exceptionnelle. Je ne vous cacherai donc pas qu’il y a un moyen, peut-être la seule solution de l’heure, pour mettre Boko-Haram à genoux : changer de monnaie ; sortir du Franc CFA pour une monnaie africaine.
Comme vous le savez, les Présidents équato-guinéen Obiang Nguema Mbazogo et tchadien Idriss Deby Itno sont déjà pratiquement d’accord à ce sujet. Je ne vous propose donc pas la mer à boire. J’ai déjà préparé à ce sujet une plaquette intitulée « Sortons de Franc CFA Vive le Toumai ! » qui démontre que nous sommes face à un impératif historique, incontournable. (voir « La Voix du Kamerun » en ligne sur Internet, www .camer.be).
MAIS POURQUOI SORTIR DU FRANC CFA SERAIT-IL UNE ARME EFFICACE CONTRE BOKO-HARAM ?
Parce que la nébuleuse se retrouverait avec des tonnes de Francs Cfa qui n’auraient plus aucune valeur. Certes, la nouvelle monnaie circulera et quelques djihadistes pourront en collecter des billets à gauche et à droite mais un dispositif efficace pourrait empêcher que les terroristes puissent amasser des sommes importantes pour leurs opérations.
Nous souhaitons donc vivement que pour faciliter la lutte décisive contre Boko Haram, le Chef de l’Etat se prononce comme ses collègues d’Afrique Centrale pour la sortie du Franc Cfa et l’adoption d’une monnaie africaine, et adhère à un traité fondateur des Etats Unis d’Afrique Centrale doublement amnistiant pour les Chefs d’Etat vis-à-vis de leur peuple, et pour les opposants vis-à-vis de leur Chef d’Etat.
Nous voulons dire qu’en dehors de complices d’Aboubacar Chekau que les Commissions Nationales des Biens Mal Acquis maintiendraient hors d’accès à la Banque Fédérale pour changer les Francs CFA en nouvelle monnaie africaine, les Chefs d’Etat, les hommes politiques et les hommes d’affaires nationaux des quatre pays d’Afrique disposant de très importantes sommes d’argent, seront éligibles à des négociations avec Les conabima pour fixer les taux d’échanges de leurs fortunes.
En publiant à ce sujet le nouveau Plan d’Action de l’UPC et des Patriotes , il ne s’agit pas d’opter a priori pour la confrontation ; il s’agit de faire comprendre que face à l’incompréhension historique de ceux qui ont toujours choisi de servir les intérêts de l’Etranger pour garantir leurs intérêts immédiats :
En phase (1) nous serions amenés à demander à notre Parlement de choisir de défendre le franc CFA ou la monnaie africaine ; et le même travail se ferait dans les 14 pays du FCFA ;
En phase (2) nous serions amenés à engager une procédure pour que le Chef de l’Etat se prononce pour ou contre la monnaie africaine, de même que les autres Présidents des pays du CFA;
En phase (3) nous interpellerions la France au niveau de l’ONU où nos présidents des pays du franc Cfa expliqueraient leur choix, de même que l’Union Européenne qui aurait à justifier sa complicité avec le nazisme monétaire français. Nous oeuvrerions pour qu’un vote de l’Assemblée Générale de l’ONU condamne le Franc CFA. C’est ce que nous avons appelé opération Alligator(1) ;Alligator (2)et Alligator(3).
Très Haute Considération.