Opinions of Wednesday, 14 June 2023

Auteur: Arol Ketch

Le massacre oublié de Bamenda en 1997

Le SDF principal parti de l’opposition fait trembler le régime Le SDF principal parti de l’opposition fait trembler le régime

Nous sommes en 1997, ragaillardie de ses succès récents, notamment aux municipales, l’opposition Camerounaise a le vent en poupe. Le SDF principal parti de l’opposition fait trembler le régime ; dailleurs, secret de polichinelle, John Fru Ndi aurait remporté la présidentielle de 1992 ; les stratèges et sécurocrates du pouvoir aux abois réfléchissent et cherchent comment briser l’élan du SDF.

Pour le faire, il faut frapper fort. Il faut toucher le SDF dans son fief de Bamenda. Des membres influents du SDF sont alors approchés par les messagers nocturnes, ceux-ci leur proposent des mallettes d’argent pour trahir l’opposition ; les cadres de l’opposition rejetteront ces tentatives maladroites de corruption.

L’opposition attend avec engouement les élections législatives censées se tenir en fin d’année. Sentant la débâcle arrivée, le régime met en place une cabale pour décrédibiliser le SDF et pis, pour décapiter le parti. Comme par hasard, des faits d’une extrême gravité vont se produire à Bamenda.

Un commando inconnu et armé fait irruption dans la ville et assassine des membres des forces de l’ordre et des responsables administratifs. Emoi général. Le pays tout entier est choqué par ces crimes inexplicables et gratuits.

Aussitôt, certains membres du gouvernement montent au créneau et accuse le SDF. L’intention derrière est de créer des conditions et des situations pour décapiter le parti et l’empêcher d’aller aux législatives.

Aussi, sachant que la Région anglophone lui était hostile, le régime voulait à travers cela ; créer une zone d’insécurité pour mettre cette zone sous état d’urgence et empêcher la tenue des élections.

Accusés, certains militants du SDF prennent la fuite pour aller se refugier au Nigeria voisin. Le gouvernement expliquait alors que ceux-ci avaient fui parce qu’ils étaient les responsables de ce massacre.

Le sinistre Fochivé responsable de tous les coups tordus et sales besognes avait été écarté des affaires en ce moment-là. Depuis plus d’un an, l’homme avait été rangé au placard ; il restait néanmoins à Yaoundé en espérant une résurrection. L’homme n’était pas à sa première traversée du désert.

Ayant reçu des informations que des coups se préparaient pour l’éliminer, le lion (comme on le surnommait), restait cloitrer dans sa résidence de fonction à la vallée de la mort ! triste et lugubre nom pour un quartier n’est-ce pas ? Fochivé lui-même puait la mort.

Le premier ministre avait promis la création d’une commission d’enquête pour faire la lumière sur cette histoire. Rien ne sera fait et jusqu’aujourd’hui, on ne saura rien sur cette histoire, même pas le nombre effectif de victimes. Des familles camerounaises pleurent en silence et espèrent qu’un jour elles connaitront la vérité.

Au départ, Fochivé aussi croyait que c’était l’opposition Camerounaise qui était derrière le massacre de Bamenda mais en policier aguerri, il savait que lorsqu’il y a un crime, il faut toujours chercher le mobile. Ne trouvant aucun mobile à l’opposition, puisque celle-ci n’avait aucun intérêt à commettre un tel crime à quelques mois des élections qui la donnait vainqueur si elle y allait soudée.

S’étant ravisé, Fochivé prenant un ton solennel, s’est mis à suer et à trembler comme une feuille ; et à lâcher ceci : « Si, ce n’est pas l’opposition, si ce n’est pas le SDF, j’ai très peur, mais alors très très peur… Je crois qu’ils ont lâché les chiens ; les chiens sont dehors ! on est fichu ».

Quelques mois après, Fochivé décède dans des conditions non élucidées après une rencontre avec « barbe dure », l’opposition est sabordée et subie une violente raclée lors des législatives, Ayissi Mvodo candidat déclaré contre Paul Biya meurt subitement dans des conditions troubles, Titus Edzoa Candidat déclaré à l’élection présidentielle est arrêtée et enfermée pour détournement des fonds publics.

L’opposition Boycotte l’élection présidentielle de 1997 et Paul Biya est réélu avec 93% des voix. Cette histoire est racontée en détail dans le livre « Les révélations de Jean Fochive ».