Opinions of Tuesday, 21 June 2016

Auteur: newsducamer.com

Le miracle de Lom Pangar

Le projet de barrage de Lom Pangar qui végétait dans les tiroirs depuis plus d’une vingtaine d’années n’a pu se métalliser que grâce à l’entêtement des quelques acteurs camerounais à braver le Camerouno-pessimisme.

C ’est l’histoire d’un projet vital pour la production énergétique camerou- naise, mais qui dormait dans le ti- roir depuis près de 20 ans. A l’occasion de la privatisation de la défunte Société nationale d’électri- cité en 2001 au bénéfice de la firme américaine AES, le gouvernement avait fondé bien des espoirs sur sa mise en oeuvre. Un espoir vain comme on le souligne Théodore Nsangou dans l’interview ci-contre.

Il faudra qu’en 2008, Louis Paul Motaze, déjà ministre de l’Economie à l’époque, dépoussière ce projet et quelques autres pour les remettre sur les rails. C'est ainsi qu’il orga- nise une première table ronde des bailleurs de fonds du Projet Lom Pangar les 18, 19 et 20 mars 2008 au siège de l'Agence Française de Développement à Paris. Le contexte national est d’ailleurs assez tendu à l’époque, puisque les émeutes de février 2008, relayées à l’internatio- nal pouvaient refroidir les ardeurs de quelques investisseurs.

De plus, les sceptiques étaient nombreux, y compris au sein du gouvernement, qui n’imaginaient pas le Cameroun capable de lever les sommes néces- saires à la réalisation de projets d’une telle envergure. D’autres pré- textaient l’impact socio environne- mental du projet pour s’épargner la peine de persuader les bailleurs de fonds.

La table ronde de paris sera pour- tant un franc succès, car Motaze et son équipe reviendront au Came- roun avec dans leur besace, des promesses fermes de financements de l’ordre de 100 milliards de francs pour le démarrage du projet. Res- tait alors à concrétiser ces pro- messes, puis à mobiliser les financements manquants. Ces financements complémentaires sont alors suspendus à la réalisation de quelques « préalables » : la conception d’un schéma organisa- tionnel clarifiant le rôle de chaque acteur dans ce projet complexe, la constitution d’une équipe de projet disposant des compétences tech- niques nécessaires, l’élaboration d’un plan de financement compatible avec les exigences de rentabilité du projet ainsi que l’actualisation de l’étude d’impact environnemental et du plan de ges- tion de l’environnement. Pas de quoi refroidir l’ardeur du Minepat qui, une fois au Cameroun, va s’atteler à expédier ces aspects tout en travaillant au corps les bailleurs de fonds encore réticents.

Dans l’intervalle, côté camerounais, l’ensemble des acteurs gouverne- mentaux sont désormais convain- cus que Lom Pangar, ce projet vieux de vingt ans, peut enfin voir le jour, et une enveloppe de 10 mil- liards est débloquée du Budget d’investissement public pour réali- ser les travaux anticipés. Une façon aussi de montrer la détermination et l’assurance de la partie Camerou- naise aux différents bailleurs de fonds. Une stratégie payante, car lorsque le ministre Motaze convoque la seconde Table Ronde des bailleurs de fonds du projet de barrage de Lom Pangar les 16 et 17 novembre 2009, à Yaoundé, tous les financiers sollicités répondent présents, et marquent leur accord formel pour apporter les fonds. Le projet peut alors démarrer. La concrétisation de cette grande réa- lisation va non seulement permet- tre de réguler le débit des barrages hydroélectriques existante, mes également permettre la construc- tion d’autres infrastructures éner- gétiques, dont le plus attendu est assurément celui de Nachtigal.