Opinions of Tuesday, 10 January 2017

Auteur: cameroon-tribune.cm

Le mois de la soudure dans les ménages

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Après les dépenses effectuées lors des fêtes de fin d’année, beaucoup de foyers éprouvent de sérieuses difficultés à joindre les deux bouts.

Le téléphone sonne depuis une minute. Anaba N, fonctionnaire en service à Ngaoundéré, attablé à la terrasse d’un snack-bar autour d’une « séparante » avec les collègues, hésite à décrocher. Il a reconnu le numéro qui s’est affiché sur l’écran de son portable. Un membre de sa famille appelle depuis Yaoundé.

« Je ne peux pas la prendre. C’est ma tante qui cherche à me joindre. Je vais la rappeler plus tard. Elle veut ma contribution pour une réunion familiale. Je ne sais pas pourquoi ils ont placé cette réunion en janvier», peste le jeune fonctionnaire.

Anaba N fait savoir que ses économies sont épuisées depuis le 30 décembre dernier. Pendant les fêtes, il a eu à gérer outre l’habillement de ses deux enfants, leurs jouets, la ration, mais aussi deux mariages et un baptême.

Depuis quelques jours, le jeune homme dit avoir une pression particulière. « L’opérateur d’électricité a envoyé la quittance par SMS. Elle s’élève à 12.000 F », révèle-t-il à ses interlocuteurs qui se mettent aussitôt à rire aux éclats.

En plus, la rentrée scolaire du deuxième trimestre approchant, il se rappelle qu’il n’a pas encore terminé avec la dernière tranche des frais de scolarité de l’une de ses filles inscrite dans une école maternelle privée de la place. 25.000 F, c’est la somme qu’il doit débourser le 9 janvier, jour de la reprise des cours.

Ces contraintes et bien d’autres lui donnent des insomnies.
Pour éviter un désagrément à sa petite fille, il laisse entendre qu’il a pris langue avec l’administration de l’établissement scolaire. Il a sollicité un moratoire et attend la réponse à sa demande.

En ce mois de janvier, chaque ménage se débrouille comme il peut pour joindre les deux bouts. L’argent se fait rare. Si les économies ont tari, les charges, elles, restent toujours importantes. Entre la ration alimentaire, le loyer, les factures d’eau, d’électricité, de câble, les crédits de téléphone, le transport des enfants, les déplacements pour se rendre au travail, les postes de dépense demeurent imposants.

Koulagna, jeune opérateur économique résidant à Meiganga, a déjà sa petite idée. Il a sollicité les services d’un usurier. Il a demandé un prêt de 100.000 F qu’il s’est engagé à rembourser en fin février. Mais, il devra payer 30.000 F en plus. C’était la condition ou rien.

Même pour les ménages ayant pris des dispositions palliatives, « le temps semble long », reconnaît un cadre, employé dans une banque commerciale. Certaines communautés ont trouvé une parade pour « gérer » janvier. De plus en plus, elles programment la « cassation » des tontines ce mois-ci, au lieu de décembre.

Ce qui permet aux épargnants de rentrer en possession de leurs économies.Et donc de faire face aux contraintes de janvier, mois de la soudure et du casse-tête.