Opinions of Wednesday, 7 October 2015

Auteur: Rousseau-Joël FOUTE

Le nouveau gouvernement a du pain sur la planche

su du terme latin minister, le mot ministre signifie serviteur. C’est un haut commis de l’Etat, membre du gouvernement, généralement placé à la tête d’un département ministériel. Il est désigné par le président de la République pour se mettre au service de la collectivité nationale, sans distinction et sans discrimination aucune.

Il sert la Nation, en mettant en œuvre la politique définie par le chef de l’Etat dans son secteur d’activité. Cela va de soi. Les ministres désignés lors du réaménagement gouvernemental du 2 octobre 2015 sont en grâce auprès du chef de l’Etat qui les a nommés pour accomplir une noble et exaltante mission.

Beaucoup de Camerounaises et de Camerounais auraient souhaité être à leur place, tant la fonction est prestigieuse. Mais, il faut se rendre à l’évidence qu’il y a peu de places disponibles dans une équipe pour pouvoir satisfaire tout le monde. Ce qui oblige à faire un casting très serré.

Une raison supplémentaire pour faire comprendre aux promus que jouissant de la haute confiance du président Paul Biya, ils se doivent de la mériter en se montrant chaque jour exemplaires dans la tâche. Passé aujourd’hui le temps de l’émotion et des félicitations, ils doivent se mettre résolument au travail. Sans attendre.

Le tempo du cérémonial d’installation, au pas de course, lundi dernier, est d’ailleurs une précieuse indication à cet égard. Le Premier ministre, chef du gouvernement, Philemon Yang, est à chaque fois allé droit au but.

Aux ministres qui prenaient leurs fonctions, il a notamment recommandé, dans l’accomplissement de leurs missions de faire preuve d’un esprit d’équipe, d’une franche collaboration, avec un dévouement et un loyalisme sans faille. C’est dire que le gouvernement du 2 octobre 2015 a du pain sur la planche. Il s’inscrit dans l’ère des Grandes Réalisations qui sous-tendent l’actuel septennat du président de la République entamé en 2011.

Les onze ministres qui effectuent leur entrée rejoignent l’équipe de Philemon Yang aménagée de nouveau pour se donner les chances d’atteindre le cap qui a déjà été fixé : mettre en œuvre, concomitamment, le Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance, ainsi que le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, première étape devant conduire le Cameroun vers le statut de pays émergent à l’horizon 2035.

En outre, on peut constater que les feuilles de route ministérielles ont également été validées et sont en cours d’exécution. Il est ainsi attendu de ces ministres qu’ils retroussent immédiatement leurs manches pour mettre la main à la pâte, afin que les vastes chantiers ouverts à travers le pays se réalisent, dans les règles de l’art, et les délais impartis.

Car, dans plusieurs domaines, les défis à relever sont de taille et les attentes des populations nombreuses. Concrètement, au plan sécuritaire, il faut maintenir la veille et vaincre à tout prix Boko Haram ainsi que les rebelles centrafricains qui font quelquefois des incursions dans notre frontière orientale. En ce qui concerne le sport, le Cameroun a deux rendez-vous majeurs à honorer. La CAN féminine en 2016 et celle masculine en 2019. Le temps presse et toutes les conditions d’une organisation réussie doivent être réunies avant le jour-J. Ici, pas de place à l’amateurisme et à l’improvisation. Il faut se montrer à la hauteur.

C’est une question d’honneur. Parallèlement, la reconstruction de l’équipe nationale fanion doit se poursuivre avec rigueur. Sans oublier de prendre soin des autres disciplines sportives. Au plan économique, il est attendu que le Plan d’urgence triennal pour l’accélération de la croissance prenne véritablement son envol dans les secteurs ciblés pour satisfaire les besoins immédiats des populations. Dans le même temps, il faut poursuivre l’équipement du pays en infrastructures de bonne qualité, relancer les réformes structurelles pour assainir le climat des affaires.

Ce qui permettra de multiplier les investissements et de porter le taux de croissance à des niveaux largement au-dessus de presque 6% projetés en 2015. Autant le dire sans ambages : ce n’est qu’avec des taux de croissance de plus de 7%, et au mieux, des taux à deux chiffres, cumulés sur plusieurs décennies, que le rêve de grandeur du Cameroun pourra se concrétiser. Dans cette perspective, il s’agit de faire éclore l’agriculture de seconde génération en exécutant le Plan national d’investissement agricole du Cameroun (2014-2020), afin que ce secteur, lato sensu, joue son rôle de porteur d’eau à notre processus d’industrialisation. Dans le domaine des transports, la courbe macabre des accidents de la circulation qui font plus de 1 200 morts chaque année sur nos routes doit être infléchie.

De sérieux problèmes de gouvernance se posent également dans ce secteur et il va falloir, dans un cadre concerté, les régler sans faiblesse. La sérénité doit aussi être ramenée dans le secteur des droits d’auteur. Bref, en un mot comme en mille, il n’y a pas d’état de grâce pour l’équipe ministérielle en poste. Et comme dans un chantier, chaque maçon sera jugé au pied du mur, malgré les vents contraires.