Opinions of Thursday, 21 June 2018

Auteur: Georges Dougueli

Le plan humanitaire de Biya disséqué par un journaliste de Jeune Afrique

La crise anglophone dure et continue de faire des victimes. La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

Hier, 20 juin 2018, j’ai reçu et parcouru un document intitulé Plan gouvernemental d’assistance humanitaire d’urgence dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le titre choisi par les rédacteurs de ce document m’a laissé perplexe. Faut-il être particulièrement maladroit pour parler d’« Assistance humanitaire » lorsqu’il s’agit d’une intervention d’urgence à l’endroit de ses propres compatriotes ! L’action humanitaire étant une composante des relations internationales, n’est-ce pas donner raison aux séparatistes qui, prenant prétexte de discriminations, ont pris les armes pour créer leur propre pays ?

A la maladresse s’ajoute un malheureux amalgame. La vocation d’un gouvernement n’est pas de faire de l’HUMANITAIRE à l’endroit de ses propres populations. « L’Etat veille au DEVELOPPEMENT harmonieux de toutes les collectivités territoriales décentralisées sur la base de la solidarité nationale, des potentialités régionales et de l’équilibre inter – régional », dispose l’article 55 de la Constitution.

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Héritage d’Henri Dunant, le fondateur de la Croix Rouge, l’idéal humanitaire se veut déconnecter des intérêts des Etats. Ses principes fondateurs sont l’impartialité, la neutralité et l’indépendance. Comment l’Etat peut-il, d’une part, conduire des opérations militaires – dont on connaît les excès et les dommages collatéraux - et, d’autre part, apporter aide et assistance aux populations ? Ne faut-il pas Dialoguer d’abord, restaurer la paix ensuite et, enfin, Développer ?

S’agissant du contenu du document, il est à l’avenant. Je passe sur les 7 pages consacrées à la recension des exactions « terroristes », sans un seul mot sur les dérapages de l’armée, ses expéditions punitives dans les villages. Cette omission en fait un document incomplet, partial et orienté. En les effaçant de la mémoire collective, les rédacteurs commettent une deuxième injustice à l’égard des filles violées, des manifestants tués et de toutes sortes de victimes des brutalités militaires.