Comme les autres fois, Boko Haram a encore frappé ! Pour l’heure, les assassins ont opté pour la lâcheté et le jeu du chat et de la souris, la guerre conventionnelle signant sans doute pour eux, le contrat d’une cuisante défaite face à nos vaillants militaires.
C’est par l’effet de psychose que l’ennemi entend procéder, avec des attentats suicides, véritables armes de destructions massives. Boko Haram répond ainsi au cri de guerre de Paul Biya par la bassesse, l’horreur et la terreur.
Ajouté à ce climat l’insécurité qui régnait déjà dans le pays à cause de nombreuses agressions et meurtres en série et crimes rituels, notamment dans la capitale à Yaoundé, et tout récemment Bafoussam ou Dschang, il y a de quoi semer le doute dans les esprits.
La crise économique, la cherté des denrées de première nécessitée et le pouvoir d’achat très bas des citoyens ne sont pas non plus, pour arranger les choses, surtout quand on sait que ce sont justement ces citoyens ordinaires-là, qui constituent la masse. De ce fait, des grognes, comme celle populaire du 28 février 2008, constituent autant de baromètres sociaux, avec ces va-nu-pieds descendus dans la rue pour protester contre la vie chère.
Les « émeutes de la faim » comme on les a appelées alors, continuent, jusqu’à ce jour, de hanter le pouvoir de Paul Biya. Leur spectre représente pour lui et pour ses partisans, comme une menace redoutable, surtout avec le phénomène qu’on observe désormais autour de nous, de ces chefs d’états destitués et mis à la rue par justement… la rue de leur pays ! Et son pouvoir, Paul Biya s’y accroche. Désespérément, et de toutes ses forces. Depuis 33 ans, au rythme saccadé de remplacements, de nominations, d’élections et même parfois diton, à la faveur d’une curieuse alchimie et autres tours de passe passes dans le décompte des voix ou la transparence des urnes, l’homme est là, fidèle au poste, et compte bien y rester !
Et comme il l’a lui-même si bien dit un jour, « Qui veut la paix prépare la guerre » ! Celle qu’il a déclarée à Boko Haram en 2014 à Paris a trouvé en face, un écho de folie, puisque l’ennemi procède désormais par des coups bas, portés bien en dessous de la ceinture. Pour déclarer la guerre, il fallait qu’il y ait péril en la demeure. Donc risque de déstabilisation et donc aussi, risque pour son siège présidentiel. Sans oublier les ambitions, légitimes ou non, des uns et des autres pour le pouvoir .
Certaines personnes ne se sont d’ailleurs pas fait prier pour franchir le pas en évoquant la théorie du complot, à savoir la prise, par certains ambitieux, du pouvoir par la voie de la déstabilisation… Des personnalités comme Me Harissou payent peut-être en ce moment même derrière les barreaux d’une prison, les frais de cette paranoïa, justifiée ou non. On a cependant tendance très souvent, à oublier des facteurs comme le chômage, ou pour ceux qui travaillent, les arriérés de salaires, surtout par ces temps de rentrée scolaire.
C’est ce dernier facteur qui a suscité le jeudi 10 septembre 2015, la grogne des militaires à Yaoundé, où 200 militaires armés ont publiquement manifesté dans la rue contre le non versement de leur dû, cependant que 1.300 autres étaient embusqués dans les casernes, attendant de voir le sort qui serait réservé à leurs camarades avant d’agir en conséquence !
N’est-ce pas là, un message fort d’un danger imminent, surtout avec, comme à son habitude, un président une fois de plus absent du pays ? Une action de justesse évitée par le chef de l’état, mais qui aurait pu se traduire par l’irréparable, avec des confrontations entre différents corps armés.
Il n’en fallait pas plus à Paul Biya pour écourter ses vacances à Baden Baden, et rempiler vite fait au Cameroun ! Le 06 avril 1984 en effet, encore présent dans les esprits. Oui, le putsch reste de l’ordre du possible. Car, et pour ne pas citer le Cardinal Christian Tumi, toutes les conditions sont réunies pour qu’il y ait une guerre civile au Cameroun.