Opinions of Friday, 29 April 2022

Auteur: Looybi

'Le problème c’est Chantal Biya'

C’est une dernière révélation lâchée par le média Looybi C’est une dernière révélation lâchée par le média Looybi

C’est une dernière révélation lâchée par le média Looybi.com. ‘Comment Chantal, la femme de Paul Biya, détruit-elle le Cameroun’, titre le média dans une opinion publiée sur son site officiel.

Ce n’est qu’une alarme de plus dans une succession de dangers clignotants. Paul Biya a récemment été victime d’un malaise dans son village de Mvomeka’a, suscitant des mouvements fébriles et erratiques au sein de son entourage. Un malaise ? Non : une série de malaises dont le public n’a rien su, jusqu’à la confirmation des rumeurs par un média étranger.

À 89 ans révolus, le président camerounais n’est plus que l’ombre de lui-même, absent du Palais d’Étoudi depuis trop longtemps, abonné aux soins en Suisse et aux séjours prolongés dans sa résidence à 200 km au sud de Yaoundé. Son apparition à la clôture de la Coupe Africaine des Nations (CAN) en février dernier, au stade d’Olembe, avait suscité gêne et compassion, face à un vieillard en pilotage automatique et qui trébuchait au moment de s’asseoir.

L’hypocrisie de sa garde rapprochée, toujours appliquée à affirmer sa « bonne santé », sa « grande lucidité » et sa « présence pleine et entière à la tête de l’État » ne trompe plus personne. D’un moment à l’autre, la première puissance économique de la CEMAC risque de se retrouver décapitée et livrée aux pires des scénarios de succession, du chaos à la guerre civile. La Constitution ? Bien sûr qu’il y en a une.

Mais la disposition qui régit la vacance du pouvoir et attribue l’intérim au président du Sénat est tellement contestée que l’on évoque désormais l’institution d’une vice-présidence pour contourner l’autre vieillard malade et impotent qu’est l’actuel président de la deuxième chambre. Pour renforcer le flou, on ne saurait mieux s’y prendre. Dans cette atmosphère crépusculaire où les prédateurs s’en donnent à cœur joie, explosant tous les baromètres du pillage des fonds publics, un homme mène le jeu : Ferdinand Ngoh Ngoh, de son état Secrétaire général de la présidente de la République, auquel on se réfère souvent par ses initiales administratives, le SGPR. Personne ne l’a vu venir.

Arrivé de New York où il occupait un poste subalterne à la représentation diplomatique du Cameroun à l’ONU, il a su, en une décennie, investir l’essentiel des pouvoirs de l’État grâce à une délégation présidentielle de signature dont il use et abuse et, surtout, sa proximité avec la première dame Chantal Biya. La presse se fait régulièrement l’écho du quadrillage de l’appareil étatique par le placement de ses obligés à différents postes, du système financier au gouvernement, de ses règlements de comptes avec ses rivaux « sur les hautes instructions du chef de l’État » et des gigantesques détournements d’argent public sous son autorité (Covid-Gate, CAN…).

On peut l’affirmer sans ambages : Ferdinand Ngoh Ngoh est l’homme politique le plus détesté du pays. La rage observée à son égard est décuplée par son caractère inamovible. La presse locale corroborée par des proches du président en a dévoilé les raisons : à chaque tentative de le dégommer, même pour lui offrir un poste ministériel bien garni Chantal Biya fait barrage, admonestant son mari octogénaire et le menaçant des pires traitements.

Abus de faiblesse…C’est que le SGPR s’est construit une assurance-vie en faisant octroyer des contrats aussi juteux que décriés aux fils de la première dame, issus d’une précédente union, et auxquels il sert ensuite de bouclier protecteur contre d’éventuels revers. En clair, Paul Biya n’est plus en mesure de tenir tête au tandem Chantal Biya-SGPR et son pays se meurt de paralysie, tandis qu’il est saigné à blanc comme une bête de somme. Les remaniements ministériels, maintes fois annoncés dans les couloirs, sont désormais suspendus au sort d’un seul homme.

Pourtant, encore plus que Ngoh Ngoh, c’est Chantal Biya, dont les enfants vont à la dérive et occupent les réseaux sociaux, qui a pris toute une nation en otage pour des intérêts tellement étriqués qu’on peine à y croire… D’où la sentence laconique d’un diplomate africain en poste à Yaoundé : « Le problème, c’est Chantal »… Muni d’autant de pouvoir et régnant en maître sur un palais déserté par son locataire légitime, pourquoi ce SGPR ne songerait-il pas sérieusement à conserver la place pour de bon ? Au Cameroun, plus personne n’ignore ses ambitions qu’on analyse sous toutes les coutures.

Pour y arriver, il aurait une autre arme tout aussi connue : l’appui des Israéliens chargés de la sécurité du Palais et du BIR, la Brigade d’intervention rapide créée initialement pour combattre les actes terroristes. Les contrats en milliards que leur garantit le SGPR s’étalent dans les journaux. En attendant, la récente tentative du SGPR de neutraliser la garde présidentielle en récupérant la maitrise des badges d’accès à la présidence, « sur les hautes instructions » du fantôme, a échoué… C’est que la garde présidentielle, un corps autonome, lui résiste, au contraire des services de renseignement sur lesquels le SGPR a la haute main.

Le Cameroun est donc à la merci d’un coup de force entérinant l’usurpation du pouvoir par Ferdinand Ngoh Ngoh avec l’appui d’une Chantal Biya en train de devenir à son tour une cible de haine et de représailles. Paul Biya, dans un sursaut ultime, pourrait-il reprendre la main pour se défaire d’une créature qui a révélé son impuissance et s’apprête à le dévorer ? Chantal Biya va-t-elle comprendre qu’il ne saurait être dans son intérêt de se ranger du mauvais côté de l’histoire d’un pays maintenu en état de mort cérébrale au milieu de crises multiples, mais qu’on n’empêchera pas de se mettre en mouvement pour assurer sa survie ?