Opinions of Saturday, 7 November 2015

Auteur: Prince Nguimbous

Le secrétaire d’Um Nyobe parle

A 82 ans, cet ex-maquisard dit avoir été proche de Ruben Um Nyobe. Mais il justifie son retrait en politique par les conflits au sein du parti nationaliste.

La présence et les prises de parole d’Antoine Yembel Yebel lors des réunions de l’Union des Populations du Cameroun (Upc) sont devenues très rares depuis presqu’une décennie.

Agé actuellement de 82 ans, ce fils de Limayi, petite localité située dans l’arrondissement de Ngog-Mapubi, région du Centre, affiche, malgré son âge, l’allure d’un gentleman qui raconte avec émotion ses trois années passées au maquis avec Ruben Um Nyobe, le fondateur de l’Upc, assassiné le 13 septembre 1958 à Libél Li-Ngoi.

L’ancien instituteur qui a enseigné entre 1951 à 1953 dans une école protestante à Ntoulen, non loin de Bot-makak, dit avoir connu Ruben Um Nyobe depuis 1952. « Je l’ai connu lors d’une campagne qui portait sur le procès de l’incompréhension.

Cette campagne qu’il menait s’inscrivait dans le cadre de la lutte pour l’indépendance totale et immédiate du Cameroun », explique Antoine Yembel Yebel.

Le 31 octobre dernier, l’octogénaire a pris part à un Comité directeur d’une tendance de l’Upc dirigée depuis quatre mois par Jean Bahebeck, qui assure les fonctions de secrétaire général.

Lors de ce Comité directeur Antoine Yembel Yebel a été présenté comme étant « un ancien secrétaire » et ami de Ruben Um Nyobe durant la guerre de l’indépendance dont la première période se situe entre 1955 et 1960.

Certains militants de l’Upc rencontrés ce jour-là expliquait que la présence d’un sage comme Antoine Yembel Yebel à cette réunion donnait encore plus de poids et de légitimité à cette tendance que dirige désormais l’orthopédiste Jean Bahebeck.

Un militant s’en est pris aux journalistes en leur disant que ce sont eux qui sèment le désordre dans l’Upc en donnant la parole aux gens qui n’ont aucun mandat du parti. Antoine Yembel Yebel qui affirme être entré le 27 mai 1955 dans le maquis, le même jour que Ruben Um Nyobe, explique les raisons de son retrait de la politique : « Je me suis retiré à cause du désordre au sein de l’Upc. Notre parti n’a plus de leader, chacun se bat aujourd’hui pour sauver sa tête. Mon âge ne me permet plus de marcher avec les hommes qui n’ont aucune stratégie pour mener la politique », argue.

Cet upéciste qui se présente comme étant l’un des fondateurs du secrétariat administratif de bureau de liaison, un organe créé en 1953 pour aider Ruben Um Nyobe à mener son combat pour l’indépendance du Cameroun.

Retiré dans son village, le patriarche écoute l’actualité. Il dit avoir été surpris par le discours prononcé en juillet dernier par le président François Hollande lors de son séjour au Cameroun : « Le président Hollande a reconnu les massacres de son pays au Cameroun. Je suis venu à cette réunion parce que j’ai appris qu’elle portait sur cette question.

Nous voulons qu’il y ait des pourparlers entre la France, le Cameroun et l’Upc pour réparer le tort causé à certaines familles. Um Nyobe est décédé et j’ai été informé de son décès trois jours après alors que je me trouvais aussi dans la forêt. Je suis un témoin fidèle de cette histoire », ajoutet-il, tout en précisant que que c’est dans une baraque à Limayi qu’il vit avec son épouse et ses nombreux enfants.