Opinions of Friday, 25 March 2016

Auteur: Estelle Djomba Fabo

Le suicide ou la liberté de porter atteinte à sa vie

Déraisonnable, mais pourtant vrai. Le 14 mars dernier en plein centre de la ville de Douala, un jeune homme d’une trentaine d’année se donne la mort dans un supermarché de la place.

Ce phénomène devenu monnaie courante dans notre société est juridiquement qualifie de suicide. Qu’en est-il exactement ? Peut-il être réprimé?

Qu’est-ce que le suicide?

En sociologie, le suicide est définit comme « toute mort qui résulte médiatement ou immédiatement d’un acte positif ou négatif, accompli par la victime elle-même ». Mais en droit pénal, il a une signification plus restrictive. Il désigne l’homicide que l’on commet.

Volontairement sur soi-même. C’est un acte accompli en connaissance de cause, c'est-à-dire que la personne l’accomplit en sachant qu’il va la conduire à sa mort. Besoin d'aide juridique ? Contactez-nous à info@237online.com Il est perçu comme un acte de lâcheté, destiné à échapper aux obligations de la vie.

Longtemps resté un sujet tabou, le suicide a pris de l’ampleur dans sa manifestation comme liberté. Dans les sociétés dites moderne, il est perçu comme une liberté. En l’occurrence celle de porter atteinte à sa vie. Cette situation résulterait de l’émergence de libertés qui a offert un champ d’action plus étendu à la volonté. En particulier lorsqu’elle ne fait pas l’objet de manifestations extérieures. Cette évolution s’est traduite par le désengagement du droit pénal donc la finalité est la protection de l’intérêt général, de reconnaitre une liberté pour la personne de disposer de son corps.

Le suicide peut-il être réprimé?

L’atteinte à la vie réprimée dans le Code pénal camerounais vise explicitement le fait de tuer « autrui » et en conséquence l’homicide sur soi ne tombe sous le coup d’aucune incrimination. C’est donc dire que notre droit ne réprime pas le suicide. Plusieurs raisons peuvent justifier cette position.

La pertinence de la dépénalisation s’appuie en premier lieu sur les principes gouvernant les peines. Le principe de personnalité et d’individualisation des peines, corollaire du principe de la responsabilité personnelle implique que seule la personne déclarée responsable pénalement subisse une répression.

En outre, les fonctions associées à la peine, telles que la prévention, la rétribution et la réadaptation se révéleraient inopérantes à l’égard du suicidé, car la peine serait absurde contre un mort. Besoin d'aide juridique ? Contactez-nous à info@237online.com

En second lieu, la dépénalisation du suicide s’appuierait sur la confusion de l’auteur et de la victime opérée dans cet acte. L’individu ne pourrait être à la fois le sujet passif et actif d’une infraction, car il existe une distinction entre lésion consentie et auto-lésion. Et pourtant, l’intérêt à protéger la vie découlerait du fait que chaque individu a un rôle social à jouer, qu’il soit économique ou politique.