Tout au long de ce mois, le pays vit au rythme des drames affectant particulièrement les voies de communication. Une série entamée depuis quelques années déjà.
Vendredi noir au Cameroun ce 21 octobre 2016. Le pays de Paul Biya est secoué par une avalanche d’accidents et autres incidents «naturels». Tout commence par l’effondrement de la chaussée aux toutes premières heures du jour, au lieu-dit Manyai, par Boumnyebel. A 68km de Yaoundé. Coinçant un camion en partance pour Douala. C’est une vieille buse métallique qui a cédé sur le poids de l’âge, sur cette route vieille d’une quarantaine d’années.
«Le cours d’eau a accueilli plus de pluie que d’habitude. Les buses métalliques déjà affaiblies par l'érosion, ont lâché. Le bitume est resté suspendu dans le vide. Les remblaies de terres tout autour ayant été emporté par le torrent», a constaté Vincent de Paul Atangana, le reporter du poste national de la Cameroon radio television. Et au moment où tous les regards sont rivés sur Matomb, avec une forte concentration de véhicules alignés de part et d’autre des deux bords de la chaussée coupée en deux, et que le camion pris dans le piège de l’incident, Eséka, une autre localité du même département du Nyong-et-Kellé, a ravi la vedette à Boumnyebel. C’est Camrail, pris d’assaut par les voyageurs de cet axe de la Nationale N°3, qui voit son train voyageur 152, parti de Yaoundé pour Douala, dérailler. Les images qui circulent sur les réseaux sociaux, font état d’une catastrophe d’une rare violence. Des corps déchiquetés sous des wagons renversés, des blessés graves.
Le bilan n’est pas encore établi. Toujours est-il que le concessionnaire de la voie ferrée, en concertation avec le gouvernement, a dû ajuster son offre, en adjoignant à chacun des deux trains Intercity en partance de Douala pour Yaoundé et vice-versa, huit wagons, soit en tout 1336 places en plus pour les deux trains. Et désormais, ni la route, ni le rail, ne sont disponibles pour transporter les personnes et les biens entre les deux principales villes du Cameroun. Les voies de contournement étant une route non carrossable qui passe par Boumnyebel, Eséka, Makak, Ngoumou, Otélé, et Yaoundé. A défaut de passe par l’Ouest, notamment par Bangangté. Ce qui devrait grever les coûts.
Mais ici, il va falloir trouver des voies secondaires de contournement, puisque la ville de Ngoumou elle-même ne communique plus directement par route avec la capitale politique du pays. Il y a quelques jours, la route s’est affaissée, et les populations de cette zone peinent à joindre Yaoundé. Pour le moment, «des mesures de rectification», selon les termes d’Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre des travaux publics, sont en cours d’aménagement. Mais peut-être que ces usagers seront mieux lotis que ceux de la route Wum-Bamenda. Le 11 octobre dernier, le pont «Mile Thirty», qui relie le département de la Menchum à Bamenda, s’est effondré. Coupant presque complètement ce département de la capitale de la région du Nord-ouest.
Le pays se meurt, Paul Biya porté disparu
La pluie actuelle d’accidents semble être la phase finale d’une série qui s’annonce depuis quelques années déjà. La même ville de Bamenda est depuis plus d’un an, un enfer. La route nationale N°6 qui relie cette ville anglophone à Bafoussam, n’existe plus que de nom. Tout un parcours du combattant à avaler avec patience, en l’occurrence en saison de pluies.
Une peine qui a révolté Ni John Fru Ndi, le chairman du Social democratic front (Sdf). Le leader de l’opposition a encouragé les automobilistes à ne plus s’acquitter du péage routier. Et les populations ont également adopté le combat. Depuis de longs mois, les services du péage routier y ont déserté. La même ville de Bamenda qui avait déjà subi l’effondrement d’une partie de la chaussée il y a quelques années, à une vingtaine de kilomètres de la ville capitale du Nord-Ouest. Le 4 septembre 2012 déjà, la ville de Garoua subissait les foudres de la Bénoué dont les eaux ont augmenté brusquement, du fait de fortes pluies. A 60 km de Garoua, le ponceau traversant le Mayo Boki s’était effondré, coupant la ville du reste du pays.
Face à tout cela, le gouvernement continue du replâtrage. Le drame de Manyai survient au moment où, en prélude de la Coupe d’Afrique des nations (Can) de de football féminin, est engagé dans des «travaux d’entretien confortatif», qui consistent à boucher les trous les plus béants. Pour une chaussée qui a vieilli sans panneaux de signalisation. Le projet d’autoroute Douala-Yaoundé avançant à pas de tortue. Actuellement que les deux principales voies de communication entre les deux principales villes du pays sont inopérantes, il ne reste plus que la voie aérienne. Avec une compagnie qui, si elle manque d’appareils (à peine trois avions dont deux MA60, sujets à une campagne de dénigrement populaire), peine à décoller.
La Can étant proche, devrait condamner le régime de Yaoundé à sortir de son sommeil pour trouver des solutions viables en urgence. Le président Paul Biya, lui, a disparu des radars publics depuis la fin du sommet des Nations unis auquel il a participé du 24 au 28 septembre dernier (après avoir quitté Yaoundé le 18 septembre 2016), avant de prendre la direction de l’Europe d’où des activités d’origine camerounaise sont à ses trousses. Le sommant de retourner au pays.