Opinions of Monday, 5 October 2015

Auteur: Badjang ba Nken

Le temps du président

Attendue avec impatience par certains depuis de longs mois, redoutée par d’autres, la formation de la nouvelle équipe ministérielle est effective depuis vendredi dernier.

Ceux qui donnaient l’impression d’être « très informés » et qui, au travers de la rumeur, des colonnes et antennes des médias annonçaient un « tsunami », un vaste remaniement ministériel avec le départ d’au moins une vingtaine de ministres devront se rendre à l’évidence qu’ils seront passés à côté de la plaque.

Ils se sont plantés pour de vrai ! Le chef de l’Etat qui reste rivé sur le cap qu’il a fixé au gouvernement au début du septennat en cours à l’occasion du conseil ministériel du 15 décembre 2011 à savoir : « Imprimer à notre économie une dynamique nouvelle et mettre notre pays sur les rails de l’émergence », a choisi de procéder à un réaménagement du gouvernement.

En injectant du sang neuf et une nouvelle légitimité à une équipe gouvernementale chargée de traduire dans les faits sa vision pour un Cameroun émergent à travers une lutte accentuée contre la pauvreté et conséquemment une amélioration constante du quotidien de ses concitoyens. Fini donc, les spéculations. Mais une question demeure.

Pourquoi la formation de la nouvelle équipe gouvernementale avait –elle tant cristallisé les attentions ? Pour tenter d’en comprendre les raisons, il faut remonter à 2013. Cette année-là, trois élections ont eu lieu : les sénatoriales en avril, pour la mise en place du Sénat ; les législatives et les municipales en septembre pour le renouvellement des députés et des conseillers municipaux.

Au regard des usages en cours jusque-là, les Camerounais s’attendaient à ce que le président de la République tire les leçons de ces scrutins et modifie l’équipe gouvernementale. Il n’en a rien été. L’attente du remaniement ministériel s’est renforcée au lendemain du message du chef de l’Etat à la Nation le 31 décembre 2013, le chef de l’exécutif ayant fait part d’une appréciation peu gratifiante de la performance du gouvernement. Onze mois se sont ensuite écoulés sans changement du gouvernement.

Au point que lorsque le conseil des ministres du 9 décembre 2014 a été convoqué, nombreux sont les Camerounais qui pensaient que le chef de l’Etat allait saisir cette occasion pour dire au revoir à certains membres du gouvernement. Rien de tel ne s’est produit. Le président de la République a, par contre, annoncé la mise sur pied d’un plan d’urgence triennal « pour accélérer le rythme de notre croissance économique et améliorer les conditions de vie de notre population ».

Ainsi est allée l’attente des remaniements ministériels avec des pics chaque fois que le chef de l’Etat regagnait Yaoundé de retour d’un week-end dans son village natal ou d’un voyage à l’étranger. Jusqu’à ce mémorable 2 octobre 2015, date que Paul Biya, usant de ses prérogatives constitutionnelles a choisie pour procéder à un réaménagement du gouvernement.

Ce choix ne peut surprendre que des analystes peu avertis. C’est le lieu de préciser que bien qu’à l’écoute permanente du peuple qui l’a investi de sa confiance, le président de la République, chef de l’Etat, est le seul juge de l’opportunité, du temps et des priorités de la politique qu’il s’est fixé.