Depuis l’agression de votre Pays par la France via les « Nations Unies », il s’est installé une incompréhension certaine entre la majorité du peuple camerounais et une partie non négligeable des populations de Côte d’Ivoire. Au nom du Panafricanisme qui est l’unique voie du salut et notre horizon commun indépassable, je me permets d’apporter des éléments explicatifs aux fins de lever l’incompréhension actuelle. La vraie amitié se nourrit de la vérité, mais dans la charité. L’objectif majeur de tous les Africains est de construire une Afrique respectée, digne et indépendante. Les Hommes placés à la tête de nos Etats et leurs régimes respectifs vont passer et les peuples resteront.
Certains d’entre vous pensent que les Camerounais veulent rallumer ou entretenir le feu de la guerre civile en Côte d’Ivoire; ils se posent la question suivante: de quoi les Camerounais se mêlent-ils de nos problèmes internes ?Lors de certaines émissions télévisées sur la Chaîne de Télévision Panafricaine Afrique Media(AFM), l’un des téléspectateurs ivoiriens a déclaré « vous avez un vieux Président, qui est au pouvoir depuis plus de trente ans, il est fatigué ; occupez-vous de lui au lieu de crier tous les jours sur M. Alassane Dramane Ouattara notre grand et brillant économiste fraîchement élu à la magistrature suprême de Côte d’Ivoire avec un score de près de 85 pour cent ». Un « plébiscite »laisse-t-on entendre dans cercles parisiens, où l’actuel Chef d’Etat dispose de nombreux réseaux.
L’immense majorité des Camerounais continuent de prendre fait et cause pour l-ex-Président Laurent Koudou Gbagbo plusieurs années après sa déportation à la Haye aux Pays –Bas et ce, malgré de nombreuses campagnes médiatiques, organisées depuis les capitales européennes dont Paris .Ils perçoivent et considèrent M. Ouattara comme un chef d’Etat imposé par Nicolas Sarkozy aux Ivoiriens qui est arrivé la tête de cet Etat à bord des chars d’assauts français après avoir marché sur plus de 3000 morts
Chers Frères et Sœurs de Côte d’Ivoire,
Les Camerounais redoutent « un remake à l’ivoirienne » dans leur pays à un moment où les cassandres français annoncent l’imminence d’un changement de Régime à Yaoundé (Lettre du Continent septembre 2015). Et « les Forces Profondes »sont à l’œuvre en Afrique Noire Francophone. En guerre contre la domination française et l’ensemble des initiatives que les autorités de cet Etat ont
prises pour recoloniser de façon plus brutale et agressive l’Afrique d’expression dite française. A ce titre nous vous renvoyons à tous les Rapports et autres études commandées par les différentes sphères décisionnelles de l’Etat français: on peut citer le Parlement avec le Rapport LELLOUCHE(236 pages), l’Elysée avec le Rapport ATTALI(221 pages) et le Quai d’Orsay avec le Rapport VEDRINE(131pages).Toutes ces Etudes exposent à la face du monde et sans pudeur les stratégies que la France entend mettre en œuvre pour recoloniser purement et simplement l’Afrique Noire Francophone. Les géostratèges français et concepteurs de ces différents Rapports achèvent tous leurs travaux par la même conclusion « pour la survie de la France, son rayonnement en tant que Grande Puissance l’avenir de la France et celui de son peuple sont en Afrique francophone ».
Cette déclaration à elle seule constitue un acte de guerre ouverte. En effet, quand un vieil Etat comme la France, qui a une tradition de domination et une culture coloniale établies, affirme et réaffirme à la face du monde, que son avenir et celui de son peuple(donc de ses générations futures)se trouvent en Afrique(un Continent qu’il pille et affame depuis des siècles), il y a lieu de reconnaître que nous sommes en conflit ouvert contre cet Etat, ses réseaux mafieux et l’ensemble de ses représentants dont M. Ouattara en est un illustre membre symbole vivant. Ce dernier fait incontestablement partie de ces succédanés françafricains qui pérennisent la main mise de Paris sur nos pays respectifs; il fait partie de ces dirigeants africains qui hypothèquent la libération des peuples africains que nous appelons de tous nos vœux .En un mot ils sont des vecteurs de misère, de la pauvreté et de l’obscurantisme en Afrique Noire.
Certes M. Ouattara n’est pas seul, loin de là. Mais son arrogance et ses déclarations sur la « la mission civilisatrice et providentielle de la France » en Afrique Noire, en ont fait le Président africain le plus honni et haï et je dirais également le plus méprisé à l’heure actuelle sur le Continent Noir. Avec sa condescendance habituelle, il continue de faire l’apologie du FRANC CFA, au point de laisser entendre que cette monnaie est « la meilleure chose que la France ait donnée à l’Afrique ».
Les Africains de l’espace francophone sont en guerre contre l’assujettissement de nos économies à la France; ils sont guerre contre le joug et le néocolonialisme français dans leurs pays. Cette guerre protéiforme se déroule sur deux théâtres : en Afrique de l’Ouest et celle du Centre. Il se trouve qu’aux plans économique et monétaire, la Côte d’Ivoire en Afrique de l’ouest et le Cameroun en Afrique Centrale sont les deux principales mamelles nourricières à partir desquelles la France assure l’essentiel de sa respiration économique, financière et
monétaire en Afrique dite Francophone. Il découle donc que c’est à partir de ces deux Etats-pivots que le sort et l’Avenir de la présence française se jouent dans cet espace. Quand les Autorités françaises déclarent que « l’Avenir de la France se trouve en Afrique », c’est d’abord et avant tout en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Cela est clair.
Par ses mécanismes de pillage et de prédation mis en place depuis des siècles, la France est devenue l’ennemie No1 de l’Afrique. N’en déplaise à M. Laurent Fabius qui, en plein délire au cours d’un de ses passages à Yaoundé en février dernier a osé déclarer « la France est l’amie du Cameroun ».Quelle comédie ! Quelle hypocrisie !
Pour le cas spécifique du Cameroun, il est important de rappeler que ce dernier n’a jamais été formellement une colonie française, plutôt allemande. Cela étant, les Camerounais sont convaincus et persuadés que c’est l’encombrante présence des réseaux mafieux de cet Etat qui étouffe et empêche le décollage économique de leur Pays. Nous ne cesserons jamais de le rappeler ; la France est entrée au Cameroun par effraction. Depuis des décennies, elle y pratique une politique de brigandage et de pillage de nos ressources, le tout, sur fond d’un parasitisme économique et monétaire. Dire que la France est l’amie du Cameroun est une insulte à la conscience et à la mémoire collective du peuple Camerounais .Il est établi que la France, au cours de son aventure coloniale a procédé à des assassinats de masses et à des liquidations des leaders politiques qui voulaient une vraie Indépendance du Cameroun. Elle a utilisé le napalm et le gaz sarin à grande échelle contre les populations en Sanaga Maritime et à l’Ouest-Cameroun.
Chers Frères et Sœurs Ivoiriens,
Retenez donc qu’il existe un contentieux historique et imprescriptible entre le Peuple camerounais et l’Etat français. M. François Hollande, en visite au Cameroun en juillet dernier a effleuré ce sujet sans véritablement l’aborder. Les autorités françaises savent qu’au delà des déclarations diplomatiques de façade des officiels camerounais, le peuple camerounais dans son écrasante majorité a un profond et réel ressentiment contre la France que les actions d’apparente bienveillance de Mme Christine Robichon (Ambassadrice de Paris à Yaoundé) ne peuvent effacer. Les Camerounais sont fondamentalement attachés à leur histoire et à leurs devanciers qui ont été massivement assassinés par l’ordre colonial français. Le sang versé par cet Etat dans notre pays continue de couler dans la conscience collective du peuple camerounais. Il découle donc aisément que l’ami de notre ennemi central devient fatalement notre ennemi principal.
Il ne faut pas oublier le Président actuel de Côte d’Ivoire, M. Ouattara a fait de la Côte d’Ivoire, un nouveau laboratoire où se conçoivent et s’élaborent de nouvelles théories qui visent à renforcer les relations de pillage et de prédation de la France en Afrique francophone. Une France abaissée, affaiblie et appauvrie qui survit grâce au soutien économique et financier que lui apportent M. Ouattara et ses semblables. Les Panafricanistes d’Afrique et d’ailleurs lui en veulent particulièrement à ce sujet. Il est devenu l’exécutant en chef de l’agenda de la France en Afrique Noire dite francophone. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les Camerounais restent attachés à la Côte d’Ivoire profonde, attentifs au sort et traitement que l’oligarchie internationale via le Président Ouattara réserve à leurs frères et sœurs de ce pays.
En outre, il ne faut pas oublier que la situation actuelle au Cameroun-toutes proportions gardées-ressemble à celle de la Côte d’Ivoire vers la fin du règne de du feu Président Félix Houphouët Boigny.Un régime plus que trentenaire comme le nôtre en ce moment. Avec la hantise d’une fin règne qui est assimilable à la fin d’une époque combinée aux inévitables soubresauts, avatars et déconvenues que charrient tous les longs règnes où s’activent de nombreux réseaux des forces exogènes françaises qui, depuis des années montent des scénarii pour la prise et la maîtrise du pouvoir dans l’après-Biya qui s’annonce. Où, comme ce fut en Côte d’Ivoire « experts, barbouzes, conseillers français de tous bords attendent-ils impatiemment la fin du Régime de Yaoundé » (Lettre du Continent juillet 2015).
C’est pour « pré-exorciser » et éloigner le Cameroun du spectre vécu par un pays-frère, la Côte d’Ivoire après la disparition de M. Houphouët Boigny et par solidarité pour lui que les Camerounais continuent de s’intéresser au Président actuel de Côte d’Ivoire, arrivé au pouvoir à bord des chars d’assaut français et escorté par les forces spéciales de la France. Nous savons qu’une portion importante d’ivoiriens le comprend et que les déclarations comme celle que nous avons citée plus haut ne sont que l’expression de la frustration d’un membre du clan pro-Ouattara.