D’après des investigations menées auprès de milieux politiques de la capitale du Nord, la défense de l’image de l’ancien ministre déchu est sous-jacente à l’effervescence qui agite l’élite politique du Rdpc de Garoua depuis un certain temps.
L’actualité politique a été encore sulfureuse ces derniers jours à Garoua, à la faveur des meetings d’appel à la candidature de Paul Biya à la prochaine élection présidentielle. Au-devant de la scène, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Garoua, notoirement réputé proche de Marafa Hamidou Yaya, qui avait pris sur lui d’organiser le 13 février 2016 un meeting de soutien à la candidature de Paul Biya à la prochaine élection présidentielle, avec seulement 3 présidentes de sections, sans concertation avec les autres responsables du parti, et sans en informer sa hiérarchie.
Une démarche cavalière qui trahit son désir de positionnement, selon ses camarades, mais qui traduit une marque d’indiscipline, lui qui n’avait aucune légitimité pour convoquer 3 présidents de section. Ce que d’aucuns assimilent à une conférence de sections, sans l’aval du Comité central, lui qui n’est ni président de la Coordination régionale du parti, même pas membre du Comité central. Mal lui en a pris, il a été désavoué et corrigé par le délégué permanent régional du Comité central pour le Nord - le vice-président du Sénat Aboubakary Abdoulaye dont le meeting de rectification organisé à Garoua le 27 février 2016 a mobilisé toute l’élite et la base militante du parti au pouvoir, obligeant l’imposteur à faire profil bas.
Toutefois, cela n’a pas empêché El Hadj Ahmadou Bouba de manoeuvrer pour empêcher un don de pagnes de la Journée internationale de la femme au profit des militantes des 3 sections que compte la ville de Garoua, dont des proches de l’ancien ministre Marafa. A l’instar de Mme Kande, considérée à Garoua comme une serveuse de Mme Marafa, Mme Fatimadou qu’il a lui-même parrainée pour la section de Garoua 2. L’initiative louable était du Dr Ahmadou Sardaouna - le secrétaire général du ministère de l’Habitat et du Développement urbain. Mais un jour avant la tenue du meeting, le délégué du gouvernement avait convoqué les trois présidentes de sections pour leur intimer l’ordre de ne pas accepter les pagnes de son camarade. « Motif, son antipathie personnelle à l’égard de Sardaouna », selon des indiscrétions qui ont filtré de la rencontre.
Trois tentatives d’affectation à Mouloudou
Mais selon nos investigations menées au sein de la communauté urbaine de Garoua et dans certains cercles politiques du Nord, il faut remonter aux années 2008 pour découvrir les racines de l’animosité du clan Marafa à l’égard de l’actuel Sg du Minhdu. Alors délégué régional du ministère de la Ville et du Développement urbain du Nord, Ahmadou Sardaouna est l’initiateur de nombreux projets d’assainissement de la voirie de Garoua, financés sur fonds Ppte et sur fonds C2D. Quelques-uns réalisés portent son expertise, à l’instar de la route du Cimetière financée à hauteur de 850 millions de Fcfa, la route de Weloua - 4 milliards de Fcfa, la route Bibemine - 400 millions de Fcfa, la route de Lende sur financement du Bip à hauteur de 400 millions de Fcfa, ou encore la route Beac-Marché central-bretelle Banque.
A ces réalisations s’ajoutent les études menées en partenariat avec la société Dragages pour le devis des marchés dont devrait bénéficier la capitale du Nord dans le cadre des contrats C2D, et dont les résultats avaient séduit l’Afd - l’Agence française de développement, qui y avait marqué son accord. Des actions qui tout en grandissant la cote de Sardaouna auprès des populations, le dévaluaient chez les pros Marafa, présenté à cette époque comme l’alpha et l’oméga de Garoua, qui redoutaient la montée en puissance de ce jeune cadre.
A la communauté urbaine de Garoua, il se dit que le délégué du gouvernement voyait d’un mauvais oeil ces projets et estimait alors que le nom de Sardaouna allait être attaché à toutes ces réalisations, ce qui expliquerait son antipathie à son égard, bien qu’il ait pu bénéficier de celui qu’il combat aujourd’hui des prêts consistants pour son action à la tête de la ville.
Notamment 100 millions de Fcfa pour l’assainissement de la prison de Garoua et 45 millions de Fcfa pour l’embellissement de l’arrondissement de Garoua 1er. Mais cela ne l’a pas empêché, à en croire les nostalgiques, d’intercéder auprès de Marafa, alors tout-puissant ministre d’Etat, pour obtenir son départ de la ville de Garoua. Ce qui valut au délégué régional du ministère de la Ville qu’il était, trois tentatives d’affectation à Mouloudou, qui se sont toutes heurtées au refus de son ministre d’alors, Clobert Tchatat, qui selon des indiscrétions, ne savait comment motiver une telle affectation disciplinaire de celui qu’il considérait comme son meilleur Délégué régional.
Certaines mémoires longues se rappellent d’ailleurs qu’au cours d’une réunion publique, Marafa avait avoué avoir bloqué les projets Ppte de la ville de Garoua, sous le fallacieux prétexte, dit-on, qu’ils allaient bénéficier à l’Undp, parti majoritaire à Garoua à cette époque, mais dont le dessein inavoué était de faire ombrage au Délégué régional.
C’est ce débat qui resurgit dans l’adversité à Ahmadou Sardaouna à Garoua aujourd’hui, concluent les observateurs avertis, avec pour ambition chez ceux qui le relancent, de démontrer que les acquis de l’assainissement de la ville de Garoua sont les oeuvres de leur mentor banni, alors que pour les autres, Marafa ne dispose pas de bilan probant à Garoua, si l’on exclut la construction de la sous-préfecture de Garoua 1er, et la nomination de certains cadres à de reluisants postes de responsabilité.