Opinions of Wednesday, 30 September 2015

Auteur: William Oyono

Les camerounais interpellent Paul Biya sur Facebook

De nombreux Camerounais passent par le compte officiel du Président de la République pour lui faire des doléances ou exprimer leur mécontentement. C’est connu, Paul Biya n’est pas un grand féru des interviews ni des conférences de presse. Du coup, l’inscription du chef de l’Etat sur le réseau social Facebook en 2011 a donné l’occasion à certaines personnes de se défouler.

Depuis cette date, Paul Biya offre à ses 115.220 fans l’opportunité de réagir à ses activités et de commenter ses décisions. Sur Facebook, Paul Biya est en prise directe avec ses compatriotes et les internautes ne boudent pas leur plaisir, eux qui peuvent, en passant par le compte « Paul Biya, la seule et l’unique page officielle» témoigner leur sympathie au chef de l’Etat, lui transmettre des messages d’encouragements, l’apostropher ou même lui exprimer des réprimandes quelquefois très acerbes.

Même si les publications de ce compte officiel sont faites au nom de Paul Biya, ce n’est toutefois pas lui qui met les données en ligne, ce travail étant fait par une équipe de la Présidence de la République dévolue à cette tâche. Toutefois, on imagine que les informations communiquées ont reçu le quitus du principal intéressé.

« Paul Biya » publie généralement les décrets qu’il a signés, des communiqués et des images. On retrouve des citations de grandes figures contemporaines comme Martin Luther King, Nelson Mandela, Patrice Lumumba et des paroles anonymes invitants ses followers (internautes abonnés à une page) à la réflexion comme: « Lorsqu’il n’y pas d’ennemis intérieurs, les ennemis extérieurs ne peuvent pas t’atteindre ».

Pour les fans Facebook du Président, le message est passé et fait écho à la situation sécuritaire que le Cameroun traverse actuellement et entraine un florilège de réactions. «C’est ça grand père. Je suis d’accord avec vous. Faut les envoyer à Kondengui .Et surtout ceux qui restent accrochés à la Fecafoot », « Parfois notre premier ennemi c’est nous même ». Au fil des commentaires, deux pôles sont visibles : l’un plein de déférence envers la fonction présidentielle et l’autre plus critique.

On ne peut pas plaire à tout le monde

Le 26 septembre, Paul Biya publie sur son compte le message de condoléances qu’il a adressé au Roi d’Arabie Saoudite suite au mouvement de foule survenu à la Mecque. Immédiatement, les réactions fusent de la part des internautes : « Que dire des 21 camerounais, selon le bilan provisoire, morts dans ce drame ? », « A part ça tu sais encore faire quoi d’autre ? », « Dans cette tragédie de la Mecque, il faudrait songer à adresser de sincères condoléances aux familles des victimes, en majorité africaine » fustigent certains Camerounais.

D’autres choisissent plutôt d’apporter leur soutien au président. « Son excellence a agi conformément à la règle de bienséance », « Merci prési pour ta bonne foi ».

Ces déclarations prennent parfois des tournures un brin plus décalées comme « Excellence toujours bel homme » ou « Ah, le vieux tellement vous nous avez déjà fait miroiter de bonnes choses pour ce pays que maintenant nous voyons avant d’accepter que ce ne soit comme d’habitude » (sic). Les sollicitations pour des aides présidentielles sont aussi très fréquentes.

En témoigne ces quelques posts : « Excellence bonsoir je suis votre partisan je soutiens beaucoup votre manière de gérer la nation camerounaise mais on a faim. Moi je suis électricien de formation, où trouver un bon emploi m’assurant les charges ? », « Monsieur le Président en tant qu’opérateur économique l’impôt coute chère et décourage les investisseurs, trop d’impôts tue l’impôt » (sic).

Au fil des publications du président de la République, on est frappé par le désir des Camerounais d’exprimer leur opinions sur la bonne marche des affaires de la nation, avec désinvolture pour certains, passion pour d’autres, espoir de recevoir un coup de pouce venant d’Etoudi pour quelques-uns. Pour l’heure, Paul Biya n’a pas encore opté comme ses homologues Alpha Condé, Barack Obama ou Ali Bongo pour des échanges directs avec les abonnés à sa page officielle.

« Personnellement, que le Président de la République ait un compte Facebook où nous pouvons parler de ses réalisations est une très bonne chose. Et je suis convaincu que s’il se prête un jour au jeu de nos questions en ligne, il verra qu’on a juste soif d’écouter les mots du Père de la Nation qu’il est pour nous rassurer en ces temps d’incertitude », soutien Max Emvoutou, un féru des médias digitaux.