Le séjour du couple présidentiel en Europe alimente les débats et suscite un frémissement au sein de la classe politique. Laquelle s’attend à un remaniement ministériel dès le retour, cette semaine, du chef de l’Etat.
Depuis le 16 août 2015, le couple présidentiel séjourne en Europe. Des sources proches du protocole d’Etat laissent entendre que c’est dans la ville de Baden-Baden que Paul et Chantal Biya et leur suite ont pris leurs quartiers. Baden-Baden, ville allemande, située dans le Land de Bade-Wurtemberg, est connue en tant que centre de villégiature, station thermale et pour ses festivals internationaux.
Jusqu’à date aucune information officielle en dehors des spéculations ne filtre de ce séjour du couple présidentiel. Le secret des audiences et les aspirations futures du Nnom Nguii (Paul Biya) confinées dans le secret professionnel de son dernier carré de fidèles, permettent de comprendre que l’heure est grave.
Les mêmes sources nous apprennent sans grande certitude que Paul Biya et sa suite seraient déjà en France. Sur place au Cameroun, les interrogations fusent de toutes parts, chacun est curieux de connaitre les grands moments qui meublent le séjour de Paul Biya très inhabituel dans cette ville allemande.
Mais ce qui retient assurément l’attention, c’est le remaniement. C’est donc en toute logique que certains peuvent penser, peut-être à tort, que c’est pour que celui-ci garde son caractère confidentiel que le chef de l’Etat a voulu séjourner dans une ville, peu connue des Camerounais pour y peaufiner son gouvernement que certains annoncent déjà comme étant le dernier de ce septennat des grandes réalisations.
Certes, l’attente se fait longue, mais un proverbe africain enseigne à propos que quelle que soit la durée de la nuit, le jour finit par se lever. Une façon simpliste de dire à ceux qui attendent ce fameux gouvernement qu’il finira par arriver un jour. Raison suffisante pour que les messes noires battent leur plein dans les résidences de certains membres du gouvernement de même que chez ceux qui espèrent un poste ministériel.
Mais le second élément qui confirme que le remaniement pourrait être la raison fondamentale de ce séjour présidentiel est qu’après l’Allemagne, Paul Biya se trouverait en ce moment à Paris en France. Les défenseurs du panafricanisme affirment que la plupart des gouvernements formés par certains pays en grande partie francophones portent l’estampille de la France. Est-ce donc la raison pour laquelle Paul Biya est allé achever son séjour en France ? Difficile de répondre par l’affirmative.
Mais toujours est-il qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Ce qui ne veut en rien dire que Paul Biya, président de la République du Cameroun, ne puisse pas décider sans la France de mettre sur pied un gouvernement puisqu’il est élu par le peuple camerounais. En effet, des sources affirmaient avant l’interpellation de Marafa Hamidou Yaya que celui-ci bénéficiait du soutien de la France et des Etats-Unis pour succéder à Paul Biya à la tête de la magistrature suprême.
Cette thèse a connu un début de confirmation au lendemain de son interpellation et de sa condamnation. Des mouvements de soutien spontanés se sont formés en France et aux Etats-Unis pour réclamer sa libération. Paul Biya n’a pas cédé à ces pressions extérieures.
Les dauphins déclarés du gouvernement
Après l’épisode Marafa, de nouveaux prétendants affichent clairement leurs intentions aux yeux de la communauté nationale et internationale. Malheureusement pour ces mousquetaires, ils ne bénéficieraient pas du soutien des puissances occidentales comme cela a été le cas pour l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation Marafa Hamidou Yaya.
Edgard Alain Mebe Ngo’o, ministre délégué à la présidence de la République chargé de la défense C’est à une véritable opération de charme que se livre depuis fort longtemps Edgar Alain Mebe Ngo’o. En plus de sa démarche calquée sur celle de Paul Biya ainsi que sa gestuelle, des affiches ont été apposées aux quatre coins de Yaoundé, où l’on voit le président de la République Paul Biya et, en arrière-plan l’actuel ministre délégué à la présidence chargé de la Défense (Mindef). Une situation qui n’a pas laissé les analystes politiques indifférents.
Ces derniers n’ont pas hésité à affirmer que la bataille pour la succession à la magistrature suprême se déporte sur le terrain de l’affichage public. C’était à quelques jours de la visite officielle au Cameroun de François Hollande, le président de la République française. Ces différentes affiches étaient placardées à des endroits de la capitale comme le « Mess des Officiers », l’échangeur simplifié, au lieu-dit Combattant ou encore au quartier Bastos.
Des affiches qui ont nourri la polémique dans les milieux sécuritaires de Yaoundé durant des semaines. Celles-ci laissent entendre deux choses : soit le Mindef ne cache plus ses ambitions d’occuper le fauteuil suprême d’Etoudi, soit le président lui-même consent tacitement à l’officialisation du dauphinat.
Alamine Ousmane Mey, ministre des Finances
Arrivé au gouvernement à la faveur du remaniement ministériel du 09 décembre 2011, l’ancien directeur général d’Afriland First Bank, sur qui reposaient de nombreux espoirs pour une révolution copernicienne après les misères d’Essimi Menye, serait passé à côté de la plaque. Le fils de l’ancien gouverneur de la jadis unique province du Nord aurait, selon des sources dignes de foi, lui aussi des ambitions successorales. 2018, c’est bientôt et rien ne présage que Paul Biya pourrait se porter candidat. Aujourd’hui, les mêmes sources affirment qu’il bénéficie du soutien du fils du président de la République.
Malheureusement pour lui, Alamine Ousmane Mey est dans la liste des personnalités que la France ne souhaite pas revoir dans le gouvernement qui est annoncé. Porte-étendard déclaré du septentrion dans la course à la magistrature suprême, l’homme bénéficierait du facteur âge (il est né le 26 février 1966) et du soutien des caciques qui estiment à tort ou à raison que l’heure est venue pour que le septentrion reprenne les rênes du Cameroun.
Les indésirables
Des sources proches du palais de l’Elysée affirment que la France ne voudrait plus dans le prochain gouvernement de ces ministres immensément riches, vieux et successeurs potentiels de Paul Biya. Sont principalement visés : Mebe Ngo’o et Alamine Ousmane Mey. Ce dernier aurait lui aussi un passif vis-à-vis de la France.