Après plusieurs semaines de polémique autour de sa mort, intensifiée par une enquête à rebondissements, les obsèques de Mgr Jean-Benoît Bala, évêque de Bafia, sont célébrées ce 2 août à Yaoundé au Cameroun.
Les obsèques de l’évêque de Bafia Mgr Jean-Benoît Bala sont célébrées le 2 août à Yaoundé et il sera inhumé le 3 août dans son diocèse, loin des polémiques que sa mort avait suscitées.
L’Église camerounaise a publié le programme des célébrations religieuses prévues pour accompagner l’évêque de Bafia à sa dernière demeure. Mercredi 2 août, après la levée du corps suivie d’une messe à Yaoundé la capitale camerounaise, le corps sera acheminé à Bafia. Une messe sera ensuite dite toutes les trois heures à la cathédrale de Bafia. L’inhumation se fera jeudi 3 août Bafia après la messe de requiem qui aura lieu à 10 heures
« Une affaire ’intracléricale’ »
La mort Mgr Jean-Benoît Bala, évêque discret de Bafia au centre du Cameroun a soulevé de longues polémiques pendant plusieurs semaines. Son corps sans vie a été retrouvé le 2 juin dans les eaux du fleuve Sanaga, à 80 km de Yaoundé. Le 31 mai, c’est d’abord sa voiture vide garée sur un pont qui avait suscité l’inquiétude. À l’intérieur, un mot laconique griffonné sur un papier à en-tête de l’évêché : « Je suis dans l’eau » lançait déjà le débat sur sa mort.
Après des semaines de polémique, « la mort de Mgr Bala est progressivement devenue une affaire’intracléricale’» analyse le P. Ludovic Lado, jésuite camerounais, qui constate que d’autres faits se sont imposés à la une de l’actualité, reléguant au second plan les polémiques des semaines précédentes concernant l’enquête sur la mort de l’évêque. « On aurait pu s’attendre à une mobilisation, un hommage national mais ce ne sera pas le cas », poursuit-il.
Tensions des semaines précédentes
Les circonstances de la réception du corps de Mgr Bala par les autorités ecclésiales ont été « tendues », reconnaît le P. Lado, qui ajoute que « des instructions fermes ont été données sur la manière dont le corps doit être convoyé, certainement pour éviter que ces obsèques ne polarisent les tensions des semaines précédentes. »
En prélude aux célébrations funéraires, la province de Yaoundé a organisé du 31 juillet au 1er août un triduum de prière.
Très affecté par la mort de son ami et confrère, Mgr Sosthène Bayemi évêque d’Obala, diocèse voisin de Bafia, lui a rendu un émouvant hommage. « Je voudrais juste te dire Adieu, A Dieu, à nous revoir », écrit cet évêque dans une lettre illustrée par une photo de lui et de Mgr Bala. « Je voudrais te dire, Voisin, que je sors grandi de ce cauchemar avec la certitude que le rocher de la foi sur lequel le Seigneur a fondé son église résistera toujours aux forces des ténèbres » a-t-il également témoigné.
Meurtre ou suicide ?
Suicide ou meurtre ? La première autopsie penchait pour la thèse du meurtre. « Mgr Jean-Marie-Benoît Bala ne s’est pas suicidé, il a été brutalement assassiné », avait alors déclaré Mgr Kleda, archevêque de Douala et président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (CENC) qui se prononçait au nom de tous les évêques camerounais le 13 juin.
Quelques jours après cette déclaration des évêques du Cameroun, un communiqué du procureur en charge de l’enquête avait relancé la polémique. « La noyade est la cause la plus probable du décès de l’évêque », affirmait-il, s’appuyant sur une autopsie réalisée par Interpol. Cette autopsie avait suscité une nouvelle polémique, des rumeurs persistantes affirmant que le corps autopsié n’était pas celui de l’évêque.
Faux communiqué
Le 10 juillet, des médias camerounais avaient longuement relayé un faux communiqué attribué au Vatican. La déclaration d’origine est un mot de condoléances provenant d’un évêque français, Mgr Philippe Mousset, évêque de Périgueux dont le diocèse a tissé des liens d’amitié avec celui de Bafia. Au message original, un passage a été adjoint : « La chair est faible : Nous ne sommes que des mortels. Nous exhortons les fidèles à s’en tenir aux conclusions des officiels. »
Le 8 juillet, les évêques camerounais avaient réaffirmé leur conviction que leur confrère a été assassiné prenant ainsi le contre-pied des autorités judiciaires. La conférence des évêques de Cameroun a finalement accepté de réceptionner le corps de Mgr Bala tout en portant plainte contre X pour assassinat.