Opinions of Monday, 26 June 2023

Auteur: Jean-Paul Pougala

Les erreurs fatales du milliardaire Baba Danpullo en Afrique du Sud

Le milliardaire camerounais Baba Danpullo Le milliardaire camerounais Baba Danpullo

La First National Bank (FNB) est la plus ancienne banque sudafricaine créé en 1838. En 1874 la banque est achetée par l’Oriental Bank Corporation (OBC). 5 ans plus tard, elle est achetée par la Bank of Africa en 1879. En 1912 la Bank of Africa passe à la National Bank.

13 ans plus tard, en 1925 la National Bank fusionne avec l’Anglo-Egyptian Bank et la Colonial Bank pour former la Barclays Bank de Londres. En 1986, à cause des boycotts contre le régime raciste d’Afrique du Sud, la Barclays fait semblant de sortir de la banque en la nommant de nouveau un an plus tard, la First National Bank en 1987.

Le 4 avril 2008, c’est la banque publique chinoise ICBC qui a mis 5,5 milliards de dollars pour devenir le plus grand actionnaire de la banque que le camerounais accuse de racisme et qui lui donne tout de même 20 milliards de France CFA de crédit. C’est en 2022 qu’elle change de logo, pour inscrire au centre d’un cercle un arbre sous forme d’idiogramme chinois.


Question : Monsieur Baba Ahmadou Danpullo va-t-il demander à un juge de Douala de saisir les comptes de l’Ambassade de Chine au Cameroun ? Ou bien des entreprises chinoises qui construisent les ports, les autoroutes et les centrales hydroélectriques au Cameroun ?

L’homme d’affaire camerounais ne sait pas qu’aujourd’hui dans le monde de la finance internationale, personne ne sait qui possède quoi.

Dans le système de retraite par capitalisation, c’est 20 milliards de francs CFA, une partie de la capitalisation de l’argent des retraites des sudafricains gérée par la First National Bank que cette dernière a placé dans les activités de l’homme d’affaire camerounais Baba Ahmadou Danpullo.

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Erreur n° 1 de l’homme d’affaires camerounais Ahmadou Danpullo en Afrique du Sud : Son manque de discrétion.


Beaucoup de gens ne savent pas que les lois sur les insolvabilités des clients banques mes autorisent dans tous les pays, à saisir même les biens que vous n’aviez pas mentionnés au moment d’obtenir le crédit.


Ils sont donc très loin de savoir que chaque fois qu’ils se vantent au micro des journalistes de posséder ceci ou cela comme biens ou comme sociétés à travers le monde, ils s’adressent avant tout aux services de redressement de toutes les banques qui tiennent des fichiers sur les personnes les plus en vue, même si ces dernières ne possèdent pas encore un compte bancaire dans leur institution.
Et en cas d’un contentieux devant toute juridiction pour défaut de paiement, la banque a beau jeu d’accuser son client de mauvaise foi, en répétant une phrase qu’un jour ou l’autre nous avons entendu : « il est riche, il a de l’argent monsieur le juge ».

Vous ne pouvez pas vous vantez à la couverture du magazine Forbes Afrique d’être le plus grand milliardaire d’Afrique francophone et vous plaindre ensuite qu’un tribunal sudafricain ne soit pas indulgent dans vos défauts de paiement avec une banque de leur pays.

Avant-hier 22 juin 2023, à la une du quotidien américain the Wall Street Journal, il y avait un titre qui sied très bien à cette première erreur de l’homme d’affaire camerounais :

« Why You Shouldn’t Always Tell Your Bank How Much You Make »
(Pourquoi vous ne devriez pas toujours dire à votre banque combien vous gagnez)
Sous-titre : « Credit-card companies and banks want to know more about customers’ financial health »

(Les sociétés de cartes de crédit et les banques veulent en savoir plus sur la santé financière des clients).

Les déboires financiers de l’homme d’affaire camerounais Baba Ahmadou Danpullo en Afrique du Sud et la successive réaction émotionnelle qui s’en est suivie au Cameroun, m’ont fait me rendre compte à quel point même les plus riches parmi le sont devenus très probablement par hasard puisqu’ils démontrent de ne pas maitriser les notions élémentaires d’éducation financière.

En d’autres mots, ils semblent de pas posséder le manuel d’instruction de ce monde et des mécanismes financiers qui le régissent.
J’ai été surtout sidéré par l’attitude de la télévision d’état, la CRTV qui prend fait et cause pour un opérateur économique privé, au point de conditionner les relations diplomatiques entre le Cameroun un pays qui a souffert du racisme et de l’apartheid, accusé de xénophobe.

L’éditorialiste de la télévision d’état va jusqu’à frôler le ridicule, lorsqu’il conclut en menaçant l’Afrique du Sud au nom de tous les Camerounais :
«Qu’il soit bien clair que le Cameroun ne lésinera sur aucun moyen de droit pour continuer à apporter à Baba Danpullo tout le soutien qui lui est dû. Ceci n’est pas qu’une simple figure de style. C’est un avertissement à qui de droit».
Quand vous ajoutez à cela, le fait qu’un juge camerounais a décidé de contribuer activement à réduire la notation du Cameroun qui est déjà classé C chez tous les agences américaines de notation qui définissent à quel taux le FMI et la Banque Mondiale vont continuer de nous prêter l’argent pour payer nos fonctionnaires, pour financer nos écoles, nos universités, nos hôpitaux.

Ce juge a permis à ces agences de notation de cocher une case qui manquait jusque là dans la notation du Cameroun sur le plan de la finance internationale : pays pratiquant la filouterie contre les entreprises étrangères que nous-mêmes avons invitées d’investir leurs épargnes au Cameroun.

Le plus étonnant pour moi dans cette affaire est que personne à Yaoundé n’a pris la peine de siffler la fin de la récréation et de rappeler au juge à Douala de relire ses leçons de première année de droit sur la propriété privée et surtout, de lire les accords signés pour l’adhésion du Cameroun à l’Organisation Mondiale du Commerce où nous garantissons à tous les étrangers dans notre pays, la protection de leurs biens et de leurs investissements.

C’est en vertu de cette protection que moi, Camerounais, j’investis mon argent dans les pays qui me semblent viables, sans avoir peur d’y être spolié par autre chose que la fiscalité du pays hôte, ou par les questions liées à ma solvabilité avec les fournisseurs ou avec les banques.

Revenons aux faits :

A la une de la revue en ligne « Investir au Cameroun » du vendredi, 11 novembre 2022 on pouvait lire ce titre : « Danpullo tente un hold-up sur 243 milliards de FCFA au Cameroun, en représailles à ses déboires en Afrique du Sud ».