• Emmanuel Macron est venu au Cameroun
• Le président français est reparti
• Sans aller voir les prisonniers politiques
Ce n’est pas une chose dont se contente la femme politique camerounaise Alice Sadio. A ses yeux, c’est regrettable que le président français Emmanuel Macron n’ait pas eu « l’élégance de demander à aller toucher du doigt les réalités des prisonniers politiques ». C’est le sujet qui a fait l’objet d’une tribune publiée par Alice Sadio sur sa page Facebook et que voici.
En marge du « bruit » de l’aéroport et du « point de presse » du palais de l’unité, d’autres acteurs politiques du macrocosme camerounais ont dit des choses très pertinentes pour la bonne marche du Cameroun.
Sauf que leurs discours ont délibérément été rendus inaudibles. Pour le RDPC, il n’était surtout pas question que les projecteurs soient tournés vers l’alter « renouveau ».
D’où, en lieu et place d’un vrai débat contradictoire où des « garçons » prêts auraient pu dire ses quatre vérités à la France et donc, présenter le Cameroun au monde sous son angle proactif, le régime a fait ce qu’il fait le mieux : le choix humiliant de servir au maître, comme en 1960, les trémoussements des fesses des femmes noires et l’aplaventrisme légendaire d’une certaine jeunesse kemite (bien entendu en voie de disparition), véritables objets de curiosités exotiques, le tout couronné par un point de presse qui n’a pas fini de faire mal à l’amour propre, à l’orgueil de l’intelligentsia camerounaise.
Il va de soi que la France, nostalgique de l’Afrique folklorique d’antan, dont on ne retrouve désormais les vestiges qu’au Cameroun de Paul Biya, n’a pas décliné cet agencement pour le moins cocasse.
Macron n’a pas eu l’élégance de demander à aller par exemple toucher du doigt les réalités des prisonniers politiques anglophones, et du MRC, et de Stand Up For Cameroon qui croupissent en prison pour avoir pensé autrement.
Il n’a pas fait le choix de visiter les refuges des victimes et déplacés de guerre pour entendre leurs histoires tragiques, « fruits » de la lutte sanglante contre le fédéralisme. Il faut le vivre pour le croire! Fédéralisme qui n’a jamais tué personne sur cette terre des hommes… Bref.
Toutefois, la nuit a eu son effet et la pilule amère est tant bien que mal passée. Chacun ayant convoqué les instruments qui lui vont le mieux, de l’auto dérision au déni, en passant par les condamnations de plusieurs.
D’où, « au bout du petit matin ». A ce régime, au gouvernement français, j’ai envie de dire que contrairement à ce qu’on vous a donné à voir, le vent a bel et bien tourné. Que la marche inexorable du Cameroun vers son accomplissement est enclenchée. Que le règne Biya passera très bientôt.
Au peuple camerounais, j’ai envie de réitérer ce que j’ai toujours pensé depuis ma démission de mon organisation politique : Nous avons tous vus le remue-ménage d’un curieux mouvement appelant peu à peu le fils à remplacer le père.
La France ne lèvera pas le petit doigt pour empêcher cela. Qui vous dit d’ailleurs qu’elle n’a pas déjà entériné ce remplacement successoral ?
Par conséquent, la restauration de la dignité politique du Cameroun à travers une alternance effective ne relève désormais plus de la compétence des partis politiques mis dos au mur. Ils ont mes mains liées pour certains, sont peut-être complaisants pour d’autres ou font le choix de « s’adapter » c’est à dire se résigner.
Voilà pourquoi je pense que le Peuple, en marge de ces organisations politiques, comme un seul homme, se doit de prendre ses responsabilités pour s’imposer à l’élite politique comme le Souverain qu’il est.
Et montrer que ce Souverain a la parfaite conscience de ses intérêts nobles et imprescriptibles. L’heure est venue pour le peuple camerounais par-delà les clivages tribaux, par-delà les carcans partisans, de reprendre la main. D’user de ce pouvoir absolu qui lui incombe de faire et défaire les dirigeants qui passent.
Nous sommes rendus au carrefour de notre destin commun. Soit nous aurons l’intelligence de transcender nos querelles empiriques, nos besoins conjoncturels pour nous élever vers la défense de la Respublica, soit nous observerons, la queue ratatinée, au passage en douce de ce régime vers sa propre réincarnation maléfique.
Nous aurions alors condamné non pas nous-mêmes (notre messe ayant déjà été dite), mais nos enfants et les enfants de nos enfants à porter le sac de cette médiocrité qui s’est inscrite dans une guerre sans merci contre les idées, les valeurs, les génies, les compétences ô combien nombreuses et multiformes qui ne demandent qu’à avoir droit au chapître pour remettre le Cameroun à son vrai niveau de leader, de locomotive du développement intégral de la sous-région.
Certes, des écarts considérables ont été commis de parts et d’autres dans la marche vers la conquête du pouvoir. Des acteurs de front Line et leurs troupes respectives se sont mutuellement fait du tort. Nul ne peut le nier.
Toutefois, aujourd’hui, les vrais artisans de l’alternance se doivent d’accepter de tourner la page des ratés. C’est une ascèse difficile mais faisable si nous nous y mettons sincèrement. Car il n’y a point de querelles qu’on ne puisse résoudre.
Par amour pour le Cameroun, nous sommes condamnés à aplanir nos divergences passées. C’est le passage obligé pour être véritablement unis. C’est en étant véritablement uni que nous serons plus forts. C’est en étant plus fort que nous serons à la hauteur de cet ultime combat de libération qui nous incombe. Nos devanciers ont fait leur part, jusqu’au sacrifice suprême. Soyons dignes d’eux.
Osons rêver, osons exiger, osons lutter de toutes nos forces pour la reconquête du Cameroun, pour sa restauration dans sa grandeur et par ses enfants. Tous ses enfants. Artisans du changement, entendez mon cri: unissons-nous ! Ça urge.
PS : Point besoin de rappeler qu’en l’état, je ne crois plus en la voie des urnes. Jusqu’à preuve du contraire.