Opinions of Thursday, 4 February 2016

Auteur: Younoussa Ben Moussa

Les histoires des élections anticipées au Cameroun

La première élection anticipée au Cameroun a eu lieu en janvier 1984. Paul Biya qui avait accédé à la magistrature suprême deux ans auparavant, cherchait alors une légitimité du peuple. Parce que son accession au pouvoir n’était pas consécutive à une élection, mais à un mécanisme constitutionnel. Le nouveau chef d’Etat commence d’abord par faire asseoir son pouvoir sur la structure politique en prenant la tête du parti unique de l’époque.

Paul Biya se fait élire président national de l’Union nationale camerounaise (Unc), le 14 septembre 1983. Le climat politique devint lourd. Paul Biya et Ahmadou Ahidjo sont en conflit. Le nouveau chef de l’exécutif, pour conquérir encore une légitimité, organise une élection présidentielle anticipée et est élu président de la République le 14 janvier 1984 avec un score sans appel de 99, 98%.

Quatre ans plus tard, il organise d’autres scrutins, où il sera élu sans surprise en avril 1988 et en octobre 1992. Ce dernier scrutin est la première élection présidentielle au suffrage universel direct avec multiplicité de candidatures dans l’histoire du Cameroun. En novembre 1997, en octobre 2004 et en octobre 2011, il est réélu pour un septennat.

La Constitution voudrait que la prochaine élection soit organisée en 2018. Ses militants la veulent avant désormais. Dans l’histoire politique du Cameroun, il y a eu une autre élection anticipée. C’était en 1992. Elle concernait les élections législatives. En fait, fin avril 1991, les rues des principales villes camerounaises grondent. Le peuple conteste le refus du président à organiser une Conférence nationale souveraine réclamée par l'opposition.

L’opération « villes mortes » est lancée. Le chef de l’Etat fait organiser la « Conférence Tripartite » qui regroupe, du 30 octobre au 15 novembre 1991, au Palais des Congrès de Yaoundé, le parti au pouvoir, le Rdpc, l'opposition et la société civile. Les travaux sont présidés par le tout nouveau Premier ministre, Sadou Hayatou, nommé en avril 1991 à la suite d’un amendement de la Constitution.