Opinions of Sunday, 26 March 2017

Auteur: Feumba Samen

Les ‘jonglages’ du président Paul Biya

Le président camerounais, Paul Biya Le président camerounais, Paul Biya

En guerre contre Boko Haram depuis 2014 dans le Nord et l’Extrême-Nord, un autre front semble s’ouvrir dans le South West du Cameroun. Une mystérieuse bande de bandits-armés-cagoulés dénommée “Southern Cameroon Defense force” s’est annoncée au début du mois de Mars.

Pour l’ensemble des analystes, ces adeptes de la sécession et du fédéralisme, sont comme Boko Haram. Un masque. Le bras caché de l’occident pour faire main-basse sur les richesses naturelles que regorge le Cameroun.

Mise à Mal du Consentement

Pourquoi toutes ces secousses? Le président Paul Biya dérangerait-il? Non! Pourrait-on a priori affirmer. Qu’à cela ne tienne, ‘le vieux lion,’ une quatre vingtaine d’années d’âge, dont une trentaine au pouvoir, s’est-il enfin aperçu de la vacherie impérialiste de plus en plus agressive? visible? Sans teinte? En visite officielle en Italie, il a d’ailleurs, face aux investisseurs le 22 Mars 2017 considéré cette longévité comme un gage de stabilité. Serait-il victime de cette “longévité-stabilité” qui lui aurait permis de mieux connaître et maîtriser les rouages de la mafia politico-économique de l’occident? Paul Biya se sentirait-il désormais moins seul depuis que l’esprit de résistance qui s’est développé sous Gbagbo a réveillé celui dormant en chaque Camerounais?

Cet homme peu communicatif est difficile à cerner. Tacticien? Fin manœuvrier? Ou Boulanger? Une chose est certaine. Il a réussi à faire de ses opposants des politiques à la morale douteuse et aux mains sales.

Enigmatique et mystérieux, il a couvert d’un flou ténébreux la question du passage de témoin. Ni la date, ni le dauphin—outre constitutionnel—ne sont connus. La gymnastique cérébrale des uns et la prestidigitation politique des autres, n’ont révélé que des princes fantômes.

Imprévisible et impénétrable, il aurait bloqué les propositions peu alléchantes des contrats d’exploitation de certaines ressources. Puis, élargir l’éventail des partenaires économiques du Cameroun. Une attitude interprétée comme une mise à mal du consentement. Ces faits, mis bout à bout, plus d’autres éléments non-décachetés, ont affecté ses relations intra-extra. Biya gênerait donc tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Ambazonia, Nouvelle Trouvaille

Ces ‘jonglages’ du président Biya ne peuvent pas être considérés comme de petits pas vers la rupture. Cependant, le laisser faire pourrait signifier la mort de l’occident en Afrique Centrale. Conscients du danger, ils ont entrepris dans ce pays un nouveau chantier. Dresser ce qu’ils ont nommé Anglophones à ce qu’ils ont appelé Francophones. Objectifs? S’appuyer sur la région North/SouthWest pour déstabiliser le Cameroun. Le morceler. Lui imposer une république fictive—l’ambazonia. Puis, mettre à sac les ressources naturelles connues et à découvrir de toute cette façade de l’atlantique.

Mais la tâche s’avère ardue. La renaissance du panafricanisme, la prise de conscience des Camerounais, la déconstruction par Afrique Media des thèses mensongères des media mainstream, compliquent les calculs occidentaux. Mieux, le patriotisme Camerounais est une identité nationale. Ce sentiment à placer leur nation au-dessus de toute influence politique extérieure, a protégé ce pays contre les oppositions ethniques ou religieuses. Les impérialistes en savent quelque chose de cette alliance nationale. Quand ils ont essayé d’opposer les Bamiléké aux Bassa ou aux Béti, ou aux Fulbé,…, ça n’a pas mordu. Ils ont sorti de leur chapeau la carte du Nord contre le Sud. Le piège n’a pas pris. Dès qu’ils ont lancé Boko Haram sur le terrain, ils ont activé la fibre d’un conflit religieux—Chrétiens-Musulmans. Là aussi, ils ont mordu la poussière.

Anti-francisme vs Partition

Vont-ils réussir cette fois-ci à partitionner le Cameroun? Si la communication n’est pas mise sous scellée, les media engagés, et Afrique Media qui a “choisi de dénoncer les injustices que la France fait subir au continent Africain,”—comme l’a si bien dit en 2015 Albert Patrick Eya’a, un ancien de la Maison—, continueront à lire dans les cauris de la géopolitique. Puis dénoncer.

Il n’y a pas que ça. Ils n’ont pas oublié la page coloniale. C’est pourquoi “les Français n’ont jamais réussi à obtenir la sympathie des Camerounais.” Cette vérité du Dr. Ahmadou Séhou, analyste politique, sur le sentiment anti-Français des Camerounais au quotidien Emergence n° 265 du 16 Mai 2014 n’est pas un secret. Puisque la France sait qu’au Cameroun, elle “est vue par la classe moyenne et l’élite intellectuelle comme un danger.” Analyse l’homme politique Franck Hubert Ateba dans le même quotidien.

Dans ce sillage, l’homme politique Ekoueye ya Mawelle, rappelle que “la France a beaucoup desservis et continue de desservir” le Cameroun. Ainsi, “la France représente dans l’imaginaire collectif, l’oppresseur, le tyran et finalement l’ennemi.” Comme résume le politologue Richard Makon dans Emergence.

Cette solidarité anti-Français, miroir de la solidarité anti-occidentale-coloniale des Camerounais apparaît comme un bouclier national. Un socle qui a aidé à mettre leur pays à l’abri des changements d’hommes au pouvoir par la kalachnikov.

L’arme des Armes
Cependant, l’arme des armes pourrait, si une insurrection venait à mousser, être brandie. L’Amérique qui serait l’un des actionnaires des ambazonians-niens sait manipuler ce bâton. Accompagnée de ses ONGs, ils reprocheront à Yaoundé, d’être une poudrière. Ils agiteront les chiffres du ministère Français de la Défense publié le 9 Septembre 2014 qui indique que le Cameroun aurait acheté à la France entre 2009-2013, les armes d’une valeur totale de 42,4 millions d’euros. Soit plus de 27 milliards de Francs des Colonie Française d’Afrique-CFA. Faisant de lui, l’un du top dix des gros clients Africains d’armes Françaises. Son rang de 20è en matière d’importation d’armes en Afrique selon Global Fire Power’ 2016 constituera un autre élément à cette charge.

Le résultat sera un embargo sur les armes et une zone d’exclusion aérienne. Pendant ce temps, ils alimenteront les terroristes d’armes de tout calibre. Si on leur oppose le rapport 2011-2015 de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm–SIPRI–qui note que “les livraisons d’armes au Cameroun, au Tchad, au Niger et au Nigeria—pays en lutte contre le terrorisme—ont en effet compté pour 0,6%—seulement—des importations totales mondiales,” ils évoqueront la protection des civiles. Ils pourraient aussi exploiter avec nuances l’argument malin de Global Fire Power selon lequel, “les petites armées, parfois plus technologiquement avancées, peuvent rivaliser avec des armées plus grandes mais moins développées au plan technologique.”

Périr dans la Même Flamme

Le Cameroun n’est pas encore dans les braises. Néanmoins, les Camerounais s’inspirant du cas Ivoiriens, sont prêts à appliquer une vieille théorie révolutionnaire. Nettoyer ses sillons des traitres internes. En même temps qu’ils décapiteront l’agresseur externe. Sur les media, ils ont avoué que si la France déstabilise leur pays, il n’y aura pas d’évacuation possible de Français. Tous périront dans la même flamme. Ceci étant valable pour n’importe quel agresseur et ses ressortissants.