Opinions of Wednesday, 6 April 2016

Auteur: camer.be

Les naufrages de l’école de la république

Nous n’en avons pas encore fini avec la philosophie éducative de notre businessman Camerounais. Quand on lui demande ce qu’il envisage pour ses deux petits garçons dans un avenir proche, il est simple et direct.

Pour les deux garçons ce sera le football. Je ne demande pas d’avoir deux Etoo’o Samuel mais deux bons footballeurs.

En moins de 20 ans d’investissement continue à la Kadji Sport Academy, mes garçons pourront trouver des places dans des clubs européens et gagneront beaucoup plus d’argent que leurs camarades qui auront usé leurs méninges dans les établissements supérieurs camerounais, accompagnés de beaucoup de tricheurs et de fantaisistes qui ne savent pas toujours ce qu’ils projettent de faire après leur Doctorat.

Ma femme est un très bon élève de notre société conformiste qui veut envoyer tout le monde dans le même wagon. Notre système éducatif coule parce que l’on charge la barque audelà de sa capacité à supporter. On envoie tous les enfants dans les mêmes écoles, qu’ils les aiment ou pas, ils (elles) n’auront pas le choix.

Moi, mes enfants ont le choix et moi, je suis là pour orienter leur choix car j’en ai les moyens. Quand il s’agit d’insulter les hommes d’affaires et raconter comment ils s’enrichissent illégalement, personne ne prend leur défense. Je ne vois pas les enquêtes du Consupe sur les tricheries aux examens et concours à tous les étages.

Par contre vous entendrez toujours que les riches achètent les examens de leurs enfants. Le naufrage de l’école de la République vient aussi du pourrissement des mentalités. Il est beaucoup plus simple de parler de la baisse de niveau des élèves et des étudiants, accuser les inégalités sociales, pointer du doigt les mauvais programmes scolaires inadaptés aux réalités de notre contexte culturel.

Tous ces constats sont classiques et presque aucun pays au monde ne peut s’en échapper qu’il soit riche ou pauvre. Rarement quand on parle de naufrage de l’école de la République, c’est la corruption qui s’y est installée et est devenue presque une nouvelle pédagogie qu’on apprend à l’école.

Quelques brebis galeuses suffisent pour infecter un système entier.
On monnaie même les notes aux devoirs en classe, aux contrôles continus, aux partiels et unités de valeur dans les cycles d’études supérieurs.

On n’ose même pas parler des pratiques connues de tout le monde dans les universités où certains enseignants et étudiants se livrent au rabaissement de l’éthique de l’effort pour l’accès aux diplômes qui sont octroyés contre échanges de services.

Certaines jeunes filles pouvant traverser l’ensemble du cycle universitaire sans jamais produire un effort intellectuel digne de ce nom. Plus ahurissant encore, c’est bien que tous ces tricheurs se présentent sur le marché du travail avec des parchemins qui n’attestent en rien un niveau de compétence atteint.

La raison des plus pauvres est toujours la meilleure ?

Le principe se mue en vertu dans notre pays. Les pauvres sont des honnêtes victimes irresponsables de ce qui leur arrive. Ils doivent obtenir réparation de cette condition injuste. Mais le pauvre doit accéder aux mêmes services rendus à la plupart alors qu’il n’a pas les mêmes moyens pour se les procurer.

L’école de la République a toujours été un creuset du nivellement des inégalités.

L’école gratuite ou l’école payante et qui paie pour ceux qui ne peuvent pas. Les parents, usagers de l’école demandent le meilleur pour leurs enfants sans pour autant vouloir mettre la main dans la poche pour contribuer davantage.

Ils exigent le service quatre étoiles au prix d’un bol de bouillie, beignet haricot. Les parents lettrés ou incultes peuvent­ils participé de la même façon à l’avenir de l’école en matière de pédagogie.

Comme souvent chez nous quand rien ne va et que chacun se soustrait à sa propre responsabilité, on va d’abord regarder vers le haut et non vers le bas les causalités. Oui nos licenciés sont des chômeurs mais comment est­ce qu’ils ont construit leur entrée dans le système de l’école républicaine, cela on ne l’examine pas souvent de manière consistante. Un ministère pour l’Education de Base, un autre Ministère pour les Enseignements Secondaires et un dernier Ministère pour l’Enseignement Supérieur ne permettent pas à ce jour de contenir la dégradation des enseignements.

Les vraies fondations éducatives vont s’enraciner à l?école primaire qui se trouve confrontée à une série de problèmes. Les constats ont permis d’établir ce qui suit : une demande massive de la scolarisation par rapport à une offre insuffisante d’enseignement maternel et primaire ? un taux de déperdition élevé ? le taux de redoublement étant estimé à 30 %, le taux d’abandon à 15 %.

Certains élèves mettent dix années pour sortir du cycle primaire ? l’absence d’une structure d’évaluation des programmes et des méthodes d’enseignement des classes surchargées ? une poussée des inégalités des chances scolaires et des disparités scolaires régionales ? des infrastructures et des moyens didactiques insuffisants ? une crise de recrutement d’enseignants qui ne résulte pas d’un manque de motivation mais qui est le corollaire des disponibilités financières ? l’analyse des flux d’élèves montrant que le soussystème anglophone de scolarisation primaire obtient des performances supérieures à celles du sous­système francophone ? 59 % de nouveaux élèves dans le système francophone atteignent la sixième année du cycle, contre 80 % dans le système anglophone.

L’efficacité d’un système éducatif réside à juste titre en sa capacité à muer pour s’adapter aux exigences du contexte et des évolutions. L’état de la situation de l’école primaire conforte l’option d’une réforme structurelle et managériale profonde.

Décréter l’école obligatoire ne constitue pas une fin en soi. En donnant la priorité à l’éducation de base, les moyens devraient suivre pour une plus grande couverture scolaire.

L’analyse des résultats obtenus permet de craindre que l’éducation primaire pour tous demeure un idéal qui n’est pas atteint aujourd’hui en 2016. Adhérer à la scolarisation pour tous, c’était faire fi d’ignorer les nombreux obstacles qui pour notre pays constituent des goulots d’étranglement.

Relever le défi de l’éducation primaire pour tous suppose des politiques éducatives qui tiennent compte des ressources financières insuffisantes et de l’utilisation efficace des faibles moyens disponibles.

L’orientation nouvelle à donner à l?école primaire requiert imagination et inventivité.

L’objectif de l’amélioration des performances scolaires et d’une scolarisation de qualité devrait intégrer la possibilité de faire appel aux acteurs de la société civile, du secteur privé et autres partenaires afin de mobiliser toutes les bonnes volontés et les soutiens nécessaires dans une vision partagée. On en revient à notre discours de départ ce sont les moyens qui permettent de relever les défis.