Opinions of Wednesday, 2 August 2017

Auteur: Vitalis Essala

Les preuves de l'illégitimité du régime de Paul Biya [Acte 1]

Le président camerounais, Paul Biya Le président camerounais, Paul Biya

Il y a quelques semaines, nous avons commencé une série d’articles pour démontrer l’illégitimité du régime de Biya. En fait, nous n’allons pas seulement nous arrêter à démontrer ce qui va mal. Nous continuerons ensuite à faire des propositions sur ce qui peut être fait pour améliorer les choses. Voici le cinquième article de cette série de plusieurs articles.

En 1971, John Rawls, un spécialiste de la philosophie morale et de la philosophie politique américain a publié un livre séminal intitulé Théorie de la justice. C’est ici que prend grand effet la logique de la justice sociale dans sa nouvelle forme après des débats classiques des premiers penseurs et combattants pour les droits humains aux Etats-Unis.

Après la publication de Rawls, politiques et agents sociaux se mirent alors à réfléchir sur et à implémenter le droit des gens. Bon à savoir, le droit des gens est entre autres la reconnaissance qu’il revient aux peuples de choisir leurs systèmes de valeurs, et par extension leurs systèmes de gouvernance. (Tine, 2007.)

Beaucoup de systèmes politiques ont déjà orienté les gouvernances et les gouvernements des hommes ainsi que les civilisations. De nombreux penseurs, allant de l’époque présocratique à l’ère moderne, ont étudié le modèle humain et en ont tiré pour simple conclusion que l’être humain s’apparente de et s’épanouit dans la liberté.

Ce postulat tient plus ses sources dans la tradition de l’illumination et bien que la tradition anti-illumination ait émis de fortes réserves sur le principe d’illumination qui dispose que le plus grand bien qui puisse arriver à l’être humain c’est la liberté, nous allons ici jumeler quelques dérivées des deux traditions tout en mettant un pan de voile sur la tradition démocratique que nous présenterons prochainement. Les systèmes dictatoriaux sont étrangers à l’être humain nonobstant l’obstination des détenteurs du pouvoir à s’y appuyer résolution et si fréquemment. Mais quel que soit le système en cours dans une nation, le droit des gens est fondamental et primordial pour la stabilité de cette nation.

Au Cameroun, depuis les années 1990, le pays a souscrit à l’idéal politique de la démocratie. La démocratie n’est pas la parfaite des sciences, mais elle est le gouvernail politique du Cameroun et pour ce faire constitue le droit par lequel les gens (le peuple) s’expriment. Nul n’a le droit d’entacher le système démocratique de fétichismes politiques tel que cela a tant été constaté ces dernières décennies. Prenons un cas concret.

En démocratie, la limite des mandats n’est pas une option ; elle n’est pas facultative, mais elle est moralement obligatoire. Pour le cas du Cameroun, la morale semble s’inviter par moment et tout de suite après pourchassée par des agents d’immoralité citoyenne. Voilà pourquoi l’on commence avec un système de de cinq ans de mandats présidentiels puis à celui de sept ans renouvelables une fois comme pour la constitution de 1996 pour se retrouver avec « le président est rééligible » en 2007. Une fois encore, la morale politique veut que l’on limite les mandats en démocratie. Rester au pouvoir pour une durée indéterminée est un état de choses qui viole le droit fondamental des êtres humains, à savoir le droit de choisir. Nous devons pour ce faire, tous travailler à éradiquer l’éternité du pouvoir d’un seul être comme de la peste.

Contre-argument

La démocratie et la limitation des mandats ont tous des avantages et des inconvénients, car rien n’est parfait sous les cieux.

En dehors de la liberté dont s’apparente l’être humain, l’être humain a aussi en lui la semence de la perfection. Voilà pourquoi nous cherchons toujours à nous améliorer. Nous allons à l’école pour acquérir de nouvelles connaissances et de nouvelles approches de l’application de ces connaissances. Nous allons à l’hôpital pour recouvrer la santé et nous améliorer. Nous travaillons pour nous nourrir, nous protéger et investir pour améliorer notre environnement familial et social. Chaque jour le discours public tourne autour de l’amélioration des conditions de vie des populations. Tout cela prouve que nous tendons tous vers la perfection. Nous n’y sommes pas encore, mais pour autant, nous ne croisons pas les bras. Nous avançons vers l’horizon pour atteindre cette perfection un jour.

Allons-nous jamais atteindre la perfection où nous n’aurons plus besoin de rien ? Peut-être que non ! Avons-nous jamais amélioré notre condition humaine depuis le début de la quête de la perfection par la race humaine ? Bien sûr que si !

Vous lisez ce texte parce que nous nous sommes amélioré dans la manière de communiquer. Vous prenez la voiture, le train, l’avion parce que nous nous sommes amélioré dans notre système de transport en tant que humains. Pouvons-nous espérer améliorer notre système politique au Cameroun ? Nous devrions ! Mais nous devons commencer à y travailler dès aujourd’hui et maintenant même.

La démocratie n’est pas parfaite, mais nous conviendrons avec Jean-Jacques Rousseau que « S'il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes. » En d’autres termes, la démocratie a un germe de perfection si nous l’appliquons à bon compte. Et sachant que l’être humain a aussi la semence de la perfection en lui, Rousseau conviendra avec nous qu’un peuple qui aime la liberté suivra les postulats de la démocratie.

Si quelqu’un vous promet de la viande de brousse et vous offre de la viande de mouton, ne vous a-t-il pas dupé ? Pourquoi accepter la dictature alors que l’on nous promettait la démocratie au Cameroun ? Ou alors, blaguait-on ? Et si l’on vous promettait une pirogue et que l’on vous apportait une pirogue faite en paille, l’accepteriez-vous au prix de votre argent ? Mais la promesse de la démocratie est plus lourde à payer que le prix d’une pirogue. Dans une démocratie qui respecte le droit des gens, le gouvernement appartient au peuple.

Cela est le premier postulat de la démocratie. Le peuple le constitue le gouvernement, le modifie et le destitue à volonté. Mais si le peuple ne peut plus avoir le contrôle de sa démocratie ou si la démocratie devient dictée ; davantage si le peuple ne peut plus avoir de mainmise sur son gouvernement tel que cela s’avère être le cas au Cameroun, ce gouvernement a poussé des cornes et des ailes et s’est libéré de la loge de la démocratie. Vous êtes d’accord avec nous qu’un tel gouvernement est devenu un monstre qui dévore ses enfants. Dessinez donc la démocratie camerounaise et dites si elle ne porte pas d’ailes et de cornes sur elle.

Voici un croquis très bref des monstruosités du monstre de la démocratie camerounaise. Samedi 12 mars 2016 à l’hôpital de Laquintinnie de Douala est sauvagement morte Monique Koumaté. Le monde entier a eu les frissons au dos, des filles et fils de notre chère patrie ont versé de chaudes larmes, mais le ministre de la santé a mis le blâme sur tous sauf son incompétence et l’incompétence de son équipe. Vendredi 21 octobre de la même année, un déraillement à Eseka faisait près de 80 morts et plus de 500 blessés. Le ministre des transports a trouvé des raisons qui n’avaient rien à voir avec son incompétence et celle de son équipe à réguler le transport camerounais. Le chef de l’état a décaissé d’un peu de sa scandaleuse fortune pour envoyer aux familles éprouvées pour enterrer leurs morts. – Tuons-les et enterrons leurs morts ils ne diront rien

– Le 10 janvier de l’année 2017 a marqué une autre époque déterminante dans l’histoire sociopolitique du pays avec la grève des avocats anglophones qui s’est dégénérée et a dévoilé au grand jour la peine que nos frères et amis anglophones ont toujours endurée depuis l’aube des indépendances. Tout ce que le gouvernement Biya a fait était d’imposer une répression militaire musclée par des éléments de combat. Voilà des questions de droit fondamental humain que le gouvernement camerounais traite avec mépris, amusement, et un caractère impitoyable.

Dans des gouvernements démocratiques, des têtes auraient sauté. Le ministre de la santé publique aurait démissionné, le ministre des transports aurait démissionné, des actions robustes à caractère social auraient été entreprises. Mais qu’a fait Biya ? Le 23 janvier 2017, il a créé sa fameuse Commission Nationale pour la Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme.

Et, oui, vous avez imaginé juste : il en a fait son vieux camarade, le moisi Peter Mafany Musonge, le grand maître de ladite commission. Entendez, un jeune ne pouvait sûrement pas assumer une telle tâche fictive et nulle. Avez-vous besoin de croquis pour comprendre que le gouvernement de Biya est illégitime ? Laissez-nous vous repréciser que ce gouvernement a violé la tradition anti-illumination qui est la tradition des gens. Pour cela, il est illégitime.

A suivre…