Et si on apprenait à regarder l’homme d’affaires français autrement à travers le prisme dévalorisant imposé par le discours anti-impérialiste avec les scandales à répétition de la France-Afrique ?
C’est dans l’air du temps en Afrique surtout. Des noms comme Vincent Bolloré, grande tête couronnée de la France-Afrique étalée par Antoine Glaser et Stephen Smith, ne laissent personne indifférent.Il est mangé à toutes les sauces d’un panafricanisme qui se réveille tardivement à la réalité des crimes économiques de la colonisation. On ne s’y trompe pas.
Vincent Bolloré est l’un des patrons les plus flamboyants de cette « FrançAfrique » coupable de tous les crimes économiques sur le continent noir depuis les temps de la colonisation. Aujourd’hui, la grogne enfle. Le Cameroun est déjà qualifié d’être « Bolloré SA », parce qu’il y fait la pluie et le beau temps avec son cortège sans fin de monopoles économiques dans tous les secteurs.
Transport, ports, logistique, plantations… A la réalité, à bien y regarder, c’est toute l’Afrique qui est devenue l’Empire Bolloré. Sur les 54 pays que compte le continent, l’homme d’affaires français est présent dans quarante pays au moins, surtout sur sa façade atlantique.
Les procès contre Vincent Bolloré ne sont pas le monopole de ses concurrents qui, mauvais joueurs, se liguent contre le Breton avec des procès intentés par des parties civiles syndiquées. Au fond, à bien y regarder, tous les concurrents du Français sont tous embarqués dans une lutte sans merci pour prendre le contrôle du monopoles que Vincent Bolloré leur a soufflé sous le nez, dans une compétition ouverte et à armes égales.
On a dit « armes égales » ? Ce n’est pas si sûr. L’entreprise Progosa, par exemple, reproche à Vincent Bolloré des manoeuvres souterraines de corruption à fonctionnaires africains. Quelle multinationale, française, belge, suisse ou allemande, n’a jamais songé à laisser des dessous de table pour graisser la patte dans un pays africain ? Bolloré est aussi accablé d’être un peu trop ami avec les hommes politiques de son pays, la France.
Avec la modernisation des méthodes de l’économie mondiale, tous les hommes d’Etat élus jouent volontiers les VIP pour les entreprises de leur pays. François Hollande mouille le maillot à fond pour faire vendre les Rafales de Dassault, tandis que Barrack Obama rend des visites impromptues, y compris à l’heure de Nicodème pour placer quelques Boeing. C’est la règle du jeu mondial de la compétition économique, ceux qui perdent n’ont finalement qu’à s’en prendre à eux-mêmes.
Bolloré, parmi les premiers dans tous les classements
En France, l’on prend tous les classements des plus grosses fortunes du pays, Vincent Bolloré n’est pas seulement parmi les 500 ou les 100, il est parmi les cinq premières fortunes de France, juste après la famille Mulliez, propriétaire des magasins Auchan, Liliane Bettencourt , la vieille héritière de L'Oreal), Bernard Arnault (LVMH), Axel Dumas (Hermès), Serge Dassault (Dassault). Bolloré est juste talonné par Alain Wertheimer de Chanel, François Pinault (Kering) et Xavier Niel Iliad. Pierre Castel, le magnat mondial de la bière et des vins ne pointe qu’à la septième ou à la huitième position.
Mais on sait que notre Pierre castel est resté imbattable dans son domaine et qu’il aurait décidé d’interdire le marché de la bière aux capitaines d’industrie camerounais. Victor Fotso lui a tout revendu, Alphonse Bibehe a joué forfait, seul KadjiDefosso a résisté à la bourrasque programmée. Pourquoi Pierre Castel serait-il plus puissant que Vincent Bolloré ? Les deux Français ne jouent simplement pas sur le même terrain. Une autre famille française qui jouait à rivaliser avec Bolloré a failli y passer dans les années 80.
Vincent Bolloré, très astucieux, avait pu racheter des actions du groupe de son rival en sousmain au point de menacer d’en prendre le contrôle. Le pouvoir politique à dû se mêler du problème, pour faire entendre raison à Bolloré. Mais Bouygues qui a été sauvé de justesse, joue sur autre terrain et dans d’autres territoires, le bâtiment, les travaux publics, les télécoms. Il a pris la leçon du sort servi à Pierre Aim de Saga, qui avait une société concurrente dans le transit et le transport à Douala.
Une OPA inamicale et méchante, et la Saga a été absorbée par Bolloré Logistics pour faire place nette. En récompense de ce coup direct pris en pleine poire, les femmes ont été se balader un peu, sur un yacht aux Caraîbes, aux frais de Vincent. Un grand n’est pas un petit.
Et le vaincu sait se la boucler. Puis, Bolloré ne fait aucun mystère de ses méthodes. Pour lui, c’est plutôt « commando » et beaucoup moins armée régulière ». Les Camerounais ont beaucoup de sympathie pour Bernard Tapie, le fringuant patron de l’Olympique qui savait parler au nom de l’argent. Avec sa grande gueule, il n’a jamais figuré au palmarès 500 des plus grosses fortunes de France.
Aliko Dangoté, le Nigérian premier milliardaire africain selon les classements Forbes, bénéficie de la même cote d’amour que Bernard Tapie. Ce dernier serait mort et enterré après ses déboires avec la justice française sans le coup de pouce très politique de Christine Lagarde, ministre de l’Economie et des Finances sous Nicolas Sarkozy. Un tribunal de prud’- hommes organisé à la hâte et en cachette pour sauver la mise au Nanar, qui en était à vendre ses vieilles paires de chaussettes, longtemps après avoir vendu le Phocea, son Yacht dont il se vantait un peu trop. Bernard Tapie qui dispensait de grandes leçons sur l’art d’être riche n’a rien à enseigner à Vincent Bolloré.
Pour devenir riche et le demeurer, il faut faire copaincopain avec les politiques. Dangoté, le premier milliardaire africain, n’est rien de plus qu’une fabrication du président Olusegun Obasanjo. Dans une folle guerre contre la corruption au Nigeria, le général arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, avait fait arrêter tous les gros commerçants vendeurs de farine, de sucre et de riz. Pour continuer à nourrir ses 160 millions d’habitants, il a servi des licences d’importation en exclusivité à AlikoDangoté. On connaît la suite.
Mais, posons la question ; que pèse un milliardaire africain, fût-il le premier, face à la cinquième fortune d’un pays comme la France ? Une chose est sûre, lorsqu’on a pu devenir très riche, on doit s’entendre avec le pouvoir politique. Sinon, le même pouvoir politique viendra vers vous pour vous broyer ou pour vous contraindre à coopérer.
Dangoté tutoie tous les présidents nigérians, comme Paul SoppoPriso au Cameroun tutoyait Ahidjo et Paul Biya. Le procès stupide qu’on a pu faire à Vincent Bolloré, c’est cette manie qu’il avait de payer des vacances à Nicolas Sarkozy. Il a répondu en ironisant : aucune loi de la terre n’interdit d’offrir un cadeau à un ami. Voilà qui est clair. Sauf que le Breton sait à chaque fois ce qu’il gagne derrière tous ces cadeaux généreusement offerts à Nicolas Sarkozy.
l’Homme qui sait où mettre son argent
Le Groupe Bolloré a eu un ancêtre bien connu au Cameroun, la Socopao. Dans le transport te dans le transit, la réputation d’investisseur zéro colle à la peau du groupe comme une seconde nature. Le Groupe s’est diversifié dans la logistique intelligente, mais on n’y voit que, au Cameroun, les rails de Camrail, le terminal à conteneurs à Douala et le second à Kribi. On est bien loin du compte. Dans une enquête soigneusement menée de Thomas Deltombe pour le compte du journal « Le Monde », le groupe est accusé de ne rien dépenser de sa poche pour financer des infrastructures. Ce sont les Etats qui s’en occupent.
encore, soutient le cadre du groupe. « Cela généralement et uniquement dans des secteurs où personne ne veut s’aventurer ; par exemple, le transport en Afrique, où nous sommes les seuls. Tout cela représente quelques dizaines de millions d’euros, c’est-à-dire moins de 1 % de notre chiffre d’affaires. Tout est résiduel » Ainsi donc, Camrail, le chenal du port de Douala, le pipeline et les terminaux ne seraient que des activités résiduelles.
Personne au Cameroun n’achètera ça. Mais on sait que le groupe Bolloré investit très lourdement et dans des technologies innovantes dans des pays comme le Sénégal. Le groupe a mis au point une technologie révolutionnaire, c’est-â-dire inédite, qui permet de stocker l’énergie solaire et de produire de l’énergie électrique en continu. Avec la possibilité de faciliter l’irrigation des sols pour des milliers d’hectares de terres en friche. Avec l’aide d’un partenaire stratégique comme Bolloré, le Sénégal a déjà fait un grand bond vers son émergence.
Sur un tout autre plan, Vincent Bolloré a son idée du développement du continent africain. Et de la lutte contre la pauvreté. Au Cameroun, nous avons une bourse des valeurs mobilières qui n’a encore enregistré que trois ou quatre entreprises cotées. Deux entreprises cotées à la DSX représentent plus de 70 % de la capitalisation boursière de la place de Douala, la Socapalm et la Safacam.
L’introduction de ces sociétés en bourse permet d’avoir des Camerounais qui se bombent le torse d’être des actionnaires de la Socapalm ou de Safacam. Sur ce plan seulement, Aliko Dangoté qui s’est juré de mettre Lafarges au chômage en Afrique, ne fait pas au Cameroun ce qu’il fait déjà si bien au Nigeria. Pour chaque cimenterie créée par Dangoté dans son pays, il fait des appels à l’épargne privée.
Ce sont des actions achetées par des citoyens nigérians qui financent la majeure partie des investissements entrepris par AlikoDangoté. Pourquoi n’aurait-il pas la même idée au Cameroun ? Au moins les Camerounais seront tous fiers d’acheter du ciment Dangoté en sachant qu’ils en rentabilisent leur investissement en actions dans la cimenterie. Le milliardaire nigérian va en construire une deuxième à Yaoundé, mais il n’a pas encore pensé aux Camerounais. Ce sera là toute la nuance.