Opinions of Saturday, 3 June 2023

Auteur: Dieudonné Essomba

Les réseaux sociaux sont devenus un lieu d’aboiement contre les rares Camerounais assez lucides

Il revient sur l'affaire des discours tribalistes au Cameroun Il revient sur l'affaire des discours tribalistes au Cameroun

Les réseaux sociaux sont devenus un lieu d’aboiement contre les rares Camerounais assez lucides pour voir la tragédie qui se dessine au Cameroun, au sujet de notre vivre-ensemble. A en croire la meute responsable de cette campagne malsaine contre le Professeur Abe et moi-même c’est nous qui serions responsables de la chasse aux allogènes par notre discours et ils se demandent même pourquoi nous ne sommes pas encore en prison.

Or, Abe et moi, nous sommes des Eton d’Okola ! Si notre discours avait été une incitation à la guerre tribale, la chasse aux allogènes aurait naturellement commencé d’abord à Okola ou à la Lekié, là où se trouvent les nôtre ! Or, ce n’est pas ce qui se passe, puisque ces mouvements hostiles ont eu lieu dans d’autres arrondissements, dans d’autres départements, dans d’autres Régions, chez les Bulu, les Mbo, les Bamoun ou les Anglophones, des gens qui ne nous connaissent pas et se fichent de nos opinions come d’une guigne !

Qui sommes-nous donc pour aller imposer notre discours à ces gens alors que nous n’arrivons pas à l’imposer à nos familles ?
Ce n’est pas en détournant le regard des données factuelles qu’on va régler les problèmes au Cameroun. Les communautés ne se font jamais des guerres parce qu’il ya des discours de haine ! Les Communautés se font des guerres parce qu’elles sont en compétition dans un espace vital !

Et chaque fois qu’il y a une telle compétition, la confrontation est inévitable ; il est radicalement impossible de l’éviter !
C’est d’ailleurs là la cause unique de toutes les guerres sanglantes et els génocides de l’Humanité.

Le discours tribal n’y est donc pour rien. C’est un simple révélateur des dysfonctionnements du vivre-ensemble dont le terme logique est la confrontation. Autrement dit, ce n’est pas ELIMBI LOBE qui va créer la guerre au Littoral, mais la mauvaise régulation intercommunautaire entre les autochtones. Et cette conflagration, aura lieu, qu’il y ait ELIMBI LOBE ou non.

Comme j’ai eu à le dire, l’Etat unitaire et ses « unités nationales administratives, est entrain de multiplier les tensions intercommunautaires partout au Cameroun, alors qu’il est incapable de els réguler. L’application d’une loi unitaire à des communautés très divergentes se traduit par des réponses divergentes à l’action publique et aux divers chocs, avec pour conséquence une intégration de plus en plus différenciée dans l’économie moderne.
Nous sommes là clairement devant une situation qui transforme le Cameroun en une terrible bombe. Et cela ne peut que finira très mal.

LA GESTION DES ETHNIES DANS L’ETAT CHINOIS

J’ai toujours dit et redit que pour gérer l’extrême diversité du Cameroun, nous n’avons pas besoin de réinventer le fil à couper du beurre. Nous n’avons qu’à nous inspirer des exemples qui marchent ailleurs, autrement dit, qui maintiennent la paix et le développement.

De ce point de vue, il n’existe personne au monde pour contester ni la solidité des institutions de la Chine, ni l’efficacité de son modèle d’organisation économique. C’est la deuxième puissance économique du monde et il ne faudra plus que quelques années pour qu’elle s’empare de la première place. Sur le plan politique, c’est un pays extrêmement stable

Pourtant, l’organisation politique de la Chine est basée sur les ethnies. Les articles de la constitution sont implacables sur les droits des ethnies et l’interdiction formelle de tenter d’attaquer sous quelque forme que ce soit ni les droits, ni l’intégrité d’une ethnie.

Personne dans le monde n’a jamais qualifié la Constitution Chinoise ni de développer l’apartheid, ni d’empêcher l’unité nationale, ni d’entraver le développement, ni de se détourner de l’avenir.

L’exemple chinois qui est la référence mondiale par excellence de la gestion de la diversité dans l’unité nous fournit une belle leçon de ce qu’il faut faire. Et à moins d’être par un esprit diabolique, on ne peut se promouvoir une pseudo-république abstraite, qui ignorerait le fait ethnique dans un pays comme le Cameroun, en l’évacuant de l’organisation de l’Etat.

Lisons plutôt ces extraits de la Constitution chinoise, suivant des articles dans la constitution qui ne donnent lieu aucune ambiguïté.

Cf : EXTRAITS DE LA CONSTITUTION CHINOISE DE 1982 ET DE SES AMENDEMENTS JUSQU’EN 2004
https://www.contreculture.org/SP_Constitution_chinoise.html

Préambule

La Chine est l'un des pays dont l'histoire est l'une des plus anciennes du monde. Les ethnies de Chine ont toutes ensemble créé une brillante culture et possèdent une glorieuse tradition révolutionnaire. A partir de 1840, la Chine féodale est peu à peu devenue un pays semi-colonial, semi-féodal. Pour gagner l'indépendance nationale, la libération des ethnies et les libertés démocratiques, le peuple chinois a entrepris des combats courageux qui se sont succédés les uns aux autres.

Au XXème siècle, la Chine a connu d'immenses bouleversements historiques. La révolution dite 'Xinhai' de 1911, dirigée par M. Sun Yat-sen, a aboli la monarchie féodale et instauré la République de Chine. Mais la mission historique du peuple chinois, qui consistait à renverser l'impérialisme et le féodalisme, n'était pas achevée.

En 1949, toutes les ethnies de Chine, sous la direction du parti communiste chinois mené par le Président Mao Zedong, après une longue période pleine de vicissitudes et de combats difficiles, qu'ils soient sous forme armée ou d'autres formes, ont finalement renversé l'impérialisme, le féodalisme et le capitalisme bureaucratique ; elles ont remporté la grande victoire de la révolution néo-démocratique et fondé la République populaire de Chine. Dès lors, le peuple chinois a pris en main le pouvoir de l'Etat et est devenu le maître du pays.(...)

… Sous la direction du parti communiste chinois et guidées par le marxisme-léninisme, la pensée de Mao Zedong, les théories de Deng Xiaoping et les importantes idées de la Triple représentation, les ethnies chinoises continueront de suivre la voie socialiste, de pratiquer la politique de réforme et d'ouverture, d'améliorer sans cesse l'ensemble du système socialiste, de développer l'économie de marché socialiste et la démocratie socialiste, de mettre en place un système législatif socialiste complet, de voler de leurs propres ailes et de lutter sans crainte des difficultés, de moderniser peu à peu l'industrie, l'agriculture, la défense nationale et les sciences et techniques, de promouvoir le développement harmonieux de la civilisation matérielle, de la civilisation politique et de la civilisation spirituelle pour faire de la Chine un Etat socialiste riche et puissant, démocratique et civilisé (…)

… La République populaire de Chine est un pays multi-ethnique unifié fondé en commun par toutes les ethnies du pays. Les relations socialistes déjà établies sont des rapports d'égalité, de solidarité et d'entraide, elles continueront à se renforcer. Dans le combat pour la sauvegarde de l'union des ethnies, il faut s'opposer au chauvinisme de grande ethnie, et en particulier au chauvinisme grand Han, il faut aussi s'opposer au nationalisme local. L'Etat doit consacrer tous ses efforts à la prospérité commune de toutes les ethnies.

Les succès remportés dans la révolution et l'édification de la Chine ne peuvent être dissociés du soutien des peuples du monde. L'avenir de la Chine est étroitement lié à l'avenir du monde. La Chine poursuit une politique extérieure indépendante et autonome, et soutient les cinq principes qui sont : respect mutuel de la souveraineté et de l'intégrité territoriale, non-ingérence réciproque dans les affaires intérieures, égalité et avantages réciproques, coexistence pacifique ; elle continue de s'opposer à l'impérialisme, à l'hégémonisme et au colonialisme, elle renforce sa solidarité avec les peuples du monde entier, soutient les ethnies opprimées et les pays en voie de développement dans leur juste lutte pour l'acquisition et la protection de leur indépendance nationale et le développement de leur économie nationale, elle consacre tous ses efforts au maintien de la paix mondiale et au progrès de l'humanité (…)

Chapitre I : Principes généraux.

Article 3 : Les organes d'Etat de la République populaire de Chine mettent en pratique le principe de décentralisation démocratique (…)

Article 4 : Toutes les ethnies de République populaire de Chine sont égales. L'Etat protège les droits et intérêts légitimes de toutes les ethnies, maintient et développe des relations interethniques fondées sur l'égalité, la solidarité et l'entraide. Toute discrimination ou oppression d'une ethnie, quelle qu'elle soit, est interdite ; tout acte visant à briser l'unité nationale et à établir un séparatisme ethnique, est interdit. Tenant compte des particularités de chaque ethnie minoritaire, l'Etat aide les régions d'ethnies minoritaires à accélérer leur développement économique et culturel.

Les régions où se rassemblent les minorités ethniques appliquent l'autonomie régionale ; elles établissent des organes administratifs autonomes et exercent leur droit à l'autonomie. Aucune des régions d'autonomie ethnique ne peut être séparée de la République populaire de Chine. Chaque ethnie a le droit d'utiliser et développer sa propre langue et sa propre écriture, a le droit de conserver ou réformer ses us et coutumes.

Article 30 : (…) Les régions autonomes, département autonomes et districts autonomes sont des territoires gérés de façon autonome par les ethnies.

Article 59 : L'Assemblée nationale populaire est composée des représentants élus des provinces, régions autonomes, municipalités relevant directement du gouvernement central, des régions administratives spéciales et de l'armée. Les différentes ethnies doivent avoir des représentants en proportion adéquate.

Article 65 : (…) Parmi les membres du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire, il doit y avoir une proportion adéquate de représentants des ethnies minoritaires.

Article 99 : (…) Les assemblées populaires des cantons ethniques peuvent, dans la limite des pouvoirs que leur accorde la loi, adopter des mesures concrètes adaptées aux particularités ethniques.

Sixième section : Les organes autonomes des régions d'autonomie ethnique

Article 112 : Les organes autonomes des zones ethniques autonomes sont les assemblées populaires et les gouvernements populaires des régions autonomes, départements autonomes et districts autonomes.

Article 113 : Au sein des assemblées populaires des régions autonomes, départements autonomes et districts autonomes, à part les représentants de l'ethnie exerçant l'autonomie régionale, les autres ethnies résidant dans la zone administrative doivent avoir des représentants en nombre approprié.

Dans les comités permanents des assemblées populaires des régions autonomes, départements autonomes et districts autonomes, le poste de président ou de vice-président doit être attribué à un ressortissant de l'ethnie exerçant l'autonomie.

Article 114 : Le Président d'une région autonome, le chef d'un département ou d'un district autonome est un citoyen de l'ethnie exerçant l'autonomie dans la zone.

Article 115 : Les organes administratifs des régions autonomes, départements autonomes et districts autonomes exercent les pouvoirs des organismes locaux d'Etat définis dans la cinquième section du chapitre III de la Constitution ; en même temps, ils exercent un pouvoir d'autonomie dans les limites fixées par la Constitution, la loi sur l'autonomie des régions ethniques et par d'autres lois, ils appliquent les lois et la stratégie de l'Etat en fonction des conditions réelles de la région.

Article 116 : Les assemblées populaires des zones ethniques autonomes ont le droit d'émettre des règlements d'autonomie et règlements particuliers en fonction des particularités politiques, économiques et culturelles des ethnies locales. Les règlements d'autonomie et règlements particuliers des régions autonomes ne peuvent être mis en application qu'après approbation du Comité permanent de l'Assemblée nationale populaire. Les règlements d'autonomie et règlements particuliers des départements et districts autonomes ne peuvent être mis en application qu'après approbation du comité permanent de l'assemblée populaire de la province ou de la région ; de plus, ils doivent être transmis au comité permanent de l'Assemblée nationale pour enregistrement.

Article 117 : Les organes autonomes des zones ethniques autonomes ont le droit de gestion autonome des finances de leur zone. Toutes les recettes qui, selon le système financier de l'Etat, appartiennent aux zones ethniques autonomes doivent être utilisées de façon autonome par les organes autonomes des zones ethniques autonomes.

Article 118 : Sous la direction du plan national, les organes autonomes des zones ethniques autonomes organisent et administrent librement les travaux de construction économique de caractère local.
L'Etat doit veiller aux intérêts des zones ethniques autonomes quand il exploite les ressources naturelles ou établit des entreprises dans ces zones.

Article 119 : Les organes autonomes des zones ethniques autonomes administrent librement l'éducation, les sciences, la culture, la santé et les sports de la zone, protègent et ordonnent le patrimoine culturel ethnique, développent et font rayonner la culture des ethnies.

Article 120 : Les organes autonomes des zones ethniques autonomes peuvent, en respectant le système militaire national et les besoins locaux, après approbation du Conseil des affaires d'Etat, organiser des forces de sécurité publique pour garantir l'ordre social.

Article 121 : Les organes autonomes des zones ethniques autonomes, dans l'exercice de leurs fonctions, utilisent, conformément aux règlements d'autonomie des zones ethniques autonomes, l'une ou plusieurs des langues et écritures en usage dans la zone.

Article 122 : Dans les domaines financiers, matériels et techniques, l'Etat aide toutes les ethnies à accélérer leur édification économique et culturelle. L'Etat aide les zones ethniques autonomes à former parmi les ethnies locales un grand nombre de cadres de tous niveaux, de talents et de techniciens en toutes spécialités.

Septième section : Les Cours populaires de justice et les parquets populaires.

Article 134 : Les citoyens de toutes les ethnies ont le droit d'utiliser, au cours des procès, leur propre langue et leur propre écriture. Les cours populaires de justice et les parquets populaires doivent assurer la traduction pour les parties ne connaissant pas les langues et écritures locales.

Dans les régions à forte concentration d'une ou plusieurs ethnies, il faut utiliser, au cours des procès, la langue en usage dans la région ; les actes d'accusation, verdicts, avis au public et autres documents utilisent, selon les besoins réels, la ou les écritures en usage dans la région.

MON COMMENTAIRE : Voilà, en d’autres termes, ce que les prétendus « Républicains du Cameroun « qualifient d’antipatriote, de combat contre l’évolution, de lutte contre l’unité nationale. comme si la Chine a adopté ce modèle, c’est bien que ses citoyens ont assez d’intelligence pour comprendre qu’il n’y a pas de solution dans la négation institutionnelle des Communautés, et que pour créer un système stable et pérenne, il faut partir de là.
C’est le seul modèle qui peut assurer la paix et le développement dans un pays aussi hétérogène que le nôtre. Et C’est cela qu’ont compris le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Ethiopie, qui, en dépit des difficultés, évaluent alors que nous régressons.

Faudrait-il que le Cameroun s’effondre dans une guerre tribale généralisée pour qu’on comprenne qu’il faut sortir dans ce modèle d’Etat qui nie les communautés, au lieu de les gérer ? Car c’est à cela que nous nous dirigeons irréversiblement si nous persistons dans cette sorte d’unité nationale décrétée à Etoudi et qui n’a aucune valeur opérationnelle pour le Cameroun.