Opinions of Thursday, 5 May 2016

Auteur: Sandrine Gaingne

Les zones marécageuses, de véritables bassins de production

Elles sont généralement prisées par les agriculteurs à cause de leur fertilité.

Les zones marécageuses sont réputées par l’humidité qui les caractérise. Ces zones peu recommandées pour les constructions des habitations sont pourtant très prisées par les agriculteurs à cause de nombreuses potentialités dont elles recèlent. L’humidité qui caractérise cette zone est un facteur important pour la production agricole.

En fait, les experts définissent ces zones comme étant des terrains exploités ou non, habituellement inondés d’eau de façon permanente ou temporaire pendant une partie de l’année. « Les sols dans les marécages sont très fertiles et donnent donc de bons rendements », confie Thérèse Zambou, technicienne agricole.

Conscient de cet état de chose, Paul Gadom, agriculteur dans la région du Littoral a tout fait pour avoir une parcelle de terre dans une zone marécageuse non loin de Yassa à Douala.« J’ai pu juste avoir une petite parcelle que l’un de mes amis m’avait prêté pour faire mes cultures », explique-t-il.

Les débuts ne furent pas faciles pour cet agriculteur car, « je n’étais pas encore habitué à travailler dans ces zones humides ». Toutefois, cette difficulté n’a pas inhibé sa volonté de pratiquer l’agriculture dans cet environnement difficile. Il a donc fait appel aux services d’un ami qui lui a donné quelques conseils pour viabiliser cette zone.

« Au départ, ça a été très difficile pour moi, parce qu’il fallait maitriser l’eau », affirme-t-il. Grâce aux conseils de son ami, il a expérimenté des techniques de contrôle hydraulique dans les marécages. « Je détenais une parcelle dans le marécage d’environ 625 m2. Ce n’était pas grand-chose. Il fallait donc optimiser au maximum afin de profiter largement de cet espace », précise le jeune homme de 35 ans.

Le jeune agriculteur va ainsi creuser tout à côté de sa plantation un petit étang devant lui permettre de capter et de conserver l’eau des fortes pluies. Et prévenir dans le même temps les effets néfastes du surplus hydraulique dans sa plantation. « Dans les zones marécageuses, il arrive régulièrement que l’eau envahisse les plantations, surtout en haute saison de pluies. Cette technique utilisée me permettait tout au moins de travailler en basse saison dans cette zone sans avoir peur que les pluies recouvrent toute la plantation, et que mes cultures en pâtissent », expliquet-il.

En plus du petit étang, il a creusé tout autour du champ une rigole afin d’irriguer l’eau dans la plantation, notamment en saison sèche. Toutes ces techniques lui ont permis de mener aisément ses activités champêtres au cours de l’année et d’obtenir de meilleurs rendements. « En zone marécageuse, la production est largement plus rentable qu’en zone de savane. Sur mon espace de 625m2, j’ai pu avoir le triple de ce que j’avais sur le même espace en savane », soutient-il. La fertilité des sols humides incite de plus en plus les agriculteurs à rechercher ces espaces.

« On travaille peu, mais on gagne gros », affirme Paul Gadom. Cependant, travailler dans les zones humides nécessite un entretien et un suivi particulier. En effet, à cause de la fertilité du sol, les herbes y poussent très rapidement. Toute chose qui nécessite le désherbage régulier du champ. Raison pour laquelle, les agriculteurs des zones marécageuses sollicitent régulièrement de l’aide. Mais, ici, la main d’œuvre est trois fois plus chère que sur des terrains arides, car, travailler ici est plus complexe, apprend-on.

En zone marécageuse, les agriculteurs utilisent également des engrais comme sur les terres arides afin d’obtenir un rendement plus optimal. Cependant, « on utilise moins d’engrais dans les marécages car, le sol est déjà assez fertile. En principe, il n’est pas nécessaire d’utiliser les engrais, mais, les agriculteurs en veulent toujours plus en terme de rendement », affirme Thérèse Zambou, technicienne agricole.