Ma’a. Tôt ce matin, aux aurores je suis parti. Avant les premiers rayons du soleil je me suis levé, léger, pressé. J’ai quitté ma couche, ma chambre si sécurisante, mon nid si chaleureux, après cette visite, ce rare moment attendu, que je sais si heureux pour toi.
Je rejoints ce que tu appelles le « champ de feu », et que je nomme le «Champ d’honneur »
Sur le chemin, regardant une fois encore la maison de mon enfance ; Je cache ma frayeur et ma peur, la larme retenue, le cœur ferme.
J’avance avec le souvenir récent du baiser maternel posé sur mon front ;
J’avance bercé par le chant familier des oiseaux de nos manguiers.
Ma’a
Avec émoi j’ai découvert le mot que tu as glissé dans ma veste ;
Je l’ai lu et relu avec émotion et comme un talisman divin je l’ai remis sur mon cœur.
Ma’a
Ne t’inquiète pas, J’ai choisi l’honneur en acceptant la coupe du devoir et le nectar de la gloire. Au départ, ma vocation déclarée, l’enseignement a été contrariée faute d’emploi décent. Souhaitant m’insérer et devenir un adulte responsable et respecté. J’ai présenté le concours du BIR que j’ai brillamment réussi, tu en étais si fière.
Je découvrais ainsi combien, la discipline, l’ordre, l’intégrité, la dignité sont importantes ; Je découvrais également que le sens des responsabilités et le respect des engagements, m’anoblissent ;
Je découvrais surtout combien la vie est importante et pourquoi elle doit être respectée.
Aujourd’hui je pense avoir trouvé le sens profond de la vie sur terre. Rien et tout à la fois. Je sais, tous les matins tu trembles pour moi et tous les soirs tu pries pour moi.
Ma’a n’ait pas peur !
Quand je me bats c’est avec la fougue du char des Dieux en pleine éruption !
Quand je me bats c’est porté par la force sublime du Lion des savanes resté indomptable !
Quand je me bats c’est avec la rage au cœur de la panthère de l’Ouest !
Quand je me bats c’est avec la prudence inégalée du serpent à deux têtes du Pays Bamoun !
Quand je me bats c’est poussé par la mélodie saccadée commandée par les guerriers pygmées !
Quand je me bats, mon épopée chantée par le Mvett et les balafons du sud me précède !
Quand je me bats, subtil comme le filet des élégants pêcheurs de la côte, je traque mon adversaire !
Quand je me bats j’avance avec une fierté affirmée et le port altier des hommes du Nord !
Quand je me bats, c’est supporté par la témérité des dieux des Monts Coupé et Manengouba !
Quand je me bats c’est inspiré par la ruse des eaux des Mayo qui se cachent sous le sable fin et doré !
Quand je me bats c’est gonflé par le sacrifice des héros nationalistes de mon pays !
Quand je me bats c’est avec la spiritualité des Mpo et la détermination des Eton !
Quand je me bats, c’est pour mon Pays le Cameroun, pour mon peuple si divers et si uni !
Ma’a, quand je me bats c’est avec la foi inébranlable au Dieu que tu m’as appris à aimer.
Ma’a souviens-toi
Si je tombe, noyé dans mon sang, la main sur mon cœur
Si la vie me quitte, sous les coups des lâches sans visages
Si mon corps s’éclate dans le sahel ou dans les airs
Je partirais avec le bonheur d’avoir suscité en toi autant de fierté
La fierté d’une reine-mère qui a compris le sens du sacrifice ultime que je suis prêt à assumer
La fierté d’une femme qui a accepté de donner son fils unique
Ma’a je ne mourrais pas!
Les portes de la mort ne s’ouvriront pas pour moi !
Au mois de Juin, Lors de ma prochaine permission
Je t’amènerai Mariam, l’élue de mon cœur une gazelle originaire de Waza.
Ma’a nous avons décollé !
Ton fils, le Guerrier Camerounais