Opinions of Wednesday, 26 August 2015

Auteur: lepays.bf

Lutte contre Boko Haram: Que peut faire Ban Ki- Moon ?

Ban Ki-Moon touche du doigt la réalité du phénomène Boko Haram. En effet, la veille de l’arrivée du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) au Nigeria, la secte islamique s’est empressée de perpétrer une attaque contre… le chef d’Etat-major général de l’armée nigériane en personne.

Un comité d’accueil exceptionnel qui en dit long sur l’état d’esprit de la nébuleuse. Abubakar Sekhau et ses hommes entendent montrer qu’ils sont bel et bien là. Ban Ki-Moon, lui, est bien averti de la dangerosité de ce groupe islamiste. Du reste, l’objet principal de sa présence dans le pays, n’est-il pas la commémoration des attentats dont ont été victimes des employés des Nations unies en 2011 ?

C’est donc en homme bien au fait de la problématique Boko Haram, qu’il s’est présenté au Nigeria. Lui qui a également une pensée pour les filles de Chibock enlevées dans leur école par Boko Haram et dont on n’a toujours pas retrouvé trace.

Le continent africain se montre incapable de se laver la figure quand la communauté internationale lui lave le dos

Cette visite intervient, faut-il le rappeler, à un moment où la force multinationale de lutte contre Boko Haram peine à se mettre en place. Principale raison de cette difficulté, l’insuffisance de ressources financières. Il est notoire que le nerf de la guerre est ce qui manque le plus pour conduire à bien les missions de ce genre sur le continent africain. Et cela n’est pas à l’honneur de l’Afrique. Loin s’en faut.

Les Africains n’ont de cesse de réclamer à cor et à cri leur souveraineté sans prendre les dispositions pour l’assumer comme il se doit. Résultat, les Nations unies sont présentes dans bien des pays du continent pour ramener la paix, d’autant que l’Union africaine (UA) est généralement aux abonnés absents. Le continent africain se montre ainsi incapable, ne serait-ce que de se laver la figure, quand la communauté internationale lui lave le dos.

Certes, l’UA peut se targuer d’avoir conçu un mécanisme de prévention et de résolution des conflits avec une force en attente, entre autres. Mais, ces institutions et mécanismes n’existent que sur papier. La preuve, l’UA est jusque-là restée très peu active dans cette lutte contre Boko Haram, comme d’ailleurs dans bien d’autres dossiers relatifs à des questions de sécurité.

Les difficultés d’opérationnalisation de la force multinationale de lutte contre Boko Haram et l’atonie de l’UA, illustrent à souhait l’inefficacité de ces institutions qui ne sont juste bonnes que pour meubler le décor et qui se dérobent quand leur responsabilité les appelle. C’est bien dommage, et c’est cela la triste réalité des institutions africaines : bien souvent des coquilles vides.

Il faudra donc espérer que le Secrétaire général des Nations unies apporte des solutions concrètes. Mais que peut bien faire Ban Ki Moon? En effet, la lutte contre l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest est si complexe qu’on se demande ce que peut bien apporter l’organisation onusienne. Ce d’autant plus que les premiers concernés par le problème, les Nigérians, ont fait preuve d’une incapacité innommable à s’illustrer positivement dans cette lutte.

Une quelconque intervention rapide des Nations unies est une véritable gageure


Certes, l’arrivée de Muhammadu Buhari au pouvoir et sa volonté affichée d’en finir avec les islamistes radicaux, constitue un motif d’espoir. Mais, la partie est loin d’être gagnée. Comme on peut le constater, après que l’armée tchadienne lui a infligé de sérieux revers, le mouvement islamiste a opté pour la guerre asymétrique. Une nouvelle dimension de la guerre qui nécessite bien des moyens de renseignements et une capacité d’intervention pointue. Toute chose que la faiblesse des ressources financières ne permet pas d’opérationnaliser.

Il importe que le Secrétaire général des Nations unies fasse le lobbying nécessaire afin que la lutte contre Boko Haram s’internationalise davantage. Cela a toute son importance au regard non seulement des crimes abominables de cette secte, mais aussi et surtout de son allégeance à l’Etat islamique (EI) qui s’est imposé comme un danger énorme pour l’humanité tout entière.

Le problème avec les Nations unies réside dans leur trop grande bureaucratie et aussi dans le fait que les divergences entre grandes puissances déteignent parfois sur les réponses aux urgences auxquelles le monde doit faire face. Le jeu des intérêts des grandes puissances plombe très souvent les capacités de réaction urgente du Conseil de Sécurité. C’est dire combien une quelconque intervention rapide des Nations unies dans la lutte contre Boko Haram, est une véritable gageure.

Pourtant, il faudra que l’ONU se résolve à s’engager dans cette lutte. Elle ne peut pas se contenter de commémorer des attentats contre son personnel et se soucier très peu du sort des milliers de personnes massacrées au quotidien par ces « fous de Dieu ». Une telle attitude serait indécente de la part d’une organisation qui se veut respectable et à la pointe de la défense des droits de l’Homme.


En tout cas, le meilleur service que l’ONU puisse rendre au Nigeria, serait de l’aider à se débarrasser de cette vermine et des effets dévastateurs de son action quotidienne sur les populations. Si Boko Haram devait reprendre du poil de la bête et voler à nouveau de victoire en victoire, c’est Daech qui jubilerait. C’est donc la paix dans le monde, dont la préservation est l’une des missions principales de l’Organisation mondiale, qui est ainsi en jeu. Gageons que les Nations unies sauront relever le défi.