Les fonds pour armer la force ne sont pas encore disponibles.
Le 25 mai 2015, le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l’Union africaine (UA), Smail Chergui, le secrétaire exécutif de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT), Sanusi Imram Abdullahi, et le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense nationale et des anciens combattants de la République du Tchad, Benaindo Tatola, ont procédé à N’Djamena, à l’inauguration officielle du quartier général opérationnel de la Force multinationale mixte (FMM) déployée par les États membres de la Cblt et le Benin, pour lutter contre le groupe terroriste Boko Haram.
Le QG opérationnel de la FMM aura un effectif d’environ 100 personnels militaires et civils fournis par les États membres de la Cblt et le Bénin.
Il comprendra des officiers de liaison déployés par l’Union africaine et des partenaires bilatéraux et multilatéraux, et opérera sous l’autorité du général de division Tukur Buratai du Nigeria, commandant de la force.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine avait déjà approuvé le concept d’opération stratégique tel que convenu lors de la réunion d'experts, tenue à Yaoundé du 5 au 7 février 2015, en vue de faciliter la mise en oeuvre efficace du mandat et des tâches de la FMM; et autoriser une augmentation de l'effectif de la FMM de 7 500 à 10 000 personnels militaires et autres.
Quid donc de la date effective du lancement de cette opération, jusqu’ici restée très abstraite ? Et c’est bien là que la question coince.
Selon des indiscrétions de l’hebdomadaire panafricain «Jeune Afrique», l’UA a réussi à lever des fonds auprès de l’Union européenne et du Royaume-uni notamment.
«L’argent devrait servir à équiper l’état-major, à nourrir les troupes, mais pas à acheter des armes», confie même une source à l’hebdomadaire panafricain.
Il est clair que la coalition ne pourra se déployer efficacement qu’après l’adoption d’un mandat de l’ONU, lequel devrait permettre de lever très rapidement des fonds auprès des donateurs.
Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères a pris son bâton de pèlerin en février dernier pour justement plaider cette cause, se rendant coup sur coup à Ndjamena, Yaoundé et Niamey.
Il avait alors vertement fustigé la collaboration poussive entre le Nigeria et ses trois voisins. De son côté, l’ONU n’attend pas seulement trouver des solutions militaires, mais globales.
Les observateurs en veulent pour preuve les déclarations faites à la suite de la convocation d’une réunion d'urgence du Conseil de l’ONU en avril 2015, suite à l'initiative des Etats du Groupe africain de l'ONU, qui en ont déposé la requête par l'intermédiaire de l'Algérie.
«Il est impossible de trouver les solutions à un problème si les dimensions réelles qui sous-tendent ce problème sont ignorées», avait alors affirmé le haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.
Mais la France est bien consciente que d’autres acteurs ont un rôle à jouer et active la diplomatie du couloir. Il faut désormais, en effet, compter sur les Etats- Unis qui s’activent aujourd’hui auprès du Nigeria.
Rechignant à vendre ses armes au géant nigérian sous l’ère de Goodluck Jonathan, accusé de mollesse suspecte face à Boko Haram, les USA sont aujourd’hui disposés à armer Buhari, et accessoirement Mahamadou Issoufou du Niger.
En effet, le Nigeria semble avoir pris la lutte à bras le corps en intégrant le mois dernier 481 nouvelles recrues dans l’armée et en installant le haut commandement à Maiduguri.