«Je voudrais inviter les populations à respecter les consignes qui leur sont données, car c’est la seule voie par laquelle nous pouvons débloquer définitivement cette situation. Un arrêté avait été pris en bonne et due forme et qui interdit les marchés dans les zones frontalières, mais les gens persistent à aller dans ces localités à l’insu des autorités administratives et des forces de maintien de l’ordre. Dernièrement un camionneur est encore tombé dans l’embuscade alors que des dispositions ont été prises pour escorter de Kousseri à Dabanga et deMora à Dabanga avec échange de camionneurs.
Il suffit tout simplement de respecter ces consignes. Malheureusement nous constatons que les gens sont pressés. Nous saisissons cette opportunité pour inviter les uns et les autres à plus de responsabilité, à respecter les consignes qui ont été données. Les forces de l’ordre font leur travail, les comités de vigilance appuient également les forces,mais nous constatons que les populations elles-mêmes ne jouent pas leur partition. Les réunions et causeries éducatives se multiplient. Les chefs traditionnels donnent des conseils mais les gens se retrouvent toujours pour des négoces alors que nous avons vu ces derniers temps que les mosquées ont été prises pour cibles à des heures indues.
Si les kamikazes n’ont pas hésité à attaquer les mosquées, ce ne sont pas les marchés qu’ils vont laisser. Les marchés regroupent plus de personnes que lesmosquées. C’est parce qu’ils ont compris que les arrêtés ont été pris et que les comités de vigilance sillonnent qu’ils ont commencé à s’attaquer aux mosquées. Nous appelons les uns et les autres à plus de discipline et à plus de responsabilité afin qu’on finisse une fois pour toute avec cette nébuleuse ». Le gouverneur et les autres officiels n'en démordent pas. Boko Haram est affaibli, il suffit d'un peu de privations et de quelques combats pour l'anéantir.
Cette rhétorique guerrière pour sympathique qu’elle paraît ne traduit malheureusement pas la réalité du terrain ou dumoins la perception que les acteurs en ont. Les populations des villages frontaliers, quand on leur parle de cette lutte invoquent les restrictions. Tout ou presque y est interdit, du commerce à l'agriculture en passant par les voyages ou les déplacements. Les seules distractions dans ces villages construits sur la frontière sont les prédications de Boko Haram et le récit de leurs épopées.