On dira que le discours du Chef de l’Etat à la Jeunesse du 10 janvier 2015 a déclenché des inspirations. Il a au moins eu le mérite de porter des réflexions supplémentaires sur notre cher pays.
#CamerounFoisonne Pour ce qui est mienne, attristé, je me demande pourquoi chez nous, c’est toujours « un genre ». J’ai envisagé un temps que nous étions des médiocres. Et je pensai alors qu’il y aurait là une injustice à ceux qui se lèvent tôt pour dignement et avec bravoure gagner leur pains ou protéger nos acquis. Je me demandai donc si on pouvait parler cette fois là de l’Excellence Camerounaise. A l’observation, je constate que cela relève de l’impossibilité. Car, je ferais du tort à ceux qui ont juré d’obtenir le prix Nobel de médiocrité au Cameroun. Pour tirer quelque chose de ma réflexion de citoyen lambda, j’ai essayé de structurer l’appréciation interne de notre pays sous trois piliers. Essayons de lire chacun d’eux.
P1. Initiation, Pilotage, Veille
L’initiation au sein d’un pays est prise par des décisionnaires, des donneurs d’ordres, mais aussi par des leaders. Le leadership crée l’impact, l’adhésion, la motivation, le changement. Si on apposait ces simples caractéristiques sur la tête de nos responsables (gouvernement, politique, industriel, académique, etc.), peut on dire que le Cameroun foisonne de leaders ? Notre situation socio-économico-politique à elle seule est en mesure de contrer toute prétention. Car le schéma d’une adhésion commune vers un objectif, avec une fierté et une volonté décomplexée de suivre le guide, ce schéma là, je ne le retrouve nulle part et dans rien au Cameroun.
Le pilotage conduit à la maîtrise du sujet avec la volonté d’atterrir où l’on a prévu de le faire. Ceci, dans un cadre que l’on a défini. En supposant qu’il y ait des commandants dans le bateau Cameroun, avons-nous le sentiment que les choix de ceux-ci dominent le contexte ou les problèmes qui rongent le Peuple, ou bien sommes nous toujours en train de subir la conjoncture ? Je crois humblement que le Camerounais lambda dirait qu’il subit la vie dure depuis déjà très longtemps.
La veille suppose qu’un dispositif robuste et discret ait été mis sur pieds pour assurer la sérénité, mais aussi le questionnement permanent sur les enjeux de notre vie en commun. Elle suppose d’avoir une longueur d’avance sur notre lendemain, voire de l’anticiper. Si l’on demande au Camerounais à quel point sa vie est sereine, à quel point il a confiance en son avenir, que va-t-il indiquer comme réponse ? J’ai l’impression que la sérénité en l’avenir n’est pas au top.
P2. Exécution, Productivité
Face à leurs défis, beaucoup de Camerounais estiment désormais « qu’on fait seulement, ce qui arrive, on va que gérer ». Des gens prennent des engagements professionnels, signent des contrats, et on ne sait pour quelle raison, le taux d’exécution en tout s’affaiblit. Ne me demander surtout pas des chiffres, je dis ce que j’observe autour de moi, c’est-à-dire de vous. Tenir sa parole est devenu trop difficile au Cameroun. Respecter une consigne à 100% devient pénible. Le « je suis tenu de » ne vient plus de soi même. Les procédures sont connues, mais pourquoi les gens ne veulent ils pas les respecter ? Ne sont-ils pas d’accord ? Cette discipline, cette volonté de rendre compte nous quittent peu à peu.
Au vu du potentiel reconnu des Camerounais capables, on peut s’étonner que nous soyons aussi peu productifs. Prenons l’exemple de l’Administration, où le culte de la Tranquillité s’est malicieusement installé au sein de la Fonction Publique. Je mentirais si je disais que les fonctionnaires des ministères à Yaoundé sont ponctuels au travail. Nous savons tous que beaucoup de bureaux restent vides le vendredi avant midi ou le lundi matin. Combien de temps mettent-ils en pause déjà ? Bizarrement, les Ministres courent de partout. On les voit actifs sur plusieurs fronts. Mais, au sein de leurs ministères dans les services centraux et les services déconcentrés, on ne coure pas. Les gens marchent comme des sénateurs, emportent leur Bible au bureau, bavardent inutilement pendant longtemps et dans une langue autre que le Français ou l’Anglais. L’usager vous dira de manière globale que le service administratif reste fort à améliorer. Tant dans la célérité des traitements que dans le niveau intrinsèque de ce service. Est-ce la faute aux conditions de travail qui induiraient ce flegme endémique ? Il n’existe pas encore au Cameroun dans un sens positif, la culture de la productivité. Tel est mon constat.
P3. L’avant-garde, les Intellectuels
Sur les trente dernières années, on peut tenter de recenser les innovations dans divers pans de la vie sociale au Cameroun. On peut vérifier ce qui s’est fait chez nous en mieux. On peut comparer en trente ans avec ce qui s’est fait dans tous les pays d’Afrique, y compris ceux autrefois minés pas la vraie guerre. Le niveau de soin de santé, le niveau d’éducation, la qualité dans les transports, le niveau de sécurité, notre manière de manger, nos modes de divertissement, la qualité de notre expression culturelle, nos résultats sportifs, notre éveil politique, etc.…Je ne sais pas si je le constate seul, mais globalement, en l’espace de trois générations, il paraît même que le Cameroun a dégringolé.
On dit souvent que les Intellectuels sont le sel qui peut encore donner goût à une société qui se perd. On a sur eux porté une image d’espérance, un clignotant favorable de garde-fou. Ils sont sensés avoir une certaine distance avec le courant de la société. Il est attendu d’eux un degré d’élévation et d’exigence plus grand que la moyenne sociale. C’est pourquoi la société leurs octroie une liberté supplémentaire de dire, de dénoncer, d’indiquer que « là où on va, ça ne peut pas être le chemin ». Notre pays dit en posséder. Pour notre cher Cameroun, je leurs laisse la responsabilité de se désigner eux-mêmes et de dire eux-mêmes si ce pays les mérite.
En conclusion, nul n’est ici pour moi question de juger qui que ce soit. Je souhaite simplement que toutes les initiatives et les agitations pour le compte du Cameroun intègrent le fait que la médiocrité nous a tous eus à l’usure. Et c’est cela qui empêche nos potentialités de s’exprimer. La chance que nous avons, c’est bien celle de savoir où se trouve l’Excellence. Le Cameroun mérite à mon avis que nous fassions le pas.