Au regard de l’issue des résultats de ce premier tour, tout porte à croire que l’essentiel des anciens repères, les réseaux informels, les cercles d'influence seront totalement bouleversés au lendemain du second tour de cette élection, entraînant ipso facto la mort de l'ancien système : la « Françafrique ».
La « Françafrique » désormais aux abois
Élaboré par Jacques Foccart au début des années 1960, l'avocat d'origine libanaise, Robert Bourgi, va avouer être le mystérieux bienfaiteur de François Fillon auprès de la coûteuse maison Arnys. Révélation qui n'eut que peu d'écho aucun impact sur le vote des Français. En réalité, cette ultime manifestation de la « Françafrique » n'était qu'un soubresaut de ce système, et non une manifestation de sa prévalence.
L’arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen, fera bouger l’ordre des choses. Pendant longtemps, les dirigeants africains, se sont appuyés sur les deux mouvements majoritaires en France, y ont cultivé des amitiés, soutenu certains comme l’avouait encore Robert Bourgui récemment. La « Françafrique » s'est appuyée sur la bipolarisation de fait qui animait la vie politique française. Avec l'arrivée d'acteurs situés en dehors du champ politique traditionnel, l'édifice construit patiemment au fil des décennies risque fatalement de s’effondrer.
La « Françafrique », aura fait plus de mal que de bien à la relation de Paris avec l'Afrique. De scandales en révélations, de suspicions en délations, l'ancien système avait montré ses limites et conduit nombre de dirigeants courageux du continent à affirmer leur volonté de s'affranchir d'une relation déséquilibrée.
Et ce mouvement, amorcé au début des années 2000, est appelé à s'accélérer, aplanissant ainsi le terrain de jeu économique et forçant notamment les entreprises françaises à considérer l'Afrique non plus comme un terrain conquis, mais comme un véritable partenaire qu'il convient d'aborder à l'aune des intérêts mutuels.
Premier tour de la rupture
Rien ne s’est passé comme prévu. Il ya quelques temps, la perspective d’un nouveau duel entre François Hollande et Nicolas Sarkozy était encore envisagée. Un match retour de l’élection de 2012 jugé « mortifère ».
Les Français en ont décidé autrement. L’OPA de Marine Le Pen, qui s’est rapidement positionnée en tête des sondages, et le dispositif des primaires adopté par le PS et la droite, ont balayé le vieux schéma traditionnel de la Ve République qui voulait – à l’exception de 2002 – que le candidat le plus rassembleur des deux grands partis traditionnels de la droite et de la gauche s’affrontent au second tour.
La mémoire collective retiendra plusieurs faits sans précédent : l’élimination et le retrait d’un certain nombre de caciques de la politique : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Cécile Duflot, François Hollande, Manuel Valls. L’incertitude prolongée : les sondages, à quelques jours du premier tour.