Opinions of Thursday, 23 November 2017

Auteur: camer.be

Mandats d’arrêt internationaux: comme un coup d’épée dans l’eau

L'on s’interroge sur l’efficacitéd’arrêt internationaux contre des leaders séparatistes L'on s’interroge sur l’efficacitéd’arrêt internationaux contre des leaders séparatistes

Les autorités camerounaises voudraient certainement mettre fors d’état de nuire certains leaders de la contestation anglophone. Cette crise a certainement atteint un seuil critique avec des actes terroristes perpétrés depuis quelques semaines. Car des éléments des forces de défense et sécurité ont été froidement assassinés par les radicaux qui s’arc-boutent sur la partition du pays. Ils ne se privent donc pas du menu barbare : saccage des édifices publics et atteinte à l’intégrité physique des éléments des forces de défense et sécurité affectés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest.

Les actes de terreur qui ont meurtri les forces de défense et de sécurité ces dernières semaines ont été revendiqués par leurs auteurs moraux sur les réseaux sociaux. Ivo Tapang Tanku s’en vante volontiers, tout en promettant d’autres actes de barbarie, non sans narguer les pouvoirs publics. Suffisant pour que le gouvernement émette des mandats d’arrêt internationaux à l’effet de neutraliser les commanditaires présumés de ces tueries et autres actes de terrorisme.

Sisiku Ayu Tabe, Ivo Tapang Tanku, Boh Herbert, Milton Taka et d’autres figures visibles de la cause séparatiste sont indexés par le gouvernement camerounais. Ces leaders jusqu’au-boutistes sont sous le coup des mandats d’arrêt internationaux. Mais, certains de ceux qui sont sous le coup desdits mandats d’arrêt affichent une sérénité déconcertante. Ils se permettent même de narguer le gouvernement en arguant qu’étant détenteur des passeports d’autres pays, ils sont invulnérables.

L’on ne peut pas ne pas s’interroger sur l’efficacité des mandats d’arrêt internationaux émis par le Cameroun contre des leaders radicaux qui agitent le spectre de la partition du pays, quitte à recourir à la terreur. Ce questionnement n’est pas dénué de pertinence. Car, ces mandats d’arrêts internationaux contre les figures de proue de la contestation anglophone ne sont pas une première au Cameroun. L’on a encore frais dans les mémoires le mandat d’arrêt international émis il y a quelques mois contre Essimi Menye, ancien ministres des Finances. L’ex membre du gouvernement est cité dans une affaire de détournements présumés de deniers publics. Depuis que ce mandat d’arrêt international a été émis, rien n’indique que l’ancien membre du gouvernement sera mis à la disposition de la justice camerounaise. Il vit paisiblement aux Etats-Unis.

Certains médias laissent même entendre que l’ex membre du gouvernement fait des piges dans une institution financière internationale. Le mandat d’arrêt émis contre l’ex ministre camerounais des Travaux publics, Dieudonné Ambassa Zang, n’a aussi été qu’un coup d’épée dans l’eau. Jusqu’à ce jour, celui qui est impliqué dans une affaire de distraction présumée de la fortune publique se la coule douce outremer. Le mandat d’arrêt international émis contre lui n’a pas réussi à le mettre à la disposition de la justice camerounaise.

Opération épervier

Ce serait une colle que de demander à la justice camerounaise de dire où se trouve Jean Dayas Mounoume, ancien directeur général du Port autonome de Douala (PAD). Inculpé par le tribunal criminel spécial, ce dernier a régulièrement fait la navette entre Douala et Yaoundé. Il était présent à toutes les audiences. Mais, le 3 juillet 2015, le jour du verdict, l’ancien DG du PAD est invisible au palais de justice à Yaoundé. Il est toutefois condamné. Un mandat d’arrêt est émis contre lui. Mais il n’a jamais produit les effets escomptés.

Elles sont nombreuses ces proies de l’Opération Epervier qui ont échappé aux mailles de la justice et qui sont toujours en cavale. En 2007, lors des premiers procès de cette opération d’assainissement des mœurs publiques, certains accusés ne se sont jamais présentés au tribunal. C’est notamment le cas des anciens cadres du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (Feicom), notamment : Alain Monebang Eto, Bonaventure Ndema Assoumou et Léonie Angue qui étaient absents à la barre. Ils seront reconnus coupables de détournements de fonds publics. Des mandats d’arrêt sont émis contre eux. Mais lesdits mandats n’ont pas encore mis ces mis en cause à la disposition de la justice.

Ils sont toujours en cavale. Sentant le vent de l’arrestation s’approcher, Hamadou Ousmanou, ancien directeur des affaires financières de la Société immobilière du Cameroun, avait pris la poudre d’escampette. C’est dans sa cavale qu’il a certainement appris sa condamnation à 35 ans d’emprisonnement ferme. Le mandat d’arrêt émis contre lui n’a pas encore réussi à stopper sa fuite. Jean-Marie Assene Nkou, cité dans l’affaire de l’avion présidentiel réussira à semer la justice camerounaise. Patricia Enam, impliquée dans une affaire de malversations financières à la CRTV, a aussi slalomé la justice. La plupart de ceux qui ont échappé aux mailles de la justice camerounaise ont souvent brandi un statut de réfugié politique lorsqu’ils ne changent pas simplement de nationalité. Qu’en sera-t-il des leaders de la cause séparatiste ?