Opinions of Monday, 10 April 2023

Auteur: Maa Chancelle Léontine

Mars 1983: le premier 'clash de seigneurs' entre Ahidjo et Biya fraîchement président

Ahidjo et Biya Ahidjo et Biya

Lorsqu'il démissionnait, l'ancien président de la République pensait qu'il pouvait, en tant que président de l'UNC et ancien patron de Paul Biya, il pouvait continuer à diriger le Cameroun à travers son ancien premier ministre. Mais c'est peine perdue. A peine arrivé au pouvoir, Biya a décidé de prendre réellement sa liberté. Cet éloignement des deux s'est très tôt illustré à travers le clash qu'il y a eu entre les deux, lors du congrès de l'UNC en mars 1983.


" Dès sa prestation de serment le 6 novembre 1982, le président Paul Biya, le 'nouvel homme fort' se trouva confronté à une crise de succession présidentielle animée par une tentative d’instauration du bicéphalisme au sommet de l’État,
En effet, le président AHMADOU AHIDJO pensait continuer à gérer le pays à travers Paul Biya qu'il estimait trop faible et malléable. Confiant, il démissionna le 04 novembre 1982 de ses fonctions de chef de l'Etat et conserva la présidence du parti l'UNC.

Ce dernier considérait que le parti était au-dessus de l’État. Par conséquent, son chef devenait d’office le patron du Président de la République/Chef de l’État.

En Mars 1983 fut organisé un grand congrès du parti, il y eut un conflit protocolaire sur: qui des 02 hommes, devait arriver avant l'autre au Congrès.
Certains pensaient que Biya devait arriver avant et Ahidjo en tant que chef de parti après et d'autres l'inverse ceci soulevait un sérieux problème qui désormais créa un malaise entre les 02 hommes politiques.

De conflits de préséance protocolaire entre le président du parti unique Amadou Ahidjo et le Président de la République PAUL BIYA, passant par des discours implicites et des décrets portant les régions de 7 à 10, le président AHMADOU AHIDJO estime avoir été trahit par son poulain qui veut désormais gérer le pouvoir sans lui.

Tout est alors mis en place pour une confrontation armée entre une parti de la Garde Républicaine restée fidèle à l’ex chef d’Etat et qui avait du mal à accepter l’autorité de l’homme du 6 novembre, il se murmure dès lors que des réunions nocturnes appelées "Réunions du Lac"(en référence au quartier du Lac où résidaient les hauts fonctionnaires de l'Etat) se tenaient très souvent pour conspirer contre le pouvoir en place.

■ Ainsi donc, le 06 novembre 1984, les putschistes regroupés dans un mouvement appelé "J’OSE" sous les ordre du colonel Ibrahim Saleh ancien commandant de la Garde Républicaine, prirent d’assaut:

○ L'aéroport,
○ Le quartier général,
○ Le palais,

Le nom du commandant de la Garde Républicaine, en collaboration avec quelques officiers et sous officiers de l’armée, est révélé plus tard.

Les proches du président Paul Biya sont mis aux arrêts. Parmi eux, le Directeur de la Sécurité Présidentielle, le colonel René Claude MEKA, le commandant adjoint de la Garde Présidentielle, le colonel Douala MASSANGO, ou encore le Délégué Général à la Sûreté Nationale, MBARGA NGUELE.

L’Aéroport et le siège de la radio nationale sont aux mains des putschistes.
Le président Paul BIYA, quant-à lui, est gardé quelque part au palais dans un bunker par des fidèles tels que le maréchal de logis chef HONLONG Étienne ( celui qui avait mis le palais dans le noir en laissant juste l'éclairage du jardin).

C’est le 07 avril 1984 que dans un message radiodiffusé le Président Paul Biya s’adressera à la nation en ces termes: "Le calme règne sur toute l’étendue du territoire national…"
Les militaires ont repris le contrôle de la situation et le président leur rendra un vibrant hommage .

■ Le putsch de 1984 contrairement à ce que beaucoup veulent nous faire croire, n'impliquaient pas que des militaires, certaines personnalités de la République étaient accusées d'être en intelligence avec ces mutins.

Des personnalités qui, après interpellations, détentions ont été gracié par notre magnanime, paternaliste chef de l'Etat SE Paul BIYA et par la suite reconduites aux affaires.

Parmi ces hauts commis de l'état nous avons :

○ Issa Tchiroma Bakary qui, le 09 avril 1984, fut pris en filature puis arrêté. il fut conduit à la Direction de la police judiciaire à Yaoundé. Puis, placé en détention provisoire à Kondengui, ensuite transféré à la prison principale de YOKO ou il passera 06 ans. A la faveur de l’amnistie du 17 janvier 1991, Issa Tchiroma est libéré. 01an après sa libération, il est nommé Ministre des Transports.

○ Dakolé Daïssala, alors DG de la SOTUC à cette époque, est interpellé par la Sécurité militaire (Semil), plus tard, transféré à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé, d’où il sera en définitive conduit à la prison de production de Sa’a lui aussi sera libéré en 1991. Il est nommé Ministre d’Etat chargé des Postes et Télécommunications en 1992 soit 01an après sa libération.

○ MARAFA HAMIDOU YAYA tête pensante de ce putsch est arrêté et embarqué dans un camion contenant des mutins et leurs complices, en partance pour Mbalmayo.

Le président Paul Biya, sensible aux suppliques de son épouse, ordonna au ministre des Forces armées Gilbert ANDZÉ TSOUNGUI de l’extraire du camion des mutins et remis en liberté.

Marafa cumulera par la suite les fonctions de chef de département exploitation production à la société Nationale des Hydrocarbures (SNH) du Cameroun, conseiller technique à la (SNH) et secrétaire d’Etat n°2 au Ministère des Finances tout ceci Entre 1990 et 1992.

En 1992, le président Paul Biya le nomma Secrétaire Général de la Présidence de la République.

○ ADAMA MODI arrêté et incarcéré en Avril 1984 il fut aussi libéré en 1991. Après sa sortie, rejoint le parti de la flamme le RDPC et sera nommé secrétaire d’Etat au Ministère de l’Administration territoriale (Minat)

○ Amadou Vamoulké, Rédacteur en Chef du journal Cameroun Tribune quant à lui, fut interpellé et appelé à répondre à la direction de la Police judiciaire à Yaoundé. Il avait été dénoncé par ses proches et était accusé d’avoir assisté à des réunions secrètes avec les putschistes.

Amadou Vamoulké avait été interrogé à la Direction de la Police Judiciaire à Yaoundé, puis relaxé quelques heures après. Après sa libération, il retournera à son bureau à la Société de presse et d’édition du Cameroun (Sopecam), où il continuera d'assumer sa fonction de rédacteur en chef à Cameroun Tribune.

Le 26 janvier 2005, sur décret présidentiel, Amadou Vamoulké est nommé Directeur Général de la CRTV (Cameroun Radio Télévision).

○ NIAT NJIFENDI Marcel Directeur Général de la SONEL (Société nationale d’électricité) sera dénoncé, accusé d’avoir mis à la disposition des mutins en déroute, le plan d’électrification de la capitale.

arrêté le 17 avril 1984 et incarcéré à la prison centrale de kondengui il y passera 08 mois et sera relâché le 08 décembre 1984.

Tous étaient poursuivis pour: Assassinats, tentatives d'assassinat, destruction des biens publiques et apologie du crime..."