Opinions of Tuesday, 26 December 2017

Auteur: camer.be

Martin Belinga Eboutou, la principale 'bête noire' de Chantal Biya

La balle est entre les mains de Paul Biya. Nul ne peut en prévoir l’issue La balle est entre les mains de Paul Biya. Nul ne peut en prévoir l’issue

Elle sait susciter de l’attention, de l’admiration de la haine, voire du mépris. Ses coiffures extravagantes ne laissent personne indifférent. Le 21 mai 2011, à l’investiture d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, toute la salle n’avait d’yeux que pour elle. Sa fille lui voue un amour indescriptible. Elle s’appelle Chantal Biya. C’est l’épouse du président de la République du Cameroun, Paul Biya. Si elle n’occupe pas un rôle officiel au Cameroun, il n’en demeure pas moins que son emprise est de plus en plus grandissante sur l’appareil de l’Etat. Elle aura certainement un mot à dire dans les jeux, rôles et luttes de succession qui se jouent actuellement au sommet de l’Etat.

La scène se déroule le 24 juin 2013 lors sommet du Golfe de Guinée sur la sécurité maritime. Après avoir accueilli une première délégation des chefs d'Etat venus participer à cette rencontre, Paul et Chantal Biya doivent retourner au Palais de l'unité. Un corridor de sécurité est très vite établi par le protocole d'Etat. Alors qu'ils achèvent de descendre le perron de l'entrée principale du Palais des congrès de Yaoundé et pendant que son époux se faufile rapidement dans une voiture de marque Mercedes immatriculée Prc (Présidence de la République du Cameroun), Chantal Biya s'arrête un instant, s'avance vers un cameraman, lui tend la main et lui pose une question: «Ça va ?».

La Première Dame campe devant son interlocuteur. Ce dernier va presque poser les genoux au sol pour répondre. Il n'aura pas le temps de placer quelques mots, qu'il sera très vite interrompu par le protocole. Mais l'image est restée. Tout comme, pendant les célébrations de la Journée de la femme, le 8 mars 2012 à Meyomessala, elle distribuait personnellement le champagne à ses convives, les appelant parfois par leurs noms. Elle s’est récemment mise aux Selfies... C’est la principale image qui lui colle à la peau: Celle d'une «femme du peuple». Celle dont les plaisirs du palais et les délices des séjours à l'hôtel Intercontinental de Genève n'ont pas altéré les origines modestes.

Née à Dimako, à l’Est Cameroun, cet enfant unique élevée par une mère célibataire, Rosette Ndongo-Mboutchouang, ancienne Miss Bertoua (1967), épouse Paul Biya le 23 avril 1994 à l’âge de 24 ans. Il lui a donné deux enfants : Paul Biya Junior et Anastasie Brenda Biya Eyenga.

Son influence elle commence à la bâtir à partir des synergies africaines où en novembre 2002, elle réussit à faire venir à Yaoundé les personnes considérées comme les codécouvreurs du SIDA, le Français Luc Montagnier et l’Américain Robert Gallo dans le cadre d’une conférence au Sommet sur le sida en Afrique. D’autres premières dames sont également présentes. Le CERAC lui permet d’asseoir son autorité et de se construire parallèlement au pouvoir et à l’influence de son mari une clientèle.

Officiellement, Chantal Biya n'a pas droit à un protocole particulier, tout comme, les textes de la République ne lui consacrent pas un statut particulier. Son protocole est assuré par le protocole d'Etat, qui est également celui du Chef de l'Etat. C'est Simon Pierre Bikélé qui accomplit officiellement cette tâche. Cependant, pour des besoins de travail, une personne lui a été affectée particulièrement, Bina Bidoung, diplômé de l'Institut des relations internationales du Cameroun (Iric), élite du département de la Haute Sanaga.

Avec ce dernier, les relations n'ont pas toujours été joyeuses. «A plusieurs reprises, son badge lui a été retiré, mais il a été à chaque fois rappelé pour la qualité de son travail», souligne une source familière du Palais d'Etoudi. Sa sécurité est assurée par la Direction de la sécurité présidentielle (Dsp) et la Garde présidentielle (Gp). Mais à l'intérieur du Palais, ce sont les éléments de la Dsp qui s'en occupent directement. Tout est coordonné par le Colonel Etienne Holong, qui officie en tant qu'aide de camp. Ce haut gradé de l'armée au physique de pugiliste s'est rendu célèbre en déjouant une tentative d'assassinat du Président Biya en 1983 au stade Ahmadou Ahidjo. Approché pour tirer sur le Président de la République au passage de son cortège dans le tunnel du stade, alors qu'il faisait partie du jalonnement. Sa loyauté lui a valu une carrière enviée.

Pour ses différentes activités, le cabinet civil de la présidence de la République lui a affecté des attachés, des chargés de mission et des conseillers techniques. Parmi lesquels Claude Zingui et Claude Mbessa. Mais de tous, un homme peut être considéré comme son secrétaire particulier. Ses collègues l'appellent: «l'homme de tous les dossiers»: Oswald Baboke. Ce jeune très discret quadragénaire, originaire de la région de l'Est est officiellement conseiller technique à la présidence, sorti de l'Iric comme Conseiller des affaires étrangères. II connaît la Première Dame depuis longtemps.

Certaines sources indiquent qu'il figurait en 2011 sur la short-list des propositions de Chantal Biya pour le poste de secrétaire général de la présidence de la République (Sg/Pr). Mais la balance a penché à l'ultime moment pour Ferdinand Ngoh Ngoh. Oswald Baboke, serait aujourd’hui l’un des hommes les plus puissants du palais, très écouté y compris par le chef de l’Etat. Ce qui lui vaudrait aujourd’hui des relations teintées de suspicions avec le directeur du cabinet civil, Martin Belinga Eboutou.

Son réseau, elle a commencé à le tisser depuis belle lurette. De nombreuses personnalités influentes semblent avoir bénéficié de son influence auprès du chef de l’Etat. Pour la plupart originaires soit de l’Est du Cameroun, soit de Nnanga Eboko. Sont régulièrement cités : Antoine Zanga, deux fois ministre et actuel ambassadeur du Cameroun au Vatican, Janvier Mongui Sossomba, promu président de la chambre d’agriculture en 2011, Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, ministre de la Jeunesse, dont Chantal Biya est d’ailleurs l’amie de l’épouse ou encore Hilarion Etong, premier vice-président de l’Assemblée nationale. Parmi ses faits d’armes les plus célèbres au Palais, plusieurs langues soulignent l’éloignement de Edgard Alain Mebe Ngo’o « qu’elle n’aimait pas beaucoup », confie une source. La nomination de Ferdinand Ngoh Ngoh au poste de secrétaire général de la présidence de la République.

Mais aujourd’hui sa principale bataille, à laquelle contribue tous ses réseaux (y compris ceux qu’elle ne contrôle pas mais pilotée par les membres de son clan) est orientée vers une personne : Martin Belinga Eboutou. Jusqu’ici, elle n’a pas pu obtenir son départ. Ce diplomate de carrière étant très proche du chef de l’Etat. La nomination de joseph Le (originaire de la région de l’Est) au poste de directeur adjoint du Cabinet Civil de la présidence de la République aurait été, selon les sources introduites, une volonté de satisfaire partiellement les désirs de Madame. La bataille entre les différents réseaux est aujourd’hui à son comble… Y compris pour la succession finale.

La balle est entre les mains de Paul Biya. Nul ne peut en prévoir l’issue