Au commencement de toute histoire, il y’a toujours des questionnements. Mais ceux qui rentrent dans l’histoire, sont ceux qui ont bâti et balisé le chemin qui y mène. On peut faire le procès du coach et de son staff. Le procès du système de jeu et du choix des hommes. Mais à la fin de vos carrières, lorsque chacun de vous mettra son nom dans un moteur de recherche, les lignes qui vont s’afficher dans la section « palmarès », seront pour votre gloire.
Comme aujourd’hui il est difficile de se rappeler d’abord du coach de Roger Milla en 84 lorsqu’il soulevait le trophée à Abidjan, de même personne ne se rappellera de qui vous a sélectionné, ni pourquoi il vous a sélectionné. Votre performance donc, vous appartient. Et c’est elle qui vous offre l’étreinte à Yamoussoukro. Qui de nous tous qui vous jugeons aujourd’hui, connaît mieux que vous-mêmes, votre corps et votre esprit. Oui, vous n’êtes pas Neymar ou Mbappé, Messi ou Haaland. Mais vous êtes vous, et vous ignorez même jusqu’où vos capacités peuvent vous conduire. Bob Marley disait : « On ne sait jamais à quel point on est fort, jusqu’au moment où être fort devient la seule option ». Eh bien, être fort est votre seule option les gars.
Mais lorsqu’on va dans une bataille, il y’a option de perdre. Le problème, c’est que c’est une option qui ne prend une tournure dramatique que si on n’a pas tout fait pour gagner. Lorsqu’on a puisé dans la réserve de ses énergies, on gagne forcément. L’admiration de ceux qui vous regardent et le respect de ceux qui vous ont gagné. Le mythe des Lions ne s’est pas construit parce qu’on gagnait tout et toujours. Il s’est construit parce que mêmes leurs défaites étaient accompagnées de bravoure. Soyez braves! Simplement. Le résultat sera décidé par le sort. La plus belle Can du Cameroun que mes yeux ont vu, où elle a vraiment produit le jeu, où l’équipe était plaisante, était celle de 2006. Mais on ne l’a pas gagnée. Mais on a pris du plaisir. Et l’élimination même en quart de finale, ne nous avait pas totalement affligé. Faites vous plaisir, faites nous plaisir. Le trophée sera la cerise.
Vous allez être attaqués. Vous allez être moqués. Vous allez même faire l’objet de calomnies insidieuses. Rappelez-vous juste que vous êtes les seuls travailleurs de ce pays, dont la tenue est le drapeau. Ça nous donne la sensation d’être vos employeurs et propriétaires de vos vies. Mêmes nos excès sont donc une manifestation de notre amour. Les gars je vous aime. Le Cameroun vous aime. Les camerounais vous aiment. Ceux qui vous rappellent les exploits passés, ne vous disent pas qu’on les insultait de la même façon. Parce que chaque génération a ses outils d’expression de l’amour.
Voici votre génération qui vous regarde. Rendez la orgueilleuse de l’histoire qu’elle racontera à sa postérité, comme nous vous rabâchons les oreilles avec les exploits de la nôtre. Rappelez-vous ces paroles de Frantz Fanon, chaque fois que les lumières des stades vont s’allumer : «Chaque génération doit dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir. » À vous l’antenne ! Bonne Chance !