Opinions of Saturday, 28 January 2023

Auteur: Jean-Marie Mollo OLINGA

Martinez Zogo : Paul Biya va enfin sortir de son légendaire mutisme

Jean-Marie Mollo OLINGA a envoyé une note au Président Paul Biya Jean-Marie Mollo OLINGA a envoyé une note au Président Paul Biya

C'est décidé. Paul Biya devra réagir très prochainement sir l'affaire de l'assassinat de Martinez Zogo. Jean-Marie Mollo Olinga a interpellé le président de la République et l'a appelé à sortir de son légendaire mutisme.

« Qu'en pensez-vous Monsieur le Président ? », a tiré Jean-Marie Mollo OLINGA, Directeur de L'Estafette, le Mensuel de l'Elite Intellectuelle

Monsieur le Président de la République, S.E. Paul Biya, Chef de l'Etat, Père de la Nation!

Voici bientôt cinq jours que le corps sauvagement massacré de l'un de vos fils, l'un de vos concitoyens, l'un de vos compatriotes, M. Martinez Zogo, journaliste à Amplitude FM, a été découvert sur un terrain vague, dans une banlieue de Yaoundé.

Depuis lors, Monsieur le Président, vous n'en avez rien dit, vous demeurez étrangement muet, comme sur tous les précédents assassinats perpétrés au Cameroun. Mais, le caractère féroce de ce dernier doit particulièrement vous interpeller, eu égard à la triste réputation qu'il jette sur votre système de gouvernance et à la dévastation qu'il confère à l'image de notre pays.

Depuis la découverte du corps de Martinez dimanche dernier, 22 janvier 2023, tous les Camerounais sont suspendus à vos lèvres. Ils sont suspendus à vos lèvres non seulement pour vous entendre condamner de vive voix cet odieux assassinat, mais surtout pour leur indiquer les mesures prescrites pour mettre hors d'état de nuire ces criminels d'une autre époque, à savoir les exécutants et leurs commanditaires.

Monsieur le Président, pour une fois, veuillez sortir de votre légendaire mutisme! Là, vous avez quelque chose à dire : un de vos compatriotes a été assassiné, probablement parce qu'il dénonçait les pilleurs (pour dire le moins) de l'argent public. Cela étant, il passait pour l'un des soutiens inconditionnels de votre politique, tout au moins telle que vous la déclamez à longueur de discours. Les Camerounais attendent impatiemment que vous leur disiez quelque chose allant dans le sens de la justice, la justice qu'ils réclament pour venger Martinez Zogo.

Monsieur le Président, le 21ème siècle est le siècle de la parole ; le silence n'y a pas sa place. Continuer à demeurer muet face à la barbarie administrée à Martinez pourrait être interprété comme un acte visant à réduire le peuple dont vous avez la haute charge au silence, exactement comme les assassins de Martinez. Ce faisant, ce serait se rendre complice de leur forfait.

Monsieur le Président de la République, Chef de l'Etat, la circonstance actuelle est gravissime. Vous ne pouvez plus choisir de vous taire. Le peuple attend votre parole, car celle-ci est boussole. Puisée au cœur de l'essentiel, elle est source de vie, car elle est censée donner sens à notre existence dans ce pays que vous dirigez depuis 40 ans.

En revanche, le silence auquel vous nous soumettez depuis dimanche dernier commence à être oppressant, il nous pèse, il nous inquiète, il nous effraie : est-ce un silence de mort ? En tout cas, c'est un silence épais, un silence qui nous abîme. Et le silence, faisait remarquer George Bernard Shaw, est l'expression la plus parfaite du mépris. Seriez-vous alors de ceux qui pensent qu'on répond aux imbéciles par le silence ? Les Camerounais n'oseraient le croire.

Père de la Nation, en vous murant dans le silence face à l'assassinat abject de M. Martinez Zogo, vous laissez penser que le Cameroun est devenu un État de non-droit où la confiance entre gouvernants et gouvernés s'effrite considérablement. A ce point, face à la violence physique légitime de l'Etat, celui-ci pourrait logiquement être confronté à la violence légitime populaire. Pour que l'on n'en arrive pas à ce niveau, vous devez donc parler à vos compatriotes des mesures prises relativement à l'élimination physique d'un journaliste dans l'exercice de ses fonctions. Votre parole va vous (re) mettre en relation avec votre peuple, tandis que votre silence vous en éloignera davantage.

Monsieur le Président de la République, il y a des silences inutiles, des silences pleins de haine, des silences qui font mal, des silences qui méprisent. Il y a un temps pour se taire et un temps pour parler, dit-on. Il est temps de parler, de parler de l'assassinat de Martinez sans attendre de le diluer dans les généralités du discours du 10 février relatif à la fête de la Jeunesse. Un jeune a été scabreusement assassiné, le temps ne saurait d'ailleurs être à la fête.

Voyez-vous, Monsieur le Président, Martinez Zogo à qui on a ainsi ôté la vie avait le même âge que votre propre fils, Franck, 52 ans. Et si c'est à votre Franck Biya qu'on avait ainsi coupé les doigts, cassé un pied, fait manger ses selles, violé avec un bâton, sectionné le pénis... avant de l'envoyer à trépas et de l'exposer nu sur un terrain vague, auriez-vous gardé ce silence assourdissant ?

Monsieur le Président, Martinez Zogo était, lui aussi, le fils d'un homme et d'une femme, il avait des frères et des sœurs, il avait une femme et des enfants, tous attendent que ses meurtriers soient neutralisés, jugés et condamnés, pour qu'ils commencent leur travail du deuil. Vous avez là une occasion en or massif pour montrer que vous tenez encore, que vous tenez toujours les rênes du pouvoir. C'est maintenant ou jamais, sinon le peuple pourrait se sentir orphelin, à moins d'estimer qu'il a un Père (de la Nation) inutile.

Alors, que pensez-vous de l'assassinat de M. Martinez Zogo ?

J-M.M.O."

#JusticePourZogo
#Griote