Sous cape, certains soldats engagés au front expriment leurs mécontentements vis-à-vis de leur hiérarchie.
Il se murmure des choses honteuses dans les rangs des troupes engagées dans la lutte contre les séparatistes ‘’ambazoniens’’ dans le Nord-ouest et le Sud-ouest. Dans ces deux régions anglophones du Cameroun en proie au terrorisme, plusieurs soldats ont envie de dénoncer leur hiérarchie. Ou tout simplement de déposer les armes si leurs conditions ne s’améliorent pas. C’est ce que laissent croire nos nombreuses sources militaires. Par peur de saper le moral de leurs camarades des postes avancés et de subir les sanctions qui pourraient en découler, ces soldats s’expriment encore en secret.
Ils se plaignent en effet du traitement qui leur est infligé par leurs chefs. Parmi les nombreuses récriminations, le sous-équipement occupe une place prépondérante. «Ils disent qu’ils sont souvent à court de munitions, et que la stratégie de guerre n’est pas bonne. Elle ne serait pas adaptée aux différentes saisons (sèche ou pluvieuse)», rapporte une source proche des Forces de défense et de sécurité (FDS) camerounaises à La Plume de l’Aigle.
Après l’assassinat de 15 soldats au courant du mois de septembre 2021, le ministre de la Défense, Joseph Béti Assomo a annoncé un réajustement de la stratégie militaire dans les régions anglophones en crise depuis bientôt cinq ans. Au même moment, le Premier ministre, chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute renouvelait l’offre de paix du chef de l’Etat Paul Biya aux terroristes.
Indignations
Quelques jours après la descente de ces deux autorités sur le théâtre des opérations, un document sonore en circulation sur les réseaux sociaux depuis quelques jours rapporte que les soldats engagés au Nord-ouest et Sud-ouest, sont victimes de «trahison». L’auteur de l’audio en question s’étonne du niveau du renseignement des ‘’généraux’’ ambazoniens. «Qui les renseigne ? Comment No Pity est-il informé du mouvement de l’Armée ?» Autant de questions accompagnées de graves accusations : «Les séparatistes ne peuvent pas dépasser l’Armée. Mais il y a une mafia qui est en train de se passer.»
«Nous avons beaucoup de problèmes au front. Les gars menacent de fuir si nous ne devenons pas sérieux. Ils disent ne pas être les victimes des intérêts des chefs. C’est assez grave !». Cette sonnette d’alarme est tirée ce mercredi 29 septembre 2021 par une source proche des FDS. Approché, Cyrille Serge Atonfack Guemo, chef de la division de la communication du ministère de la Défense, fait savoir qu’il s’agit d’une «désinformation», sans plus de détails.