Opinions of Thursday, 16 August 2018

Auteur: Joel Didier Engo

Meurtres extrajudiciaires et politique des boucs émissaires au Cameroun

La crise anglophone dure et continue de faire des victimes. La crise anglophone dure et continue de faire des victimes.

Pris en flagrant délit de dissimulation de crimes de guerre à travers des images enregistrées puis abondamment partagées sur internet, le gouvernement camerounais tente désespérément de répondre avec de la bonne «com». Pourtant dans ce drame comme dans de nombreux autres niés puis dissimulés, l’arbre d’une « repentance » officielle ne fait que cacher une forêt de tant d’autres exécutions sommaires et crimes contre l’Humanité planifiés et programmés par un gouvernement tyrannique dans un pays en voie de devenir un État défaillant. Nous sommes en effet face à un organe politique qui s’est progressivement désintégré, au point où les conditions et les responsabilités de base d’un gouvernement souverain ne fonctionnent plus et ne peuvent pas être correctement assumés.

Il n’y a donc aucune raison de prendre le gouvernement camerounais au sérieux parce que, à l’évidence, quelques comparutions devant des juridictions militaires camerounaises ne suffiront pas à faire toute la lumière sur tous les crimes de sang perpétrés par des forces de sécurité éthiquement déviantes dans le cadre de la lutte légitime contre le terrorisme au Cameroun.

La nécessité d’une véritable enquête internationale n’a jamais été aussi pressante, afin que l’échelle des responsabilités dans toute la chaîne de commandement militaire soit clairement établie, et que des poursuites soient engagées, aussi bien à l’encontre des auteurs que des donneurs d’ordres devant les juridictions internationales, au premier rang desquelles la Cour Pénale Internationale (CPI).

Malheureusement une tyrannie sanguinaire évoluant depuis plus de trois décennies dans un sentiment d’impunité générale, ne comprend pas un autre langage.

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De plus, une enquête internationale est de plus en plus urgente depuis que le gouvernement camerounais a décidé de transformer l’écrivain Patrice Nganang et le dirigeant du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), le professeur Maurice Kamto (principal challenger du despote Paul Biya) en propagateurs de «fausses informations» en ligne sur le régime en place. La dictature camerounais est ainsi connue pour lancer des accusations trompeuses, puis ensuite distribuer des labels et des blâmes a tout va contre ceux qui sont perçus comme des ennemis désignés de la république et des «mauvais patriotes».

Une population camerounaise hégémonisée et docile «bouffe» de la sorte à longueur de journée ce genre de tactiques machiavéliques, d’abord comme un moyen d’amoindrir toute résistance, puis aussi par auto-défense afin de ne pas devenir elle-même la cible, et finalement en tant que dupes consentants des fautes présumées attribuées opportunément à des responsables désignés. C’est pourquoi les victimes croissantes des attaques horribles perpétrées par les tontons Macoutes de Biya méritent que justice soit faite, ce qui ne pourra évidemment pas être possible au Cameroun tant que le gouvernement utilisera malhonnêtement les boucs émissaires Nganang, Kamto, et les membres de la MRC comme des propagateurs de fausses et mauvaises nouvelles.

En réalité au lieu de faire et décréter du bouc émissaire à l’appel, le régime Biya est légalement tenu de protéger et d’assurer la sécurité de tous les Camerounais ordinaires, et devrait pour ce faire identifier puis poursuivre les responsables des massacres commis dans le pays. Chaque jour, cependant, sa gestion improvisée des scandales puis son extrême susceptibilité aux critiques formulées contre les exactions commises par les forces de sécurité s’empirent, au point où la nécessité d’une enquête internationale n’a jamais été aussi pressante et urgente.