Opinions of Monday, 21 November 2022

Auteur: Georges Alain Boyomo

Mondial 2022 : Place au jeu et aux enjeux

Georges Alain Boyomo Georges Alain Boyomo

Du 20 novembre au 18 décembre 2022, le monde entier dont le Cameroun sera à l'heure du Qatar. Cet émirat du Golfe accueille la 22e édition de la Coupe du monde de football, la première organisée dans un pays arabe.
Entre effluves de corruption depuis l'attribution de la compétition en 2010 par la Fifa et appels incessants au boycott pour des raisons liées notamment aux griefs d'ordre écologique, aux violations des droits humains dans les gigantesques chantiers dédiés au rendez-vous sportif le plus populaire au monde, mais également à des restrictions en rapport avec la culture locale et qui fâchent en Occident, le Qatar a su faire parler ses pétrodollars pour s'imposer et en imposer.
Ainsi par exemple de ce stade de 40000 places entièrement démontable et transportable qui s'offrira aux visiteurs de ce pays de la péninsule arabique lors du show planétaire.
Les 32 sélections attendues sont bel et bien présentes en terre qatarie et les critiques parmi les plus virulentes feront sans doute progressivement place au jeu. Le ton a été magistralement donné hier.
S'agissant justement du jeu, les regards des Camerounais sont bien évidemment tournés en priorité vers les Lions indomptables, qui entrent en scène le 24 novembre 2022 face à la Suisse.
Pour rappel, le Cameroun, qui est rendu à sa 8e participation, a perdu tous ses six derniers matches en phase finale de Coupe du monde, en Afrique du Sud en 2010 et au Brésil en 2014. Plus significatif, la dernière victoire de l'Équipe nationale au Mondial date du 6 juin 2002, 1-0 contre l'Arabie Saoudite
Il faut donc briser le signe indien face à La Nati (Nationalmannschaft) qui est loin d'être un foudre de guerre. La défaite concédée face au Ghana (0-2) en match amical le 17 novembre dernier en porte témoignage.
Les coeurs des supporters du Onze national, ciment par excellence du vivre-ensemble et atout diplomatique de poids et de charme, devraient battre à l'unisson jeudi prochain.
Les clivages qui polluent depuis un temps déjà l'écosystème du football camerounais aggravés par le jusqu'au-boutisme des va-t-en-guerre ne doivent en aucun cas nous dévier de l'essentiel: accompagner avec toute la flamme patriotique nos ambassadeurs au Qatar afin qu'ils projettent sur le concert des nations, comme ce fut le cas en 1990 en Italie ou en 2000 en Australie, une image du Cameroun qui nous honore et nous donne à nouveau de rêver d'une nation exemplaire, résiliente et conquérante.
Faire rayonner à nouveau le drapeau national où les turpitudes des gouvernants et la décrépitude de la pensée chez certains compatriotes ont renversé le mythique triangle niché par la force de l'Histoire et du destin au coeur de l'Afrique, tel doit être le leitmotiv de Aboubakar, Choupo, Zambo, Fai, Toko, Oum, Onana et compagnie.
Cela étant, la Coupe du monde ne saurait constituer un moyen de diversion face aux principaux enjeux qui engagent la vie de la nation. De fait, concours de circonstances, la grand-messe du foot va se dérouler en pleine session budgétaire au Parlement. Le budget dans tout État est la traduction de sa stratégie et de sa vision de développement.
Dans un pays qui peine encore, en dépit d'un potentiel envié et enviable, à satisfaire la majeure partie de sa population en services de base tels que l'eau potable, l'électricité, la santé, les routes et les écoles, pour un peuple étranglé par la vie chère et le sous-emploi, au nom de la sécurité et du droit à la vie pour chaque Camerounais,
river toute son attention sur la Coupe du monde équivaudrait à céder à la "
distraction, au sens péjoratif du terme.
Place donc au jeu avec nos chers Lions, mais aussi avec Kylian Mbappé, Neymar Junior, Lionel Messi, Kevin Debruyne, Virgil Van Dijk, Harry Kane, Sergio Busquets, Edouard Mendy, etc. Place également aux enjeux. À tous les enjeux de l'heure au Cameroun.