C’est un débat qu’il ne faut pas éluder. Il doit avoir lieu non dans le sens souhaité par l’opinion, c’est à dire poser le problème de son indispensabilité, mais dans l’objectif de clarifier pourquoi on doit ou ne doit pas l’appeler.
Ce débat doit avoir lieu parce qu’il ne s’agit pas d’un gardien de but lambda qu’on découvre, mais d’un cadre de cette équipe qui a montré de quoi il est capable. Ce débat doit avoir lieu, parce que l’un des arguments qui lui était opposé depuis longtemps, était son inactivité qui le rendait moins compétitif.
Or aujourd’hui, il est compétitif et si le débat de la qualité et du niveau du championnat de Lettonie dans lequel il évolue doit être un argument de disqualification, il faudrait poser de la même façon, le débat sur le niveau des championnats de Chypre, d’Arabie Saoudite et autres dans lesquels évoluent les joueurs de champs pourtant convoqués pour la même sélection.
Le débat sur la convocation ou non de Fabrice Ondoa, doit donc être posé sous deux ou trois prismes: L’équilibre du groupe, le niveau de la concurrence à son poste, donc la compétitivité, et les objectifs à moyen et long terme. C’est à ce petit exercice que je veux me livrer.
Pour l’équilibre du groupe, il est question de savoir si Ondoa qui a été longtemps numéro un dans cette équipe, accepte sans hypocrisie de jouer les seconds rôles. Parce que à moins de vivre sur mars, il doit accepter aujourd’hui que son cousin ONANA, est un ou deux crans au-dessus de lui. S’il l’accepte et que son état d’esprit est meilleur, il n’y a aucune raison qu’il ne soit pas convoqué. Mais ça, c’est le travail du staff technique. Il a la responsabilité du discours et de la jauge de l’état d’esprit.
Cela veut dire qu’il doit se frotter à Fabrice Ondoa, le sonder au moins. Parce que dans la hiérarchie des gardiens, le numéro deux doit être d’un état d’esprit irréprochable pour booster le numéro 1. Le numéro trois, peut être là pour son expérience ou alors on mise sur l’avenir. Rappelez-vous que si Ruffier n’a pas fait vraiment carrière en équipe de France, c’est parce que à son prime, il refusait le statut qu’on lui donnait. C’est donc un choix de carrière. Le staff doit donc au moins avoir des échanges francs avec Fabrice à ce sujet.
Pour la concurrence au poste, désolé mais si on est d’accord que ONANA est au dessus du lot, évoluant au haut niveau avec l’Inter, il est difficile de dire que Devis Epassy qui évolue en Arabie saoudite après l’OFI Crète en Grèce, Simon Omossola qui évolue à As Vita au Congo, Simon Ngapandouetnbu qui depuis 2019 n’a même pas joué une minute avec l’Olympique de Marseille, sont au dessus de Fabrice Ondoa, qui en plus de jouer en Lettonie, à une expérience qu’ils n’ont pas. Si jamais, ce qu’on ne souhaite pas ONANA a une indisponibilité, il sera difficile de miser à ce niveau de la compétition, sur des gardiens de buts sans aucune expérience du haut niveau.
Fabrice de ce point de vue, en l’état actuel de la concurrence, reste une alternative d’assurance. C’est pourquoi souvenez-vous dans une des chroniques consacrée à Idriss Carlos Kameni toujours compétitif, j’estimais qu’il fallait penser à lui parce que en filigrane, je voyais le fossé du haut niveau et de l’expérience qui existait entre André ONANA et ses potentiels challengers. Le problème ici n’est pas d’activer la concurrence, mais la sécurité au cas où !
Maintenant avant de conclure, j’ai jeté un regard sur le poste lors des compétitions précédentes. En 82 si Thomas Nkono marchait sur l’eau, il y avait quand même sur le banc Joseph Antoine Bell qui venait d’être Champion d’Afrique avec Union de Douala et le fantasque Simon Tchobang. Rien à dire, tout était bétonné. En 90 en dehors de Joseph Antoine Bell qui était au sommet de sa forme avec Bordeaux et qui ne jouera pas, Songo’o évoluait dans le modeste club de Toulon et Nkono le titulaire était déclinant à L’Espanyol de Barcelone. Et il a fait une compétition correcte. En 98, Jacques Songo’o était l’un des meilleurs gardiens de but en Espagne, Andem était à Bahia au Brésil et Alioum à Samsongspor en Turquie. Chacun d’eux avait avec la sélection une expérience de compétition avérée. Même chose en 94 où Nkono, Bell et Songoo cumulaient une certaine expérience avec l’équipe nationale.
Il n’y a qu’en 2014, que le Cameroun est allé en Coupe du monde avec trois gardiens de buts qui découvraient tous la haute compétition avec la sélection(Itanje, Samy Ndjock, Loic Feudjou) et on connaît la suite du massacre. ONANA aussi bon qu’il est, n’a joué qu’une ou deux Can avec le Cameroun et rien pour ses challengers consacrés.
En synthèse, seul l’état d’esprit de Fabrice Ondoa peut le qualifier ou le disqualifier. S’il est prêt à avaler la couleuvre du second rôle, il est un officier de réserve incontournable et nécessaire pour assurer les arrières de cette sélection. Un travail que le staff technique doit entamer s’il ne l’avait pas encore commencé. Que Dieu vous bénisse !