Les Camerounais loin d’être emballés par les objectifs très ambitieux de Samuel Eto’o se montrent plutôt prudents. Dans cette tribune Fabrice Ebe Ondoua explique pourquoi les Lions Indomptables du Cameroun ne peuvent pas remporter la Coupe du Monde 2022.

A la veille de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, Sepp Blatter l’ancien président de la FIFA accordait une interview à Euronews qui lui posait la question de savoir s’il était possible de voir une nation africaine remporter la coupe du monde ?

La réponse de l’interviewé a été la suivante : « dans le football moderne pour gagner il faut marquer, malheureusement dans le foot africain on ne marque pas assez, alors gagner une coupe du monde devient impossible ».

Je me suis amusé à reparcourir les résultats des 7 dernières participations des Lions indomptables du Cameroun aux différentes coupe du monde depuis 1982. Il en ressort que le Cameroun a encaissé un total de 42 buts contre 23 marqués. Quelle est la cause profonde d’un tel état de choses ?

Je pense que les équipes africaines sont ontologiquement marquées par l’histoire du peuple noir. Un peuple qui a subi avec violence la traite négrière, la colonisation, les luttes des indépendances et aujourd’hui la néo-colonisation. Des aventures qui ont profondément développé dans la culture noire le réflexe des positions défensives.

Nous allons à chaque coupe du monde non pas avec la posture mentale et comportementale de conquérants, mais plutôt avec celle de figurants. Les moyens mobilisés, la qualité de la préparation, le choix des joueurs, la philosophie et le système de jeu traduisent un manque d’ambition. La moindre prouesse est un heureux hasard.

Le Président Samuel Eto’o a peut-être appréhendé au gré de son histoire personnelle de sa vision et de ses convictions la solution au problème, mais il a trop peu de temps pour provoquer subitement chez les autres la révolution des mentalités.

L’ambition que porte Eto’o est bonne, mais elle comporte un danger, car si sans patience et stratégie nous accusons de cuisantes défaites au Qatar, le message défaitiste gagnera encore pour longtemps les mentalités et enlisera le doute sur notre capacité à finalement créer notre révolution. Si la vision et la conviction sont déjà présentent chez SEF, la stratégie quant à elle doit être revisitée.

Il faut à SEF du temps pour travailler en profondeur et de la patience pour gommer les éventuelles erreurs avant de voir la mayonnaise finalement prendre. Gagner une coupe du monde c’est possible mais dans 4 ans peut-être.

Nous avons trouvé un porteur de vision, il nous reste à trouver le temps et la sérénité dans le travail. Longue vie à Samuel Eto’o et à tous ceux qui croient en un Cameroun flamboyant !