Le journaliste camerounais Alex Gustave voit d’un mauvais œil la petite partie de fête que s’est offerte l’ancien ministre de la défense Mebe Ngo’o et ses avocats dans les locaux du Tribunal Criminel Spécial. Il estime que l’ancien protégé de Paul Biya ne devrait pas s’offrir en spectacle de la sorte.
Vous ne vous trompez pas: ce n'est pas une salle de classe dans un village camerounais où quelque autorité administrative en tournée se serait arrêté pour partager un verre avec le responsable de céans et/ou une de ses élites extérieures. On est bel et ici dans la salle d'audience du tribunal criminel spécial (TCS), cette juridiction pénale particulière mise en plus en 2011 pour examiner et juger les auteurs présumés de détournements de deniers publics d'un montant superieur à 50 millions de Fcfa. Et sui ne siège qu'à Yaounde, quelque soit l'endroit de la commission de l'infraction déclarée.
Certes certains de nos amis défendeurs de la présomption d'innocence de circonstance, surtout quand sont concernés les membres de l'establishment politico-administratif me répondront que rien n'interdit à un justiciable qui en a les moyens de consommer - y compris boire donc - en ces lieux ce qui lui convient. Ou partager un verre de champagne pour marquer les retrouvailles avec les siens qui le verraient désormais peu depuis quelques années qu'il est en détention préventive à la prison centrale de Yaoundé Kondengui.
Mais reconnaissons qu'un ancien haut dirigeant de l'État qui avait le sens de la pudeur voire de la mesure aurait gentiment décliné ce verre contenant probablement un nectar dont raffolerait cette personnalité.
Pis, quand on semble se démener pour réfuter les allégations de détournements des deniers publics dans le cadre de ses anciennes fonctions au sommet de l'État, certes on peut toujours considérer que ce sont uniquement les arguments de droits qui déterminent la perception du public et éventuellement celle du collège des magistrats en charge du dossier. Mais on montre là une facette qui, bien que déjà présumée, peut choquer ceux qui considèrent que la pratique des détournements des biens publics part de l'incapacité du/des gestionnaires à se fixer des limites au plan morale sociale et des restrictions au plan de l'ethique de la fonction et/ou responsabilité publique.
Monsieur Mebe Ngo'o ne s'aide pas en affichant cette image qui lui colle depuis son passage au gouvernement: quelqu'un qui, parce filleul déclaré du président Biya, se croyait tout permis. Jusqu'au jour où tout tourna très vite.